« Dead or Dreaming » n'est ni un single extrait du 2nd album de
Deicide, ni le 6e et nouvel album des canadiens de Into Eternity. Non, cet album affiche déjà 9 ans au compteur et se trouve être le second essai longue durée de la bande à Tim Roth. Mais il est vrai que cette sortie de l'ère pré-Century Media n'est, je pense, pas tellement connue des lecteurs de Thrasho, exception faite peut-être des cousins québécois qui sont quand même situés franchement plus près de la déflagration initiale que nous autres. En général c'est plutôt
« Buried in Oblivion » qui le premier a fait méchamment biper les écrans radars des poilus ayant croisé la route du groupe. Il faut dire que DVS Records, dont cet album semble constituer seulement la 4e sortie, ne devait pas avoir, pour promouvoir son bébé, les moyens et le réseau de l'écurie allemande, beaucoup plus bavarde promotionnellement parlant.
Quoiqu'il en soit, « Dead or Dreaming » est typiquement l'album que le fan de Into Eternity espère secrètement trouver quand il s'en va farfouiller dans le back catalogue de son groupe fétiche, à la recherche d'un supplément de ces good vibrations que les 3 albums suivants lui ont procuré. On trouve en effet sur cette galette bien plus que les timides prémices du style du groupe: la formation s'avère ici franchement mature, elle brille déjà dans l'art de composer des morceaux solides et irrésistiblement accrocheurs et a clairement défini les bases de son style – ce mélange typique de metal extrême death/blackisant, plus puissant que franchement evil, et de heavy prog hyper mélodique. Et à la réserve près d'une prod' un rien moins joufflue que par la suite, d'un poil moins d'ambition – d'autres tourneraient ça positivement et disant « d'un peu plus de modestie » – et de quelques morceaux d'un niveau un peu – mais à peine – en dessous du reste, cet album pourrait aussi bien être sorti après
« Buried in Oblivion ».
En effet, tous les ingrédients sont là: les entrelacs vocaux où se croisent vociférations death, shrieks black et double – voire triple – couche de voix claires alignant refrains splendides et couplets somptueux, entre hard et heavy, le tout fortement chargé en émotions et porteur d'une vision grandiose. Les guitares, véritables reines du bal, qui s'offrent régulièrement de longues et remarquables séances de soli en mode ping pong (
c'est particulièrement impressionnant de 2:11 à 3:33 sur « Distant Pale Future »). La basse, que je ne me rappelais pas aussi distincte et présente sur les œuvres ultérieures. Et puisqu'on en est à évoquer les menues différences avec les albums suivants, c'est également le moment d'évoquer les discrètes mais remarquées interventions d'un clavier rare mais juste qui vient renforcer les ambiances de certains morceaux parmi lesquels « Absolution Of The Soul » et « Identify ».
Si sur cet album je suis un peu moins fan de titres comme « Imagination Overdose », moins accrocheur et plus heurté, ou encore « Selling God », dans une veine black/death plus marquée mais de moindre impact, le reste de l'album m'aura apporté largement la quantité de bonheur musical attendue. Que ce soit « Unholy » qu'en blind test j'attribuerai à
« The Scattering Of Ashes » ou
« Buried in Oblivion », « Shallow » qui ne dépareillerait pas sur
« The Incurable Tragedy » avec son intro acoustique et sa tonalité sombre, « Distant Pale Future » avec son refrain et son fantastique foisonnement de leads, « Cyber Messiah » et ses savants effets de contrastes entre passages death plombés et mélodie légère, « Elysium Dream » et sa dichotomie entre une première partie bien thrash'n'roll mélodique et une seconde partie franchement plus ambitieuse qui justifie à elle seule l'utilisation du qualificatif prog – et je m'arrêterai là bien que la liste puisse être prolongée – je ne vois pas comment les amateurs des albums suivants pourraient être déçus par ce second chapitre.
S'il est parfois risqué de s'aventurer dans le grenier de nos groupes fétiches, les reliques du passé qu'on y trouve pouvant s'avérer au mieux poussiéreuses, au pire carrément moisies, vous pouvez aller fouiner sans crainte dans les vieilles malles de Into Eternity. Les trouvailles que l'on y fait sont plutôt à ranger dans la catégorie des bonnes surprises, aux côtés des vieux exemplaires de Playboy parfaitement conservés et des plans de la maison révélant l'emplacement de la planque où Grand Papy a caché les lingots avant de caner. Bref, je ne saurais trop vous recommander de jeter une oreille sur « Dead or Dreaming » si vous avez accroché aux 3 albums suivants.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo