Keep Of Kalessin - Armada
Chronique
Keep Of Kalessin Armada
Quel est cet étrange quatuor de blondinet norvégien, dont le patronyme peut vous sembler familier bien que vous n'ayez jamais rien écouté d'eux ? Approchez-vous, j'ai une révélation à vous faire : Keep of Kalessin appartient à ces groupes dont on achète l'album à force d'entendre toujours plus de bien les concernant. C'est fou n'est ce pas ? A part cela, si je vous dis que Attila Csihar chantait dans le groupe, que le guitariste Obsidian est musicien live chez Satyricon, et que Frost a assuré pendant un temps les parties de batterie, cela vous rappelle quelque chose ? Toujours pas ? A vrai dire, ce n'est pas tellement grave puisque ces deux célébrités ne font plus parti du groupe ; par ailleurs, ça ne les empêche pas de proposer un des meilleurs albums de cette année, et de donner une bouchée d'air frais au Black Metal. Encore des Norvégiens, ils sont forts, y'a pas à chier.
Quel que soit le style de métal que vous écoutiez, que vous aimiez le Black ou non, vous avez dû entendre parler de ce groupe plutôt hype en ces termes : puissance, épique, mélodie. Et pour tout vous dire, on vous a dit vrai. Après une intro courte et sans intérêt (Surface), le premier morceau arrive, et, comment dire… ça tabasse tout sur son passage. En fait, la structure de l'album pourrait être comparable à une bataille. Je m'explique : Crown of the Kings et The Black Uncharted, les deux premiers morceaux, sont tout en puissance, comme lors du choc entre deux armées tellement c'est rapide et violent. Puis entre Vengeance Rising et Into the Fire s'installe un « rythme de croisière ». La bataille est engagée, les deux armées se pourfendent toujours, et l'on peine à distinguer les vainqueurs. Vient ensuite Deluge, ou l'accalmie, le temps qu'il faut pour que les armées reprennent leurs forces, pour ensuite enchainer sur The Wealth of Darkness. Si vous aviez trouvé les deux premiers morceaux violents, accrochez-vous : vous rajoutez la hargne de ceux qui n'ont plus rien à perdre, ainsi que le dernier effort meurtrier, celui juste avant la victoire, lorsque les deux camps se mettent dessus plus que jamais pour en finir. Si vous visualisez ceci, vous avez alors un aperçu du contenu de cet Armada.
Mais, il faut cependant que j'aborde la question musicale du groupe. Car si pour l'instant, vous pouvez avoir l'impression que Keep of Kalessin délivre un Black Metal tout ce qui a de plus ordinaire, détrompez-vous. Nos musiciens sont habiles, et ils le montrent, que ce soit dans le domaine de la composition que dans la technique. En plus des riffs méchamment épiques et destructeurs, vous aurez le droit à des passages acoustiques (comme celui sur The Black Uncharted, me rappelant un peu le rythme du flamenco – la comparaison s'arrête là), ou encore des parties aux riffs mélodiques imparables. Mais ce qui est assez énorme, c'est la communion qu'effectuent les guitares et le clavier en des passages épiques odieusement jouissifs : écoutez plutôt Winged Watcher, ou encore Crown of the Kings, et j'en passe. Une autre chose à savoir, c'est le grand travail du chanteur, Thebon. Le bonhomme est capable de se promener dans tous les registres, de la voix purement Black à une voix plus Death/Thrash, ou bien même chantée. Alors lorsque les passages mentionnés plus haut se cumulent avec la voix claire du monsieur, comme sur The Wealth of Darkness, c'est l'extase dans les esgourdes.
Au niveau des défauts, quasiment rien à signaler. Certains se plaindront du côté trop mécanique, sans âme de l'album, dû à une production peut être un peu trop propre pour du Black, et dû également à une grande quantité de roulement de double et de riffs en doubles-croches mutés, qui sonnent peut être secs, non humain. Cela reste assez difficile à décrire, mais pour ma part, je trouve que cela renforce le côté agressif et guerrier d'Armada. S'il y a cependant un reproche que je dois formuler, c'est que bien que les passages plus atmosphériques sont jouissifs, bien que cet album soit un défouloir et que chaque riff se déguste, j'ai du mal à me sentir transcendé par cet opus. Je me contredis un peu, mais ce qui est un avantage est également un défaut, m'voyez ? En fait, il n'y a pas réellement d'atmosphère dégagée : le disque ne possède pas une ambiance, une aura propre, qui lui aurait permis d'atteindre des sommets.
Ainsi, Keep of Kalessin signe ici un très bon disque du genre, dans lequel se mêle agressivité, mélodie, épique et intelligence. Alors que vous aimiez le Black ou non, vous ne pouvez être indifférent à cet Armada tant il est armé et blindé ; et surtout si vous êtes fans de Brutal Death sans aucune émotion, alors ce disque est fait pour vous.
Non je rigole, Keep of Kalessin vaut mieux que ça quand même.
| Krow 5 Septembre 2006 - 3721 lectures |
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