Darkest Hour ? De suite les souvenirs de mes années lycée/fac et de mon discman antichoc reviennent. Le groupe tient une place particulière dans mon parcours metal et essentiellement leur troisième album « uppercut »
Hidden Hands Of A Sadist Nation qui convertira une bonne partie du jeune webzine un certain été 2003. Quatorze ans plus tard, « The Sadist Nation » (« One nation under the gun where forward thinking is shunned! » = jouissance instantanée) ou le final « Veritas, Aequitas » me font toujours le même effet… La fin de leur ère Victory Records (post-
The Eternal Return) et le remodelage du line-up (ne reste que le frontman John Henry et le guitariste Mike Schleibaum) me feront complètement décrocher, le coup de grâce étant leur signature chez Sumerian Records pour un album éponyme ciblant le teenager mal dans sa peau… Refrains au chant clair guimauve à des années lumières des paroles engagées intrinsèques à la bande… Incroyable.
A quoi bon chroniquer la suite de cette immondice sortie il y a deux ans et demi ? Si vous n’avez pas encore découvert les premiers extraits, la production du grand Kurt Ballou (Converge), la signature chez le réputé (la liste est trop longue) et respecté Southern Lord Recordings (qui avait déjà édité la version vinyle de
The Mark Of The Judas) après un financement sur la plateforme Indiegogo, l’artwork de Shaun Beaudry (Kylesa) et puis le retour de l’adoubé Kris Norris (présent de 2002 à 2008) pour appuyer les guitaristes vous donneront quelques indices sur la suite.
Je suis peut-être dur envers
Darkest Hour car après réécoute la galette possédait quelques passages vraiment efficaces mais plombés par trop de facilités (non désolé ces refrains je ne peux pas). Je vous laisse réécouter leur single « The Futurist » qui avait choqué une bonne partie de leurs adeptes… Oubliez les mélodies punk/rock californien et surtout les refrains FM nasillards, rien de tout cela pour cette cuvée de 2017. Darkest Hour gomme sa faute de parcours et revient à sa recette bigarrée death, thrash et hardcore rageuse inclassable. Nul doute que les derniers évènements aux Etats-Unis (Donald ?) ont dû influencer la composition. Le fort penchant pour At The Gates mettra les Américains dans la case « metalcore » facile et conspuée de l’époque, à tort selon moi. Réponse à ses détracteurs et aux récentes critiques (totalement justifiées) avec un thrashcore musclé et punk (la production cradingue mais puissante aidant) « Knife in the Safe Room », premier morceau dévoilé et titre d’ouverture de ce
Godless Prophets & The Migrant Flora. Metallica et Slayer (Carcass et At The Gates en sus) comme principales influences dixit Mike dans une interview, véritable hommage rendu sur « In the Name of Us All » (avec un solo ahurissant à 1:55)… Sauf que cet aspect ne représente finalement qu’un quart de la galette.
La bande de Washington garde toujours son socle et sa force mélodique aux gros relents d’un
Undoing Ruin par moment, l’ombre de Kris Norris plane (le gaillard composera trois morceaux et posera un solo sur « Beneath It Sleeps »). Mélodique certes mais à la puissance de feu décuplée (départ canon de « This Is The Truth »), quitte à virer carrément black sur le glacial et redoutable « The Flesh & The Flowers Of Death ». Un metal hybride US/Scandinave direct (format condensé) qui rappellera beaucoup The Black Dahlia Murder. Réapparition désormais des vocaux complètement arrachés de John de bout en bout, allant encore plus dans le criard (à l’instar de leurs prémices swedecore) mais aussi dans le grave. Derrière, une rythmique déchaînée digne de l’époque mais surtout groovy (« Timeless Numbers » ressemblant au défunt Dead To Fall) et variée, « This Is The Truth » étant la vitrine parfaite. Objectif rempli. Le groupe aimera ainsi jouer sur les contrastes pour tenir en haleine son auditoire et le surprendre, l’introduction de « Enter Oblivion » annonçant une balade doomy pour finalement imploser au bout d’une minute.
Il faudra pas mal d’écoutes pour apprivoiser les 45 minutes de cette galette : structures, arrangements, rythmique, soli, paroles, son…
Godless Prophets & The Migrant Flora transpire le travail acharné. Mais finalement peut-être aurait-il fallu plus de moments ambiancés et émotionnels ? La musique perd en dynamique, certains passages primaires pouvant paraître un peu génériques et tirant sur la longueur, ces derniers seront atténués in extremis par un break atomique ou une mélodie prenante. Je pense surtout à l’enchaînement « Those Who Survived » et « Another Headless Ruler of the Used », de suite apaisé par l’interlude instrumental « Widowed » death mélodique lumineux (Nightrage) aux airs d’un « Ethos ». Quid des hits coutumiers et des passages frissonnants ? Pour le moment je ne trouve pas de titre à me mettre en boucle comme à l’époque, l’ensemble reste plutôt (trop ?) homogène mais peut-être qu’avec le temps (je n’ai qu’une semaine d’écoute) je changerai mon jugement. Mes tympans restent malgré tout comblés par un « come-back » de la sorte.
Virage à 180° improbable pour un retour 15 années en arrière… Qui aurait imaginé que Darkest Hour puisse délivrer une telle musique après un album éponyme aux refrains FM (marqués Sumerian Records) parfaits pour se défenestrer ? Les Américains reprennent et affûtent les ingrédients de leur succès, la hargne de
So Sedated, So Secure et l’accroche d’un
Undoing Ruin. Il manque peut-être l’atmosphère d’un
Hidden Hands Of A Sadist Nation pour définitivement enfoncer le clou et placer la galette tout au-dessus de leur discographie. Quelques légères baisses de régime (notamment sur les morceaux thrash) et des titres peut-être moins mémorables empêcheront de détrôner le brûlot de 2003. Reste qu’au bout du compte ce neuvième opus demeure le plus abouti à ce jour et rien que pour cette pique de nostalgie je succombe. L’avenir sous la bannière Southern Lord promet de belles choses.
2 COMMENTAIRE(S)
14/03/2017 13:08
Alors ok, ça tient la route (complètement passé à côté de l'album précédent mais à l'écoute du titre que tu cites, grand bien m'en a apparemment pris). Et je peux comprendre qu'une bonne louche de brutalité fasse plaisir. Mais tout de même, ça sonne stérile et poussif assez régulièrement je trouve... Je ne retrouve cette rage mélodique qui me plaisait tant sur "Hidden Hands..." que de manière beaucoup trop épisodique.
02/03/2017 12:08
Je ne suis toujours pas fan de leur nouveau batteur assez lambda en fait. Il fait le fifou sur ses vidéos solo avec des trucs ultra techniques mais sur cet album il est transparent. Y a deux/trois moments de gloire mais où est la passion, le feeling, l'envie ?
Après cette gniak retrouvée fait plaisir j'avoue. Je vais me le repasser en boucle histoire de voir.