Darkest Hour faisait partie de ces groupes avec lesquels on pouvait compter à chaque nouvel album : musique à l'ambiance post-apocalyptique, compos originales à la précision chirurgicale (aux mélodies suédoises imparables) donnant naissance à de nombreux hits mais surtout une musique à des années lumières de la scène « metalcore » (aux quelques ingrédients similaires) redondante et nauséabonde. « Faisait » car avec ce cinquième album, les Américains de Darkest Hour nous livrent malheureusement l'album le plus faible de leur si longue discographie…
Undoing Ruin a été l'un des plus gros succès du groupe, ralliant un bon nombre à leur style indéfinissable mais lâchant par la même occasion les furieux adeptes de
So Sedated, So Secure et
Hidden Hands Of A Sadist Nation, trouvant le nouveau Darkest Hour bien trop mélodique et aseptisé. Pour ma part même si la surprise n'avait pas été aussi grande que sur le bulldozer
Hidden Hands Of A Sadist Nation, le groupe avait su délivrer une compilation de hits très appréciable ! Fort de ce succès, la bande reprend la recette victorieuse antérieure (les détracteurs vous pouvez donc passer votre chemin) et repart au Canada chez monsieur Devin Townsend : une décision bien dangereuse…
Ceux qui connaissent bien le groupe, savent que les titres d'ouvertures se placent au dessus de tous les autres en termes d'efficacité. Et bien Darkest Hour ne déroge pas à la règle avec «Doomsayer (The Beginning Of The End) » : jolie intro acoustique, tempo survitaminé, mélodies accrocheuses, hurlements jouissifs de John, solo de virtuose de Kris… Bref, pas de grosses surprises, un titre qui aurait pu figurer sans nul doute sur
Undoing Ruin. Cela dit on remarquera un son délectable considérablement plus lourd de mister Downsend (malgré une batterie inaudible), on oublie donc le son beaucoup trop « lisse » et faiblard qui faisait marrer Fredrik Nordström. Le problème c'est que pour la suite, la barre est placée bien bas… A la manière d'un Soilwork nouvelle génération, place à des compos relativement basiques qui encadrent des refrains tout mignons indécrottables. Ainsi l'enchainement en première partie, « Sanctuary » (à mon sens le plus dispensable de l'album), « Demon(s) » (le fameux refrain), « An Ethereal Drain » (un des titres majeurs) devrait laisser les anciens adeptes sur le cul. Même si nous avons affaire à la meilleure performance de John au niveau des hurlements (tapant parfois dans les graves), le bonhomme ira transformer son chant clair parlé (rappelez-vous de « Convalescence ») en chant dit « normal ». Le problème c'est qu'il n'est absolument pas maîtrisé (sous la douche je fais pareil) et laisse un autre arrière goût de médiocre à l'opus…
Mais ce n'est pas le problème majeur (cela s'écoute sans broncher). L'inspiration du groupe est au point mort… Le meilleur exemple reste les soli de Kris Norris, qui même si souvent ne sont pas très jolis (
Undoing Ruin) ont quand même le mérite de vous mettre sur le cul. Sur
Deliver Us, ils paraissent soporifiques et sans aucune originalité… Heureusement le bonhomme arrive plus ou moins à se rattraper sur quelques passages et mélodies (l'interlude « The Light At The Edge Of The World » est assez splendide). La deuxième partie de l'album (suivant l'interlude) ne pouvait mieux démontrer ce problème d'inspiration. Au programme une sorte de « soupe » (mon dieu ces riffs fades !) d'une mollesse à toutes épreuves (« Tunguska » est effrayante) et çà même sur les vaines tentatives « rentre-dedans » de « Stand And Receive Your Judgement » ou « Full Imperial Collapse » (remettez-vous un « The Sadist Nation » et pleurez…).
Deliver Us est en fait sauvé in extremis par les rares mélodies et refrains percutant ou encore certains titres (« A Paradox With Flies ») qui ont le mérite de fonctionner et de faire passer l'album entier.
Darkest Hour n'a pas perdu sa « patte » mais l'absence quasi-totale de nouveautés ou de titres « forts » ainsi que cette direction « mainstream », rendent ce
Deliver Us bien morose… On notera cela-dit un artwork absolument magnifique de John Dyer Baizley (Pig Destroyer, The Red Chord, Kylesa…) qui change pas mal de l'horrible
Undoing Ruin. Allez, mettons cette énorme déception de côté. Essayons de nous rassurer et de se dire que le prochain album rallumera (peut-être) la flamme des « anciens » (à l'instar d'un Caliban), il n'y a vraiment aucune raison.
4 COMMENTAIRE(S)
04/01/2011 16:29
Par contre, très peu de metalcore sur cet opus, et c'est tant mieux, car l'album y gagne en personnalité et en maturité !
24/07/2009 13:36
09/07/2007 09:06
08/07/2007 23:24
Quand tu trouves le chant clair moisi moi je le trouve justement génial et pas du tout fatiguant (comme sur Frail Words Collapse d'As I Lay Dying par exemple)
Quand tu trouves Tunguska insipide, je la trouve magnifique
Je serais juste d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de tubes comme sur les précédants albums, ou en tout cas qu'ils ne sautent pas aux oreilles aussi rapidement.
Alors que je me lasse des premiers albums quand je les écoute d'une traite, je suis super content de faire ça avec Undoing Ruin et Deliver Us.
Une question de goût tout simplement