Hung - Progeny
Chronique
Hung Progeny
Je ne sais pas ce qu'ils fument dans les locaux de la poste américaine, mais quelque chose me dit que ça doit déclencher des trous de mémoire : je l'attendais depuis début janvier, et le promo de Hung ne m'est arrivé qu'il y a quelques jours. Heureusement, c'est là un bien bel objet que je reçois, avec plus de feuilles et de photos papier qu'il n'en faudrait pour remplir un fanzine de black metal sud-américain (mais si vous savez, ceux où l'on apprend que Mayhem est le plus grand groupe de tous les temps et que trois poulets ont été sacrifiés à la gloire de Satan durant l'écriture de ce numéro), mais surtout, agrémenté d'un fort beau digipack à la place de l'habituel promo cartonné écorné sur lequel trône fièrement une tâche de café. Une impression positive que même leurs horribles tronches n'auront pas réussi à effacer, ça démarrait donc bien !
Malgré ce que son nom indique, le groupe ne nous vient pas de la préfecture de l'Aube (bah oui : Hung de Troyes…), mais bel et bien des Etats-Unis, et plus précisément de la grosse pomme (New York pour les incultes qui ne manqueront pas de me lire). Officiant dans un style que le groupe qualifie à fort juste titre lui-même de death mélodique progressif, Hung nous propose là son second album qui, long de cinq titres pour un peu moins de 35 minutes, se laisse écouter sans déplaisir.
La première chose qui saute aux oreilles c'est la présence d'un élément franchement peu commun dans l'univers du metal, à savoir un violon (électrique ici en l'occurrence) ! Si l'on a déjà été habitué au violon dans des groupes de black symphonique tous plus mauvais les uns que les autres (c'est le genre qui veut ça), Hung lui propose une démarche fort originale, le violon n'étant pas utilisé sporadiquement mais bien constamment (oui, ce sont bien là deux mots contraires, désolé, j'ai la manie de prendre mon lecteur pour un crétin. J'ai raison sur ce point la plupart du temps ceci dit). Outre les fameux Unexpect, il ne me vient pas à l'esprit un groupe ayant osé une démarche comparable, et il faut bien avouer que dans le cadre de leur death progressif, ce violon sied parfaitement à la musique volontairement léchée de Hung.
Très loin des stéréotypes, le groupe fait en effet sa tambouille dans son coin, que l'on pourrait rapprocher d'une sorte de Cynic allégé (le côté ultra technique et dense en moins) avec de légers relents de la lointaine époque où Opeth faisait encore quelque chose d'écoutable.
C'est ambitieux mais pas trop, et Hung ne tombe jamais dans le piège de la surenchère technique prompte à dégoûter l'auditeur moyen, car si technique il y a bel et bien, elle se met au service d'un grand travail mélodique. Mélodies qui sont d'ailleurs relativement recherchées, bien que là encore, le groupe ne fait pas dans la surenchère, laissant même le côté progressif au placard pour nous sortir de temps à autres un refrain bien senti comme celui « Desert Of Sad ». De plus, les vocaux très black metal apportent une touche d'originalité dans le monde du death progressif, et permettent encore une fois au groupe de se distinguer de la masse.
Si Hung montre donc de réelles qualités musicales, il n'en demeure pas moins que certains passages peuvent être lassants, voire un peu pénibles. L'excellent chant black laisse parfois la place à un chant plus clair qui, bien que de très bonne facture, fait parfois un peu tâche. De même, les passages trop progressifs sont parfois un peu longuets, alors que des passages plus communs sont quant à eux trop sporadiques et pourtant d'aussi bonne qualité. Le tout n'est pas vraiment assez ambitieux pour pouvoir crier au génie, et la durée relativement courte de ce Progeny laisse un bouche un léger goût d'inachevé.
Pour peu que vous soyez amateur de death mélodique ou progressif (voire encore mieux, des deux), il serait très bête que vous passiez à côté de ce Progeny, qui montre les grandes qualités, qu'elles soient technique ou de composition, de ce jeune groupe. Si l'on peut regretter que Hung n'explore pas plus loin les contrées progressives et techniques de son style, il n'y a pour autant pas de quoi bouder son plaisir. Sachant qu'en plus, quatre morceaux sur cinq de cet album sont écoutables sur leur myspace, vous n'avez plus aucune raison de ne pas essayer.
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