Crowpath - Red on Chrome
Chronique
Crowpath Red on Chrome
Il y a grosso modo deux façons d'exprimer des ambiances torturés : on peut jouer sur la pesanteur de la musique, faire durer des notes plaintives et des chants écorchées sur de longues et douloureuses secondes ; ou au contraire se la jouer colérique, exprimant rageusement et nerveusement toute la frustration ressentie. Crowpath marque dès ce premier album sa décision d'utiliser la seconde option à pleine puissance, avec une colère et une agressivité malsaine qui rend l'écoute de ce « Red on Chrome » particulièrement pénible.
Difficile de retracer la façon dont ont pu être composés ces 13 morceaux : les changements de rythmes incessants, les structures sans queue ni tête qui s'enchaînent ou se répètent sans que l'on saisisse vraiment la différence, et ce chanteur qui hurle constamment et place ses rugissements sans aucun souci de cohérence avec des structures de toute façon inexistantes, tout cela rend la musique de Crowpath d'une opacité à toute épreuve. On a vraiment l'impression que chaque début de chanson est le signal à un véritable chaos sonore, chaque musicien ayant eu pour consigne de jouer le plus rapidement possible tout en étant totalement désordonnée. Mais ce « bordel sonore » se révèle gigantesque en terme de créativité et de réalisation musicale, lorsqu'on réalise la cohérence de la chose : si tout ce fatras n'était pas organisé à l'extrême au départ, on s'en rendrait vite compte. Et non, tout est parfaitement en place, et si l'album est difficilement écoutable c'est surtout par son agressivité extrême qui ne laisse place à aucun place de répit, à une ambiance particulièrement torturée qui peuple chaque titre, et enfin aux constructions totalement non conventionnels des chansons.
Le batteur est un phénomène : son jeu est ultra technique, rempli de subtilités et de variations intéressantes, enchaînant sans répit les roulements, les micros blasts beats et les matraquages de caisse claire, mais sans une oreille attentive on aura vite l'impression qu'il fait n'importe quoi en retombant toujours dans les temps par pur chance. Ses collègues guitaristes alignent les riffs à toute berzingue sans se soucier de larguer l'auditeur en cours de route, et les hurlements du chanteur laissent penser qu'il se tord de douleur par terre alors qu'il éructe des paroles énigmatiques et visiblement très personnels.
Alors Crowpath, génie ou esbroufe ? Ce qui est certain c'est que cet album sent le souffre, la haine et le chaos, et il m'est difficile de par son étrangeté d'en donner un avis positif ou négatif. Il est certain qu'il ne deviendra pas mon album de chevet, ce genre d'explosion sonore étant à réserver aux amateurs les plus aguerris du genre, mais l'expérience vaut la peine d'être vécu, ne serait-ce que pour tenter d'analyser le chaos faussement désorganisée exposé ici, ou plus simplement de se prendre une véritable décharge de haine dans les dents…
| Chri$ 7 Juillet 2005 - 1633 lectures |
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