FT-17 - Verdun !
Chronique
FT-17 Verdun !
Je dois commencer par m’excuser. Platement. Je suis FT-17, combo nantais, depuis ses débuts et son très bel album Marcellin s’en va-t’en guerre. Je l’avais chroniqué à l’époque pour Vs. Et je l’avais beaucoup apprécié, la démarche originale, l’approche atypique du concept, les aspects immersifs – du BM, du death mélodique, du spoken words – tout m’avait emballé.
Me contactant de nouveau à la sortie de leur nouvel effort, en 2018…, j’ai oublié le disque… pour finalement remettre la main dessus et donc, en priorité, vous le présenter aujourd’hui.
Pour toi qui n’aurait pas aperçu leur premier album, le groupe articule son univers sur Marcellin Trouvé, jeune instituteur abandonné à la naissance, fervent partisan de la République qui lui a permis une reconnaisse sociale, convoqué dans l’artillerie lors de son service militaire et dont le sens du devoir le pousse à demander son affectation dans l'infanterie où il estime qu’il servira au mieux son pays, en première ligne. Les paroles de ce premier album étaient ainsi comme autant de témoignages de ces événements, des horreurs de la guerre, des tranchées, retranscrits dans son journal à qui il confie ses espoirs, ses angoisses et sa résignation.
Verdun !, le second effort du combo, s’inscrit dans la même veine. Printemps sur la Meuse débute ainsi par un récit, voix profonde, empreinte d’Histoire, tiré du journal de Marcellin Trouvé. Comme sur le premier album, la narration, son contenu, sont tristes, emprunts d’une lourdeur, d’un désespoir, d’une fin inéluctable aux détours des tranchées. Rome et son Nos Chants Perdus ne sont pas loin (même chose sur l’autre interlude, Le marteau après l’enclume). La gravité du propos pose le décor ; la musique l’accompagnera tout du long. La Montée aux enfers traduit cette fin écrite, ce destin nécessairement brisé et l’avancée vers la Mort, presque fière. L’essentiel du chant est parlé et le choix du mid-tempo permet d’en apprécier les contours, comme d’entendre les mélodies qui parsèment ce morceau, tristes, lourdes, quasi mortifères.
Comme sur Marcellin s’en va-t’en guerre, le concept offre à l’auditeur de s’identifier à ce jeune homme, qui pourrait être chacun d’entre nous. Le black/death ici proposé à l’appui de ce concept est lent, très mélodique, empreint d’atmosphères de désolation (Le terrible enterré et ses petits arrangements superbes au piano, les roulements de batterie, l’aspect un brin martial offrent au morceau une mélodie centrale magnifique). L’empreinte mélancolique est forte (La montée aux enfers, Le terrible enterré, La relève du 57ème), comme si on observait une herse d’obus frappant le champ de bataille, le brouillard et la pluie se levant des tranchées et le foisonnement des corps mutilés à perte de vue.
La dynamique globale ne souffre jamais du mid-tempo ; mieux, elle en jouit pleinement tant la musique et ce choix de « vitesse » laissent s’épanouir les atmosphères et l’ambiance immersive de l’album. Et lorsque le rythme augmente, lorsque la structure se charge d’éléments plus typiquement death, le combo n’en perd pas pour autant sa touche mélodique, au contraire plus apparente en contraste lorsque la rythmique ralentit (Le Tunnel de Tavannes et son pont central mélodique au piano ; la lourdeur du son de La pièce du boucher, contrebalancée par les notes aériennes au piano et un solo incroyable en plein cœur, ultra planant, presque prog’ ; les ralentissements bienvenus de Assaut au bout de la tranchée du diable après un départ plus tendu… et de nouveau ces douces notes égrenées au piano qui enveloppent l’auditeur). Comme je l’avais déjà signalé à l’époque, ce choix du mid-tempo – voire encore une fois de la lenteur – est tout à fait pertinent à mon sens, qui traduit bien, au travers de la nostalgie que ce black/death dégage, l’espoir naissant de défendre son pays et l’ahurissement face aux atrocités de la guerre, une fois sur le terrain. Les arrangements riches en petites trouvailles également (le solo planant au cœur du morceau La pièce du Boucher et le final en forme d’hymne, roulements de tambours en prime, l’intro au piano, lourde, mélancolique sur Adossé à Douaumont, avant que n’intervienne les guitares comme les sons sourds vers la 3’ qui rappellent le son des canons frappant les murs de défense).
La grande force du combo est de parvenir, interludes, belle écriture des titres et trouvailles sonores à l’appui, à immerger totalement l’auditeur dans son concept, à lui faire ressentir les souffrances de ce jeune homme et à partager sa nostalgie. Verdun ! s’inscrit de nouveau dans ce sillon, sans temps morts, sans rien à jeter. Et s’il est vrai que la pièce de clôture – Au fond du trou, plus de 10 minutes – présente l’intérêt de clôturer l’album sur des notes nostalgiques sublimes et une dynamique élevée, son final est également peut-être la seule chose plus dispensable, qui tire en longueur sans apporter réellement au titre (sauf le saxo…).
Tu l’auras compris, j’ai de nouveau beaucoup apprécié cet effort. Atypique, riche en arrangements, totalement immersif, doté d’un concept bien écrit, Verdun ! se déguste comme une gourmandise par tout amateur de produit non formaté.
| Raziel 26 Septembre 2020 - 1270 lectures |
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