C'était il y a presque 2 ans. G.T.I. (pour Grotesque Through Incoherence) sortait son 1er album
Utopia City. Pratiquement personne ne connaissait ce groupe et pourtant il allait devenir, en quelques semaines, l'un des gros espoirs de la scène métal française. Par un son original et un humour décalé, avec derrière un réel travail sur des compos brutales mais soignées,
Utopia City faisait office de kiss cool et rafraîchissait une scène qui se prend parfois un peu trop au sérieux. "Critically acclaimed" comme on dit de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique. Sur un plan plus personnel, c'est avec cet opus que je me suis mis à écrire des chroniques pour Thrasho. C'est donc un peu grâce à G.T.I. que je suis là...(* lâche une larme *).
Enfin bref, le groupe revient en ce mois d'octobre avec un 2ème album,
One Thousand Blasting Words, toujours sur Several Bleeds Records. Un album que, vous vous doutez bien, j'attendais avec intérêt, pour voir si les petits gars seraient capables de nous recoller une telle baffe. Satisfaits, et on les comprend, du travail de Neb Xort (Anorexia Nervosa) à la production, les G.T.I. ont refait appel à lui et se sont donnés un plus grand tremplin en s'attachant les services d'Alan Douches (Sepultura, Converge) pour le mastering. Résultat: le son est encore plus énorme que sur le précédent brulôt!
Musicalement, les Nantais appliquent les mêmes ingrédients qui avaient fait la réussite d'
Utopia City. Cette non-prise de risque étant pratiquement la seule chose qu'on pourrait d'ailleurs leur reprocher. Si le 1er opus bénéficiait de l'effet de surprise,
One Thousand Blasting Words ne peut plus jouir de ce privilège. Celà dit, la formule fait mouche à nouveau. Vous aimez headbanguer comme des malades sur des gros riffs plombés ultra efficaces à la double? Vous allez en avoir pour votre argent car c'est l'outil principal des Français. Mosh-parts de tueurs à l'horizon ("Sphere", "Shame", "Sunlight", "Scarecrow"...remarquez que tous les morceaux commencent par la lettre "s")!. Le combo n'oublie pas pour autant les blasts avec tout une cargaison bien brutale ("Stabilized", "Smoky", "Soundsuckers", "Status Quo"). Et bien sûr, les désormais célèbres délires du groupe sont toujours là, pour notre plus grand plaisir. Si vous n'êtes pas familiers avec l'humour de G.T.I., sachez que le quintette aime les mélanges de genre improbables et se plait à planter des interludes décalées là où on ne les attend pas. Le groupe nous refait le coup des samples comiques (notamment le célèbre "j'sais pas qui c'était les enculés d'en face, mais ça doit être des drôles d'enculés parce que s'en prendre à un bébé!" ou juste un bon "Timmy!") et des sonorités cyber-indus-techno-électro, mais nous sort aussi des petits passages heavy-métal ("Soundsuckers" et son solo de shredder des 80s à la Kirk Hammett), rap (scratches sur "Smoky" et"Soundsuckers"), gothiques/atmosphériques ("Scold", "Serum"), ballades pop ("Sunlight"), néo-métal (avec une imitation excellente de Jonathan Davis de Korn sur "Scandal"!) ou western ("Stabilized"). Ca évite la monotonie au moins!
Tout ceci me fait dire que, même s'il est clair que G.T.I. a voulu rester dans la droite lignée d'
Utopia City, les Français se sont émancipés un peu plus. Les compos sont plus abouties et plus travaillées, on sent davantage d'assurance. Une assurance sans doute gagnée par tous les compliments reçus depuis 2005. Et ça se ressent chez tous les musiciens, que ce soit la voix hurlée plus puissante de Guillaume (qui a cependant abandonné toutes cochonailles), le jeu de batterie plus technique de Yann (qui se prend pour Mike Smith à un moment sur "Status Quo"), la basse plus présente de Yoann ("Sphere", "Scandal" et l'énorme instru "Serum") ou les parties de guitares plus travaillées d'Yvan et Romain (qui se croient même dans Metallica sur le solo de "Soundsuckers" et sur le final de "Sphere" qui rappelle celui de "The Thing That Should Not Be" avec son effet de guitare bizarroïde).
Pour moi c'est clair, G.T.I. a réussi son coup, une nouvelle fois. L'effet de surprise empêchera sans doute cet album de faire parler de lui comme son aîné l'avait fait mais
One Thousand Blasting Words n'en est pas moins un putain de bon album. En voiture Simone!
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