« Where Death is Most Alive » est le DVD dont Dark Tranquillity avait besoin à ce stade de sa carrière. Réparti sur 2 DVDs, il représente une photographie idéale du groupe à ce jour (enfin, c'est enregistré à fin 2008 mais on ne va pas chipoter pour une année), et donc un témoignage de choix pour sa fan base (au sein de laquelle j'ai le statut de groupie niveau « Premium »).
Voyons un peu dans le détail ce que chaque DVD a dans le ventre :
DVD 1 : Live in Milan – 31 octobre 2008
Vous avez “Live Damage” dans votre DVDthèque? Brûlez le. Et installez vous confortablement dans votre fauteuil, afin de contempler un vrai concert de Dark Tranquillity, avec toute la magie et la puissance scénique qui leur sied. C'est bien simple : ce soir là, veille de la Toussaint 2008 aussi communément appelé « jour des morts », DT avait décidé de les réveiller, nos amis mort vivants. Et c'est accompagné d'à vue de nez 500 Milanais, aussi déchaînés qu'enthousiastes, que le groupe entama son rituel nécromantiqu…son concert.
C'est bien simple, de la multitude de DVD live que j'ai pu voir, rarement un public n'aura été aussi présent, aussi vivant, et participatif que sur ce live là. Un mixage très favorable leur permet en effet d'être très en voix ce soir là, chantonnant (à la Maiden !) les mélodies, scandant le nom du groupe entre les morceaux, et devenant tout simplement le 7e membre du groupe. Je vous passe les drapeaux suédois brandis ici et là (un grand classique, même si je me demande comment les musiciens perçoivent ce genre de geste), les jeunes Italiennes jetant en l'air leurs strings, soutifs et autres tangas… C'est un public haut de gamme qui était là ce soir.
En face, nous avons 6 Suédois remontés à bloc, avec en chef d'orchestre un Stanne qui comme d'habitude fait le spectacle : théâtral, grandiloquent, un sourire empli de sincérité collé aux lèvres, il focalise l'attention du public et des cameramen, pour le plus grand plaisir de tous. Il ira même jusqu'à slammer pendant « Final Resistance » sans lâcher pour autant le micro de chant et réussissant à reprendre le couplet dans les temps, malgré son horizontalité du moment ! Bref un grand soir pour lui ; forcément plus en retrait, ses collègues musiciens assurent le strict minimum en guise de présence scénique, même si l'on sent Niklas Sundin désireux d'occuper son espace sur scène et de donner le change ; on verra même Brändström le claviériste tenter quelques maladroits headbangs !!. L'interprétation est par contre proche de la perfection (quel soliste ce Sundin !) ; on regrettera juste un léger manque de puissance dans les vocaux de Stanne par moments, qui nous gratifie de son habituel chant éraillé aux frontières du black (oui j'assume ma comparaison).
Et surtout, surtout, nous avons devant nous une set list démentielle, véritable best of de toutes les époques du groupe : démarrant sur une succession de titres récents (grosso modo c'est la trilogie
« Fiction » /
« Character » /
« Damage Done » qui est passée en revue), le groupe nous gratifie passée la première demi heure de concert d'une première rareté, et pas des moindres : « Freecard » (sur l'album
« Projector ») qui permet de tester en condition live le chant clair de Stanne : sublime. S'y enchaîne l'un des grands moments du concert : « Inside the Particule Storm », qui avec ses différentes ambiances est une vraie merveille, autant sur album qu'en live. Et alors que la sauce est déjà bien montée, c'est avec une jouissance pleine et entière qu'on voit alors DT entamer une succession de perles issues de ses tous meilleurs albums : « Edenspring », « Lethe », « Insanity's Crescendo » (avec l'intervention bienvenue de la chanteuse de Theater of Tragedy), « Dreamlore Degenerate », … Que de la rareté, du culte, et une vraie valeur ajoutée légitimant complètement l'intégralité du concert. On est plus dans un quelconque DVD live, on est dans une rétrospective complète, agrémentée d'inédits rarement joués sur scène, d'un groupe qui veut faire plaisir à ses fans. Ajoutez à cela un « Therein » de toute beauté, où le public reprend le refrain parfois plus fort que Stanne, et vous avez là un grand moment de Musique (avec la Majuscule qui va bien). Un petit « Punish My Heaven », indispensable, l'efficace « The Mundane & The Magic » qui marquera le retour de la chanteuse de Theater of Tragedy pour un duo de qualité avec Stanne, et voilà déjà la fin de ces deux heures de concert…
On pourra tous y aller de notre petit commentaire sur la set list : « Mais ou est « Hedon » ? » ; « Pourquoi il rate une note sur « Freecard » ? » ; « Il y a trop de titres récents ! ». Mais il faut bien avouer que cette set list est proche de la perfection, synthétisant mieux qu'un quelconque best of les différentes périodes du groupe, avec en bonus un public enfin digne de ce nom (qui fait enfin oublier les Polonais léthargiques de « Live Damage » ?)
Les moments d'anthologies : « Insanity's Crescendo » (grosse émotion) ; « Inside the Particule Storm », « The Mundane & the Magic », « Final Resistance ».
DVD 2 : Documentaire « Out of Nothing » / Clips / Archives Lives :
Comme beaucoup de documentaires métal, « Out of Nothing » part d'une bonne idée mais se perd vite en chemin. Censé représenter par le biais d'interviews la genèse de DT et du mouvement Melodeath de Göteborg, le documentaire manque de profondeur et l'on se contentera vite d'admirer les cernes de Tomas Lindberg (At the Gates), le beau blouson d'Anders Iwers (Tiamat) ou de découvrir avec curiosité la première salle de répet de DT (un garage au fin fond de la banlieue middle class de Göteborg). On apprend assez peu de choses au final, à part que tous ces musiciens (In Flames, Dark Tranquillity, Ceremonial Oath, Tiamat, At The Gates….) étaient amis, issus de la même banlieue, et se croisant dans les mêmes concerts / bars ; que les DT, suite aux plaintes des voisins, avaient dressés un mur de tapis dans le garage des grands parents de Stanne pour atténuer le son ; ou que Michael Nicklasson, leur bassiste jusqu'en 2008, a quitté le groupe car il n'arrivait plus à concilier tournées et vie professionnelle.
Je suis un peu déçu du documentaire, j'aurais souhaité avoir quelque chose de plus original et surtout plus instructif, plutôt que des interviews téléphonés de différents intervenants sans vraie ligne directrice, la faute à des questions à priori pas très originales et d'un manque de temps flagrant (47 mn ça passe vite…). Attention aussi, documentaire en anglais sans sous titres !
Les clips ? On passera rapidement dessus si vous le voulez bien, je ne suis pas très fan de l'exercice, et à part le très graphique et réussi « Monochromatic Stains » (qu'on connaissait cependant déjà vu qu'il se trouve sur « Live Damage ») et le « clip Lego » marrant de « Terminus », pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Reste le morceau de bravoure du DVD : « The Live Archive », qui comme son nom l'indique est une succession de titres, souvent rarement joués par le groupe de nos jours, immortalisés ici et là, souvent avec des moyens vidéos un peu limité. A voir absolument : « Only Time Can Tell », titre filmé dans le garage dont je parlais plus haut, où les musiciens n'ont pas plus de 16 ans (qu'il était mignon le Stanne à tirer la langue en grattant sa 6 cordes !), et où Anders Friden (In Flames) doit se taper une bonne barre de rire à se revoir hurlant dans le micro en jetant des coups d'oeils désespérés à la caméra ! On monte vite d'un échelon en qualité, avec des titres filmés en club de
« Skydancer » ; le niveau technique a vraiment pris un cran et l'interprétation est très rigoureuse. On profite de quelques titres de « The Mind's Eye » filmés aux Pays Bas (dommage que le son soit si brouillon), qui satisferont les fans les plus assidus de cet album ; la fin des lives a moins d'intérêt car on arrive ensuite à des titres plus récents et donc pour la plupart déjà disponible par ailleurs. On retiendra quand même un « The Sun Fired Blanks » énormissime, joué à fond les ballons et avec une énergie folle ! J'aurais adoré avoir la suite de ce concert là… J'aurais aussi rêvé d'avoir, dans le cadre de cette rétrospective live de DT, la possibilité d'y inclure les quelques titres issues de la VHS « World Domination » de l'époque Osmose, où l'on voyait DT jouer des perles comme
« Of Chaos and Eternal Night » (ah j'en vois 2-3 qui soupirent aussi de regret…) ; sans doute oubliée pour des problèmes juridiques dû au changement de label.
« Where Death is Still Alive » est un excellent DVD, avec un premier DVD chaudement recommandé et qui justifie à lui seul l'acquisition, en remplacement immédiat et sans échange possible, du pitoyable « Live Damage » ; et un second DVD qui vaut pour son aspect compilation : tous les clips ou presque de DT dispos à portée de main, et surtout quelques lives d'anciens titres pour se faire un trip nostalgie. Une bonne façon de patienter en attendant, prévu pour mars prochain, le prochain album du groupe…
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