Fut un temps où, en Suisse, lorsqu’on parlait de
sludge, on ne pouvait que penser à
SLUDGE tant ces mecs ont marqué les esprits entre 1996 (l’EP «
Sweet Daisy ») et leur quatrième album «
Lava » (2008). Il faudra désormais aussi faire référence à
BURIED SOULS, même si ce dernier développe des côtés bien plus
death ainsi que
hardcore que son glorieux prédécesseur et qu’il n’adopte pas la lenteur des
MELVINS, dont se réclamaient les premiers.
Cela n’a donc strictement rien à voir ? Effectivement, rien à voir je le concède, comme nous le comprendrons très rapidement à l’écoute des cinq titres de l’EP «
Zone 63 ». D’ailleurs, musicalement, le groupe semble avoir pas mal évolué entre le pourtant récent «
Whispers » (2022) et cette sortie car les éléments
blackened hardcore ont quasiment tous disparu (si ce n’est peut-être sur « Shadow in the Sky ») au profit d’un renforcement des aspects purement
hardcore et
death. Du
deathcore ? Non, pas pour autant. En effet, le duo pratique une violence sèche via une production brute qui évite les écueils de ce genre honni, à savoir, comme l’écrivent si bien Seth Gueko et 25G dans « Camionneurs » : « Les *** font gonfler leurs roupettes au Sport-Elec ». Alors qu’avec
BURIED SOULS, c’est plutôt « Coup d’fourchette, tu te prends une gifle direct ! ». Pas de gros breakdown ou de concours de mèches décolorées ici, on n’est plus sur un saccage en règle à coups de rangers. Des riffs et des rythmiques qui pourraient plaire aux amateurs de
PRO-PAIN, notamment sur l’album «
The Truth Hurts », un chant qui oscille entre le meuglement et le growl, quelques blasts fulgurants couplés à des mid-tempos casse-tête (« Trapped »), il n’y a guère que le
sludge que j’ai cherché sans jamais réellement le trouver.
Nous sommes donc face à des compositions peu techniques, ne faisant appel à aucun solo ou quelconque gimmick, les Suisses ne jurant que par l’épure, l’efficacité, le crochet au menton. Vous pourrez donc dire à juste titre que
BURIED SOULS s’inscrit dans un courant déjà surpeuplé où les spermatozoïdes dépérissent par millions mais il y a cependant un touché que je considère comme spécifique à ce pays, une froideur clinique dans l’exécution, une précision (les fameux horlogers, on ne se défait pas si facilement des clichés) qui, sans aller jusqu’à dire qu’elle équivaut à celle d’un
NOSTROMO, tape directement le muscle et y laisse de sérieux hématomes.
Par conséquent, sans dire que cet EP me donne envie de m’envoyer l’intégralité de la discographie, il y a dans cette formation un potentiel de nuisance assez phénoménal, les prestations scéniques devant particulièrement secouer. Je me contente donc de savourer ce format court pour ce qu’il est : une légère réorientation musicale vers des choses plus musclées (Framboisier, si tu nous lis…), plus denses, sachant que tout un album dans ce registre, s’il dépasse les trente minutes, prendra le risque de fatiguer l’auditeur. J’attends la suite, de pied ferme.
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