Heartless - Hell Is Other People
Chronique
Heartless Hell Is Other People
Originaire des bas fonds de Pittsburgh, Heartless fait partie de cette nouvelle vague de groupes signés par le très en vogue label Californien Southern Lord. Vu la quantité astronomique de formations typés crust/metal/hardcore que le label a récupéré en l'espace de quelques mois, on est en droit de se poser quelques questions sur la légitimité et la sincérité derrière une telle démarche. On pourra certainement taxer le label de faire preuve d'opportunisme éhonté mais personnellement j'aurai tendance à relativiser ce genre de propos tant il s'avère qu'à chaque sortie de ce genre, je me suis retrouvé le cul par terre.
Soyons francs, Heartless n'a pourtant rien d'un groupe original. Le contenu de cet album n'est ni plus ni moins qu'un resucé réussi de ce qu'on déjà proposé des tonnes d'autres groupes auparavant. Mais n'étant pas du genre à cracher sur un disque qui privilégie l'efficacité à l'originalité, j'ai bien du mal à ne pas trouver Hell Is Other People convaincant malgré une certaine redondance avec notamment quelques collègues de la même écurie (Nails, Dead In The Dirt...).
Alors Heartless c'est quoi exactement? Et bien c'est un mélange de grindcore pour la virulence et les rythmes épicés et hyper rapides et de hardcore metallique sombre et désabusé pour les mélodies et le caractère vindicatif. Si la pochette rappelle beaucoup celle du dernier Trap Them, musicalement nous n'en sommes pas très loin non plus. Ceci dit, Heartless se fait tout de même un peu moins nuancé dans son propos, ses morceaux étant plus courts, plus directs avec un peu moins de passages mid tempo dans l'ensemble. En terme de comparaison, je pense donc davantage à Nails, un autre groupe signé sur Southern Lord, qui lui aussi m'avait bien retourné le bide avec son album Unsilent Death.
Quoi qu'il en soit, Heartless ne fait pas de cadeau et s'évertue à nous fracasser la tête en enchainant cartouche sur cartouche. Concis dans son propos, le groupe de Pittsburgh brasse ses influences allant de Napalm Death à Cursed en passant par Left For Dead dans des morceaux souvent aussi court que peut l'être Passe-Partout de Fort Boyart. Ca blaste donc plutôt pas mal (le furieux "Cede") avec un batteur pas manchot qui aime varier les plaisirs à coups de patterns syncopés, de blasts grindisants, de tchouka tchouka simples et efficaces ou encore de frappes lourdes et écrasantes. Le riffing, s'il ne se distingue pas spécialement de celui des autres groupes du genre, révèle tout de même quelques passages assez épiques à l'image du redoutable "Clean Slate" qui débute sur les chapeaux de roue, le très crust "Late" ou encore "Undulations" et ses variations de tempo à vous briser la nuque. On retrouve également ce côté volontairement crados avec tous ces larsens qui ponctuent quasiment chaque titre de l'album. Toutefois, et à la différence de Trap Them ou Nails, Heartless a volontairement fait l'impasse sur ce son de guitare bien gras pour privilégier une production plus crue en atténuant ainsi l'aspect metal des compositions au profit de sonorités que je trouve davantage dans l'esprit punk/hardcore/grind. Les autres musiciens ne sont pas en reste, loin de là. La basse gronde sans arrêt dans tout les sens alors que le chant haineux de Cory ne cesse de cracher ses glaires visqueux.
Malgré le peu de finesse dont fait preuve Hell Is Other People, on remarque tout de même qu'Heartless n'est pas sans casser cette image de groupe de grind bourrin et bas du front en proposant pas mal de breaks ("Clean Slate" à 0:27, "Cast Down" à 0:39), de mosh part ("Resuscitate/Suffocate" à 0:38, "Undulations" à 1:05, "Tight Grip" à 0:20) ou de passages/morceaux plus lourds (les premières secondes d'"Undulations", "Deject", "Cop Out" ou encore "Hard Feelings"). L'album gagne ainsi en variété sans pour autant sacrifier à l'efficacité et à l'intensité.
Loin de révolutionner le genre, Heartless déploie tout de même son arsenal de façon convaincante même s'il est aujourd'hui difficile de s'enthousiasmer aussi vigoureusement que le mériterait peut-être ce jeune groupe américain. La faute à un effet de mode que c'est empressé de suivre Southern Lord qui jusque là n'était pourtant pas considéré comme un label suivant les tendances. Enfin bon, malgré ces considérations de scribouillards et autres pseudo philosophes de la scène, reconnaissons à Heartless un certain talent pour initier le chaos et la destruction. Hell Is Other People... Et ça Jean-Paul Sartre l'avait bien compris.
| AxGxB 14 Janvier 2012 - 5189 lectures |
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