Whip - Primitive Slaughter

Saturne dévorant un de ses enfants. A voir sa tête, le rejeton doit vraiment avoir un sale goût, à moins que ce ne soit une remontée acide due à l'abus de Jägermeister. Tout ça à cause d'Ouranos, son obsédé de père, qui passait son temps à baiser Gaia (mère de Cronos donc) pour l'empêcher de mettre au monde les Titans (vous savez, les cousins de Strange). Encore bourré de la veille, Cronos (ou Saturne, suivant si vous êtes grec ou romain), qui n'en pouvait plus d'entendre gueuler ses vieux derrière le mur de sa chambre, mit un terme à ce coït interminable en privant Ouranos de son pénis (à l'arme blanche s'il vous plaît) dans un élan vengeur unanimement salué par Rambo et Braddock, les héros réac des années 80. Ainsi soulagée, Gaia enfanta les géants (qui donnèrent leur nom à une célèbre lignée de hamburgers) et Saturne (ou Cronos, suivant si vous …ok) fut maudit par son pater, lequel condamna son fiston à périr sous les coups de son futur fils, une fois celui ci en âge de boire du tord boyau. Comme quoi, y a pas que dans 24 heures cronos que ça saigne, en Grèce aussi il s'en passe des vertes.

Et des bien mûres comme le superbe artwork de ce 9 titres des norvégiens WHIP, signé Francisco Goya himself. L'artiste, qui a exécuté cette peinture alors qu'il était frappé de surdité (c'est ça d'écouter BRUJERIA toute la journée aussi), reflétait dans ses toiles les tourments d'une époque troublée par la guerre et l'irruption des troupes napoléoniennes en Espagne. Dans la Quinta del Sordo (la maison du sourd, désormais une salle de concert dédiée au brutal death), il réalisa pour lui seul la série des pinturas negras, peignant à même les murs de son salon ou de son bureau ces figures d'épouvante (dont ce fameux Saturne) à faire pâlir un blackeux d'Europe du nord. Issu de la scène norvégienne et formé à la fin des années 90, WHIP ne décolle véritablement qu'en 2005 avec l'arrivée d'un australien en rupture de banc de sable, le prénommé Grrr ! enfin dotés d'un line-up stable, les quatre lascars donnent un nouvel élan à leur thrash basique et vintage teinté d'influences grind (les blasts déboulent avec régularité pour tabasser l'auditeur) et punk, le registre black du chanteur achevant de classer le groupe dans l'extrême.

Les morceaux de cette 5ème démo (qui reprend au passage certains titres des précédentes), tous très courts, sont l'antidote parfaite à l'hégémonie de gros son qui marque la majorité des sorties actuelles. Aucune finesse ici bas, tout est volontairement cradingue, bête, méchant et assumé comme tel. Tous les moyens sont mis en œuvre pour attiser les pulsions primaires du fan de thrashcore ou de blackrust allergique aux solis (j'aime les groupes qui se collent un genre sur le front, ça m'évite d'avoir recours à des barbarismes pour décrire leur zique). Côté influences, ça donne du Go ! rageur comme chez DEW-SCENTED, ça pompe sans vergogne le riff de "A Lesson in Violence" d'EXODUS (Violent Possession) tout en citant S.O.D. et ses fameuses éjaculations précoces ("Kill ! Kill ! Kill !" 15 secondes au compteur). A en croire Terrorizer mag, WHIP rajoute à son programme court (17mn !) des influences BM allant de DARKTHRONE (ChoKos, tu confirmes ?) à GORGOROTH, Gylve Fenris Nagell appuyant au passage la démarche de ses hargneux compatriotes. Ce qui est sûr, c'est que ça déboîte suffisamment pour qu'on y revienne sans sourciller, les compos débordant d'une dose de haine et d'agressivité (façon IMPALED NAZARENE, en plus raw) bien salutaire. WHIP, ça claque bien !

Le groupe est actuellement à la recherche d'un label pour débuter l'enregistrement d'un premier album et le bien nommé Primitive Slaughter sortira en vinyle et sous forme de CD démo. En attendant une hypothétique tournée européenne, ces 9 titres de vieux thrash boostés au BM et au grind se consomment sans modération, suivant si on veut réveiller ses cervicales endormies ou tuer sa progéniture comme Cronos (ou Saturne, suivant si vous …).

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