Disrupt - The Rest

Bonjour, ici Pierre Bellemare et bienvenue sur Thrashocore. Aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire d'un groupe qui a eu la chance d'avoir un destin hors du commun. Ce groupe répond au nom de Disrupt. C'était une jeune formation qui a vu le jour aux alentours de la fin des années 90. S'en suit les enregistrements multiples, les splits à la pelle bref, la gloire, les femmes et l'argent. Mais c'est là que la vie de Disrupt va basculer. L'alcoolisme, le batteur qui se prostitue pour sa dose quotidienne de crack et les opérations de changement de sexe des guitaristes pour se recycler dans le glam-rock ont conduit le groupe dans la spirale du chaos. A moins qu'ils n'aient splitté pour des raisons personnelles et musicales…

Tout ça pour dire que Disrupt c'est donc un petit peu comme Terrorizer. Le temps de naître, de faire un petit peu de bruit et de s'y intéresser que c'est déjà enterré. Et c'est bien dommage, parce que Disrupt ça avoine sévère pour parler concrètement. Dans le style grindcore destroy, on entend bien souvent parler des pionniers du genre comme Extreme Noise Terror, Napalm Death ou dans une époque plus « actuelle » nos chers français de chez Blockheads. Mais on oublie trop souvent Disrupt dans le tas et The Rest se charge de montrer cet oubli du doigt. Ou plutôt du poing dans la figure vu tout ce qu'on peut trouver sur ces deux galettes.

Il faut avouer que Relapse a fait les choses en grand et ce pour deux catégories de personnes : celles qui connaissent la formation américaine née aux alentours de 1988 et pour qui il manque quelques split difficiles à se procurer, et celles qui n'ont jamais entendu ce groupe et qui ne s'en portait pas plus mal pour autant. Dans cette dernière catégorie de personnes, il y a éventuellement celles qui aiment le grindcore à l'ancienne qui vient des tripes et qui ne connaissent pas non plus ce groupe : honte à eux ! (j'en fais partie mais c'est pas grave). Et bien ils sont gentils chez Relapse, puisque c'est comme pour les cours au lycée : si on était pas là, il y a de quoi rattraper. Le label américain a réédité absolument tout ce qui a été fait que ce soit l'unique album Unrest, The Rest qui est une compilation/best-of de tous les splits, EP et autres vinyles et enfin un gros coffret de ces derniers avec un livret bien fourni ainsi qu'un dvd contenant pas moins que deux concerts.

Comme je le disais plus haut, The Rest est constitué de tous les « à cotés » qu'un groupe peut faire pendant sa carrière, ce qui est fortement intéressant pour le fan de la première heure qui a de quoi se pignoler jusqu'à en avoir des équimoses. Mais The Rest n'est pas uniquement destiné aux connaisseurs. Bien qu'il soit plus judicieux de se procurer l'unique album avant de se plonger dans cette compilation, il y a de quoi satisfaire ses tympans. Au menu, pas moins de sept splits avec des formations plus ou moins obscures, des titres issus de compilations, la première démo, des lives et des EP vinyl. Soit au total 78 titres, sur deux cds pour une durée totale dépassant les deux heures. Et deux heures de grind avec de grosses touches hardcore-punk, ça laisse des traces !

Pour situer le groupe musicalement, on pense à Siege, Phobia, Minor Threat ou encore Discharge. Assez hardcore dans l'esprit, Disrupt distille une musique bien énergique, authentique et surtout sans la moindre fioriture. Tout cela vient vraiment du cœur et ça se sent (ou plutôt s'entend). Il y a également un bon gros côté crust franchouillard à la E.N.T. notamment avec un double chant bien « à l'arrache ». Tout le monde en prend pour son grade pour ce qui est des paroles, que ce soit la société de consommation, la racisme et autres joyeusetés très souvent décriées dans ce genre de groupes. Quant au son, il est toujours très correct donnant du punch à l'ensemble.

Concernant le deuxième cd, on y retrouve la démo Millions Die for Moneymaking avec un son très garage et un chant nettement moins bien maitrisé du style « j'ai envie de faire caca mais ça veux pas ». Ca n'empêche que les ingrédients du style sont déjà là pour faire de Disrupt un groupe hardcore-grind des plus furieux. Les lives sont à peu près du même accabit avec son « limite », des compos moins accrocheuses et un groupe par moment complétement à la rue.

Il faut avouer que pendant deux heures, on entend souvent les mêmes structures ou des riffs qu'on a déjà l'impression d'avoir entendu quelques chansons auparavant mais ce n'est pas le but de The Rest d'offrir des expérimentations qui maintiennent en haleine sur une longue durée. De plus il y a des titres plusieurs exemplaires puisque repris en live ou figurant sur la démo et/ou un split, d'ailleurs la palme revient à « Crock O Christian » que l'on peut entendre à quatre reprises.

On peut donc constater que Disrupt est un groupe malheureusement trop méconnu mais qui a paradoxalement influencé bons nombres de formations. Certains groupes ont fait des reprises comme Gronibard ou encore Misery Index, donc un gage de qualité suffisant. The Rest est donc « a fuckin' must-have » pour les fans jusqu'au trognon, et une curiosité pour les autres, les amateurs de musique débridée ou de groupes marchant sur le fil entre hardcore et du grind. Et aux dernières nouvelles, le groupe sortirait un enième split vinyl dans un futur plus ou moins proche. Que du bonheur, c'est moi qui vous le dit !

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