Le fossé entre « The Mind’s I » et
« Projector » était immense, celui qui sépare « Haven » de
« Projector » (à peine une année) n’en est pas loin. Le groupe semblait avoir trouvé une nouvelle jeunesse dans un Death aux accents quasi gothiques accompagné d’un chant clair absolument sublime, mais la prise de risque étant à cette époque une des composantes du groupe, Dark Tranquillity décide de pousser sur « Haven » l’utilisation des claviers et des sons électroniques à son paroxysme. Je vous rassure, la base reste essentiellement métal et les sonorités électroniques sont minoritaires, mais elles sont de toute façon tellement bien utilisées qu’il est difficile de s’en offusquer. L’arrivée de Martin Brändström (claviériste) dans le groupe est une sacrée surprise, venant d’un groupe qui avait toujours tout misé sur ses guitares, mais quand on voit son apport magistral au niveau de l’évolution du son de DT il n’y aucun regret à avoir.
Pour catégoriser au plus simple « Haven », je dirais que c’est tout bonnement une véritable usine à tubes. 11 titres et tout autant de chansons sublimes, accrocheuses, et d’une qualité exceptionnelle. Que je prenne « The Wonders at Your Feet », « Not Build to Last », « Indifferent Suns » ou « The Same », on pourra toujours faire le même constat : c’est diablement accrocheur, terriblement efficace et malgré une bonne centaine d’écoutes à mon actif difficile de s’en lasser. On pourrait pu penser que la simplicité des structures (car on en est vraiment réduit au couplet / refrain à quelques exceptions près) desservirait le groupe, qui nous avait depuis ses débuts habitués à des chansons à tiroirs (malgré une simplification progressive au fil des années). Mais bien au contraire, cette relative simplicité donne toute sa force à l’album, qui se rend dès le départ très accessible sans pour autant livrer tous ses secrets, tant les compos sont riches en arrangements qu’on se fera une joie de découvrir au fil des écoutes. J’en veux pour preuve le titre éponyme « Haven », qui est un véritable délice auditif tout du long et comprend à la suite du solo un passage musical extrêmement dense, ou batterie, claviers, guitares et basses sont à l’unisson pendant quelques secondes. Un de mes moments préférés de l’album.
Mikael Stanne est toujours aussi convainquant et génial en tant que vocaliste, et est certainement l’un de mes chanteurs préférés tous styles confondus. Le seul regret qu’on puisse avoir est la quasi-totale disparition de son sublime chant clair, si ce n’est sur « Emptier Still », titre étrange car très électro sur le départ mais qui se dénoue vers une fin de toute beauté plus métallique dans l’esprit. Un petit mot sur l’artwork, realisé une fois de plus par Niklas Sundin (guitariste du groupe et un réel génie à mon sens), qui pose plus de questions qu’il n’en apporte par rapport aux paroles (cette clé, est-ce celle ouvrant la porte du « Haven » ?), mais qui est tout particulièrement réussi comme d’habitude et donne une richesse visuelle supplémentaire qu’on appréciera tout particulièrement.
« Haven » est un album que je trouve très « lumineux », car bien qu’une petite couche de tristesse surplombe l’ensemble, l’écoute de l’album dans sa totalité m’apaise toujours profondément, rejoignant justement le concept de « refuge » qui donne son nom à l’album. Cela provient peut être des mélodies de claviers et de guitares sublimes, du chant extraordinaire de Stanne ou tout simplement du talent de composition indéniable du groupe, mais qu’importe, l’effet est là et c’est ce qui compte. Un album sur lequel je reviens souvent pour des écoutes toujours pleines de plaisir et de surprises, ce qui prouve qu’on peut être faire simple et riche à la fois. Un album une fois de plus à part dans la disco de Dark Tranquillity, mais quel album…
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