2000 - Haven
2010 - We Are The Void
Si durant les premiers temps de sa carrière Dark Tranquillity s'est beaucoup cherché, passant du death ultra-mélodique d'un
"The Gallery" au death mélodique *gothique* d'un "Projetor", voilà maintenant une dizaine d'années que nos suédois se sont terrés dans cette niche musicale créée avec le fameux
"Haven" et l'arrivée dans les rangs de Martin Brändström. De toutes façons, des formations qui ont contribué à créer le malmené "Gothenburg sound", il ne reste plus qu'eux pour garder le château et en grands seigneurs solitaires, nos six compères semblent s'être dispensés d'évoluer, du moins de manière significative. Personne ne se prive pour le dire... mais le groupe n'a pas pour autant fait de faux pas jusqu'à présent et au contraire, jouit d'une discographie absolument sans faille. "We Are The Void", neuvième album du groupe, continue sur la lancée de
"Fiction" et sera donc le cinquième album à hériter du death mélodique avec claviers qui a fait la renommée du combo depuis les années 2000. Un style efficace et bien rodé incontestablement, mais qui commencerait presque à s'essouffler...
Je ne vous ferais pas l'affront de vous présenter la musique de Dark Tranquillity. D'ailleurs, cette chronique ne s'adresse pas franchement à ceux qui découvrent le groupe avec cet album, mais plutôt à ceux qui comme moi, suivent leur carrière depuis bien des années. Pour être franc, d'un point de vue strictement personnel, j'avais déjà été moyennement convaincu par
"Fiction" qui succédait timidement à l'excellent
"Character". Je n'attendais donc pas grand chose de ce nouvel opus, imaginant une suite plus ou moins prévisible de tout ce qu'a pu pondre Dark Tranquillity en 10 ans. Et alors ? Comme convenu, peu de surprise : "We Are The Void" est conforme aux attentes, ni plus, ni moins.
Aller je suis peut-être un peu dur avec nos swedish guys d'autant plus que "We Are The Void" apporte UN léger élément nouveau à leur musique. Mais ne dit-on pas "Qui aime bien, châtie bien" ? Et cet élément nouveau s'articule autour de l'atmosphère instaurée par certains passages, plus sombres et grandiloquents que de coutume, où les claviers appuient ces ambiances torturées par leur prépondérance. Les 2 titres qui ouvrent l'album ("Shadow In Our Blood" et "Dream Oblivion") illustrent parfaitement cette petite évolution, évolution que l'on retrouve ici et là tout au long de ces 47 minutes. Puisqu'on en est à parler des claviers, autant être clair d'amblée : sur cet album, la star c'est Brändström. Point. Si depuis
"Haven" sa place n'a cessé de grandir, cette neuvième offrande lui offre indéniablement sa meilleure exposition à ce jour. Qu'ils soient électroniques, ambiancés ou plus proche du piano, les claviers sont quasi-omniprésents, seuls responsables de l'aspect futuriste de leur musique, et portent la mélodie les 3/4 du temps en reléguant souvent les guitares à la rythmique. Donc si vous commenciez à saturer des jolies notes des petits doigts de Martin, évitez cet album.
Pour le reste, comme je vous le disais plus haut, Dark Tranquillity fait du Dark Tranquillity. Un mur de son pour la violence, quelques notes de claviers pour la douceur, des structures simples et des compositions efficaces... les amateurs du combo suédois ne devraient pas être dépaysés. On y retrouve les mêmes sons, les mêmes rythmiques, les mêmes plans de guitare, le même jeu de batterie et cette même mélancolie qui a toujours accompagné leur musique. A l'instar de
"Fiction", "We Are The Void" propose également un grand nombre de passages mid-tempo ainsi qu'un chant clair micro-dosé, parfaitement adapté aux moments les plus calmes "The Grandest Accusation", "Her Silent Language", "Iridium"). Certains regretteront peut-être ce choix, et vu le niveau vocal qu'a atteint Stanne aujourd'hui, ça se comprend. Toutefois, ses hurlements n'ont rien perdu de leur agressivité et demeurent d'une qualité exemplaire, apportant puissance et émotions à l'ensemble. Un bon point également pour les gratteux qui se sont sortis les doigts du cul pour nous offrir quelques bons leads (à défaut de nous surprendre le reste du temps), le solo de "I Am The Void" et le grand moment de death mélodique de "The Fatalist" (à 2'35) par exemple. Ajoutez à cela un artwork de qualité (bien plus sympa qu'il n'y parait) et un mixage signé Tue Madsen, et vous obtenez un album potentiellement incontournable.
Malheureusement, dans l'ensemble, "We Are The Void" manque cruellement de... passion. Cela reste un bon album, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : tous les titres possèdent ce petit quelque chose qui fait toute la différence par rapport aux seconds couteaux et je suis certain que celui qui découvre Dark Tranquillity aujourd'hui sera conquit. Mais à l'écoute de ces 11 titres, on ne ressent pas la fougue et l'envie d'aller chercher la perfection, de transcender l'auditeur, comme si désormais, composer était devenu plus un job qu'un art. De plus, cette évolution vers des passages plus torturés peine à convaincre et les meilleurs morceaux pour moi, se révèlent être ceux qui en sont exempt comme notamment "I Am The Void" et "Surface The Infinite".
"We Are The Void" est donc un album en demi-teinte. Il s'écoute avec plaisir mais renvoie l'image d'un groupe qui commence sérieusement à se reposer sur ses lauriers. Je croise les doigts pour que nos suédois se réveillent et remonte la pente avant qu'elle ne les entraine vers le fond. Aller quoi, le dernier pilier du death mélodique ne va quand même pas s'effondrer ?
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Pour ceux qui opteraient pour la version digipack, sachez qu'elle offre 2 titres bonus : une instrumentale moyenne ("Star Of Nothingness") et un bon titre ("To Where Fires Cannot Feed") ainsi qu'un DVD contenant un reportage très intéressant sur l'enregistrement de l'album (39 min.), une vidéo courte mais marrante sur le making of du clip de "Shadow In Our Blood" (3 min.) et 2 vidéos extraites du DVD
"Where Death Is Most Alive" ("ThereIn" et "Final Resistance").
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