Le grindcore - tout comme son morveux de petit cousin l'ultra-brutal-death-metal-from-Texas (le TXDM pour les intimes) - est un genre qui traîne un certain nombre de casseroles qui en rendent la digestion difficile pour le métalleux au cœur (et à l'oreille) sensible : un son qui allie le meilleur de la pompe à aquarium et de la navette spatiale en phase de décollage, une certaine linéarité (tout au moins en apparence), bref un manque de lisibilité qui aboutit bien souvent au rejet – pour les plus impulsifs et les moins patients – ou au bâillement de compétition – pour les moins impressionnables mais néanmoins non convertis.
Alors évidemment, quand un groupe prend la peine d'ouvrir toutes grandes les portes du genre pour une « journée portes ouvertes » de vulgarisation grand public, il y a de quoi se réjouir – à moins bien sûr d'être au fond du trve (!). Nasum est l'un de ces bienfaiteurs qui amènent le grindcore au niveau du death-métalleux moyen … Et pour ce faire, pas question de faire dans le progressif ou l'expérimentation avant-gardiste. Non, chez Nasum, un album de grind, ça reste un condensé de « Pan dans ta gueule ! » réparti – comme le veut la tradition - en plus d'un vingtaine de titres pour un durée qui ne dépasse que légèrement la demi-heure. Sur "Helvete", ne pensez pas échapper aux morceaux qui démarrent à 200 Km/h sans crier gare et sans vaseline (« Doombringer », « We curse you all », « Scoop » …), aux passages épileptiques à la limite du chaos sonore (« Violation », « Drop dead », « Your words alone » …) ni à l'agression omniprésente. Non, il est question de grind ici crénom !
Sauf que Nasum sait vraiment y faire pour rendre son grind sexy. Déjà, la prod' est vraiment top : on entend bien chacun des instruments, et même lors des passages où ça blaste que-même-Schwarzy-ça-lui-arrache-le-slip, on se rend compte que «
Non, c'est pas vrai : je comprends ce qui est en train de se passer là !!?? ». Et en plus de nous avoir mitonné un son aux petits oignons, Mieszko - grand manitou en chef du clan Nasum - va à contre-courant de beaucoup de formations grind en proposant au sein de ses morceaux une grande diversité de plans et de styles. A ce titre, un morceau comme « Scoop » est emblématique du grind selon St Nasum : ça commence sur une avalanche de blasts et de gratte en fusion, le tout restant aisément déchiffrable. Ca continue sur une dynamique punk à la
Impaled Nazarene (teigneux et extrême le punk !), et on se rend vite compte que tout cela est porté par une « mélodie » simple mais efficace et grandiose. Puis vers 1:10, tout se ralentit soudainement, le tempo s'écrase sur vos baskets, et on passe à un break où seules les cymbales servent de background à une gratte aérienne. Enfin, on passe tout en souplesse à une basse et un gros riff rythmique qui tâche pour parachever ce qui est au final un vrai hit Nasumien.
Quand on analyse un peu le contenu de "Helvete", on se rend compte que Nasum lève souvent le pied : sur plus de la moitié des titres de l'album, on a le droit à des passages slow à mid-tempo. A ce titre, « The final sleep » mériterait presque l'appellation de « ballade», le titre incorporant même des passages planant rappelant des groupes comme
Textures. Par ailleurs, en plus de grosses influences punk très sensibles tout au long de l'album, Nasum n'hésite pas à mettre également une bonne dose de death metal dans son grind : ainsi « Whip » démarre sur un plan très death, « Worst case scenario » contient un passage qui semble être un hommage à
Napalm Death dans sa période la plus death (écoutez moi ça vers 1:15), « I hate people » débute sur un riff rythmique copie conforme de celui du « Hate Song » de
The Haunted … Bref, vous l'aurez compris, il n'y en a pas que pour les intégriste ici !
Ce qui est vraiment top avec "Helvete", c'est qu'à la fin de l'écoute de l'album, on se retrouve avec l'impression d'avoir entendu une galette variée, pleine de morceaux aux personnalités propres – certains pouvant même prétendre au titre de hits, tels « Scoop », « Relics » (Ah, ce gun fight sur fonds d'apocalypse !) ou encore « Breach of integrity ». Bref, on est loin de ces gros pavés grind dont on se dit après coup : «
Ah ouais, sympa : j'ai pris cher là … m'enfin bon, j'écouterais pas ça tous les jours : c'est un peu chiant sur la durée … Ah bon, ça durait que 25 minutes ? ». "Helvete" n'est peut-être pas le gros carton du niveau d'un "Inhale/Exhale" ou d'un
"Shift", mais il arrive tout près derrière, et il serait dommage que les deux plus gros succès du groupe fassent oublier cette autre petite perle. R.I.P. Mieszko.
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