Archaic Thorn - Malicious Spears
Chronique
Archaic Thorn Malicious Spears
Désormais habitué à faire parler de lui tous les cinq ans le trio de Saxe est aujourd’hui passé maître dans l’art de se faire oublier avant de mieux revenir sur le devant de la scène, afin de répandre de nouveau la bonne parole pour le plus grand bonheur des fans de Death sombre et putride aux légers accents Doom. Après le sympathique et agréable
« Eradication » le groupe signe avec ce « Malicious Spears » un deuxième album dans la droite ligne de son prédécesseur, avec toujours cette écriture simple et directe portée par une exécution sans failles où la vitesse est prédominante. Complété par une production brumeuse et opaque qui sied totalement à la thématique mortifère de l’ensemble, celui-ci est composé là encore de sept morceaux longs qui laissent le temps aux différentes ambiances de se propager entièrement au fond des tympans, pour mieux pénétrer ainsi les âmes les plus tourmentées. Et même si une fois de plus on va rapidement avoir le sentiment que ça s’étire un peu trop longuement en reprenant régulièrement les mêmes idées, on ne va pas en tenir compte au final... vu que c’est parfaitement envoyé avec un vrai professionnalisme, et surtout l’envie de ne jamais aller trop loin techniquement vu que ça reste relativement basique pour plus de fluidité et d’accroche immédiate.
Du coup on va être immédiatement embarqué dans la froideur et putridité de « Lord Of Tombs » qui après un démarrage basé sur le bridage massif va progressivement exploser, afin d’offrir tout le panel rythmique basé sur la vitesse. Car entre les blasts destructeurs, accélérations furieuses et mid-tempo parfait pour headbanguer il y en a pour tous les goûts, avec en prime quelques nappes de claviers atmosphériques pour aérer l’ensemble et montrer que même si c’est opaque et totalement dans l’obscurité un soupçon d’espoir demeure. Offrant donc une vraie variété musicale pour qu’on s’y laisse prendre le combo débute parfaitement les hostilités, suite à quoi « A Blessed Ground Remains » va reprendre les mêmes éléments tout en faisant preuve de plus de simplicité, vu que ça va jouer sur les extrémités de façon continue pour une vision plus primitive et opaque du côté de l’écriture... même si cela ne va pas se faire sans heurts du fait d’une durée excessive, qui donne ainsi le sentiment de se répéter à n’en plus finir. Néanmoins c’est toujours virulent et poisseux et surtout servir à lancer le redoutable « Conquering Spirits » dynamique à souhait où ça va rester sur une allure élevée aux nombreuses cassures et variations. Car ici tout est fait pour donner un torticolis, tant c’est méchant et engagé violemment sur fond de voix qui harangue la foule à plusieurs reprises sans jamais baisser en intensité, entre des riffs aiguisés et un frappeur qui martèle ses fûts comme un damné sans que l’attrait ne baisse un seul instant. En effet c’est direct et sans concession et à cela s’ajoute un solo histoire d’amener encore un peu de profondeur à un titre qui n’en manquait pas... et dont celui qui arrive juste après (« Advancing Without Mercy ») va reprendre les mêmes ingrédients avec la même efficacité contagieuse.
Autant dire qu’on est largement satisfait de ce premier acte qui sans offrir de moments mémorables (tant ça recycle les mêmes éléments assez fréquemment) en a suffisamment dans le ventre pour qu’on apprécie le rendu à sa juste valeur, ce qui sera aussi le cas de la deuxième partie. Celle-ci va être en effet d’un acabit similaire que ce soit via l’énervé et débridé « Massgrave Transformation » (où l’on a aussi envie d’en découdre très rapidement tant c’est particulièrement saignant et remuant), ou avec le long « Angel Of Havaz » qui met ici l’ensemble des rythmes à l’honneur en leur laissant le temps à chacun de s’exprimer réellement. Du coup cette plage est clairement la plus entêtante et entreprenante de ce long-format, car elle dévoile une profondeur relativement insoupçonnée chez ses géniteurs qui sans se renier ni quitter leur chemin bien balisé montrent que malgré la primitivité de façade ils sont capables d’aller plus loin dans l’écriture, mais sans ralentir l’allure vu que ça reste très furibard jusqu’à sa conclusion. Mais pour rester dans la continuité entendue jusqu’à présent « Malicious Spears » va terminer les hostilités en revenant à un schéma d’opposition et d’antagonisme où le frein et l’accélérateur sont poussés à leur maximum, offrant donc un double visage idéal pour clôturer un enregistrement haineux, glauque et où la chaleur des enfers côtoie celle du néant absolu.
Sobre et sans fioritures ce second volet des Teutons satisfera pas mal de monde de par ses qualités générales facilement dévoilées, même si pour passer à l’étage supérieur ça reste encore trop juste et lambda de par un manque de moments marquants qui se démarquent du reste de chacune des compositions présentées ici. Ça s’écoutera donc autant en dilettante que de façon attentive même si on aura souvent la sensation d’avoir entendu tel riff quelque part auparavant, et telles notes dans un autre disque beaucoup plus ancien. Bref ça recycle beaucoup mais ça passe tout seul néanmoins, à défaut de devenir indispensable dans le futur... et c’est ce qu’on peut conseiller à ses auteurs à l’avenir, d’oser un peu plus et d’aller à l’essentiel de façon plus franche, car sinon il y a tout à croire qu’ils resteront un bon artisan de deuxième division parfait pour ouvrir les débats dans le cadre des festivals, mais dont on aura déjà oublié le nom dès qu’il aura quitté la scène. On ne peut que leur souhaiter un autre sort (certes déjà enviable) mais il y a de quoi avoir des doutes, même si beaucoup se contenteront volontiers de cela... à voir donc ce que l’avenir leur réserve, mais si ça reste néanmoins à ce niveau ça sera déjà pas si mal de toute manière, tant il y a largement pire dans le genre.
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