Estatic Fear - A Sombre Dance

Un an après sa première offrande, Estatic Fear nous gratifie de sa seconde et dernière oeuvre en date. Désormais seul maître à bord, Matthias Kogler, loin d'épurer son style si riche comme c'était le cas sur le premier album, s'entoure de nombres de musiciens (dont le vocaliste du premier album) : flûte, violoncelle, chant féminin (désormais maîtrisé et très touchant), luth, … en résulte une richesse accentuée au niveau des compositions.

Si Somnium Obmutum évoluait dans un registre mélancolique relativement sombre et sauvage (dans le sens « nature »), A Sombre Dance se veut plus accessible (les morceau font dans les 4 ou 5 minutes pour la plupart, le plus long atteignant les 10 minutes pour Chapter IV) et évoque plus la peine et la mélancolie de l'être que la nature, bien que cette notion soit inévitable dans la musique d'Estatic Fear. La quasi-omniprésence du chant féminin et des instruments tels que piano, violoncelle et flûte y est pour beaucoup dans ce côté plus personnel et intimiste. Mais la musique ne perd rien en atmosphère, qui devient plus que jamais baroque et si belle et noble et atteint désormais des sommets de beauté.

L'introduction de l'album, entièrement joué à la guitare sèche délivrant des accords gracieux et subtiles, renforce l'aspect médiéval des composition de Matthias. Les mélodies de guitare sèche se distillent avec beaucoup de finesse le premier Chapitre de l'album commencé, l'ambiance est vraiment touchante, presque romantique (chose qui se confirmera dans les morceaux à venir) ; la basse est également très douce, couvrant des mélopées nous menant au chant féminin, désormais maîtrisé et vraiment agréable à l'écoute, la demoiselle ayant un timbre très profond et fragile à la fois. Il y a globalement beaucoup de piano et de violoncelle, ce qui donne à la musique cet esprit presque néo classique (on croirait vraiment parfois écouter de la musique classique !).

Mais ce qui distingue tout particulièrement A Sombre Dance, c'est cette aura romantique qui règne tout au long de l'album. Qu'il s'agisse des mélodies qui sont tout smplement divine, de mélopées virevoltantes que l'on croierait sorti d'un Stabat Mater de Vivaldi, de pianos galopant d'une indiscible mélancolie, soutenu des lignes de guitare tout aussi mélodiques, comme en ateste les chapitres IV et V, le ressenti quasi épique de cette peinture romanesque rendent la musique d'Estatic Fear tout simplement boulevesante...

Les hurlements sont toujours aussi expressifs, alternant black et growls, mais judicieusement plus rare que sur Somnium Obmutum. Et les lead de guitare électrique atteignent ici des sommets de beauté. Si dans le précédent album, on avait l'impression d'errer l'âme en peine dans un jardin secret et inatteignable, c'est cette fois le cœur ampli de bonheur et de tristesse à la fois que l'on s'imaginera, dans ce même jardin, mais qui apparaît désormais irréel et tout droit sorti d'un rêve (Cf la pochette et le superbe livret, qui ressemble à un vieux parchemein). Chose qui atteindra son paroxysme dans le fabuleux Chapter IV, qui n'est ni plus ni moins qu'une des plus belles choses, belles, triste, émouvantes que ce foutu monde porte. Oui, la perfection existe, et elle est sur cet album…

Ca pourrait paraître impensable à l'écoute de Somnium Obmutum, mais Matthias à réussi à faire encore plus beau, encore plus mélancolique, encore plus proche de la musique classique, réduisant son côté folk, accentuant son côté symphonique et sa richesse pour en faire un des plus beau joyaux du doom metal. A Sombre Dance est plus qu'un chef d'œuvre du doom romantique, c'est le reflet d'une sensibilité et d'une sincérité à fleur de peau, et je le répète, une des plus belle chose que porte cette Terre… Merci Matthias… en espérant que tu nous offrira encore des heures mélancoliques comme celle-ci…

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