Parjure - Who I Am
Chronique
Parjure Who I Am
Depuis que je suis arrivé sur ce webzine, je n’ai eu de doigts que pour les ricains. Pour ma défense, comment ne pas se faire ensevelir par la scène outre-Atlantique, que ce soit quantitativement ou qualitativement ? Etant ici pour rendre à Thrashocore son core, j’ai dû revenir sur quelques sorties qui m’ont semblé majeures et, mon rythme de chroniques n’étant pas aussi soutenu que j’aimerais, j’ai dû délaisser la scène européenne. Faute avouée à moitié pardonnée ? En tout cas, je viens ici réparer mes égarements états-uniens avec de l’ultra local. Parjure, fiers représentants de la « Yaute » (comprendre la Haute-Savoie), annoncent tout de suite la couleur : jaquette représentant des montagnes et ce qui semble être Rumilly en contrebas. On affiche ses couleurs, ce qui peut paraître audacieux tant le contexte semble éloigné de l’image beatdown habituelle, c’est-à-dire très urbaine voire banlieusarde…
…comme en témoigne l’intro de l’album, (t)rap agressive au possible et voix hurlée à la limite du compréhensible. Peu importe, ce qui compte ici, c’est de jeter l’auditeur la tête la première dans la violence gratuite qui l’attend pour les vingt minutes à venir. Attitude « racailleuse », phrasé rap bas du front, breaks franchement lourdingues et alternance de voix hurlée / growlée. L’album ne s’embarrasse pas d’artifices gênants, à l’exception d’une citation de Sénèque sur l’interlude « Your Fate (Is In My Hands) ». Pour ce qui est du reste, on est sur un beatdown très européen, fortement influencé par Nasty. On n’oublie pas le groove (« Betrayed », « Mon Héritage ») mais on va surtout mettre au premier plan des parties ralenties au possible sur lesquelles on crie le plus fort possible. Et si on peut inviter des copains pour crier encore plus fort, on ne se gêne surtout pas. On souhaitera donc la bienvenue à plusieurs invités de la scène beatdown européenne (Janosch de Spawn of Disgust, Jonas de Recount ou encore Rob et Phips de Brawl Between Enemies), scène relativement restreinte et confidentielle. Pour le coup, leurs apports vocaux sont un vrai plus, rajoutant à l’agressivité ambiante de l’album, à l’atmosphère de danger si chère à ce sous-genre.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette recette, même si elle ne réinvente rien, est plus qu’efficace. On pourrait évidemment reprocher à Parjure une prise de risque minime (encore que « L’Heure du Duel » n’est pas des plus convenu) dans son approche du beatdown. Des parties mid-tempo qui n’attendent que d’être « breakées », des mosh calls comme des incitations au crowdkill le plus primitif qui soit, des contretemps vocaux quasiment vomis (le double « bleuargh » de « Mon Héritage » restera dans les annales)… Rien de neuf sous le soleil. Le contenu lyrical non plus n’est pas des plus développés, égocentré, bête et méchant. Mais pour autant, peut-on vraiment attendre plus ? Le groupe ne semble rien revendiquer de plus que ce qu’il nous propose là, modestement. Un album qui a plus vocation à être écouté pour se préparer à la castagne scénique, lieu où ce sous-genre prend tout son sens, pour ceux qui osent aller s’y frotter.
Nos régions ont du talent. Nos légions aussi. Parjure parvient à prouver que quand il est question de jouer au con, la France provinciale a aussi son mot à dire et que les américains et les parisiens n’ont pas le monopole de la violence décérébrée. Et rien que pour ça, on peut les en remercier.
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