Je ne sais pas pour vous mais en ce qui me concerne j'ai du mal à me souvenir de quoique ce soit de marquant dans la discographie de Dark Tranquillity depuis un
"Fiction" (2007) déjà bien redondant.
"We Are the Void" (2010) amorçait une timide évolution peu convaincante,
"Construct" (2013) s'embarquait dans un style plus lourd et industriel là aussi pas franchement passionnant, bref pas de quoi se montrer enthousiaste à l'égard de ce onzième album sobrement intitulé "Atoma". Côté line-up, cette année voit le départ d'un des plus anciens membres Martin Henriksson et l'arrivée du frangin de Peter Iwers (In Flames), Anders, bassiste également. De l'information, de l'anecdotique puisqu'on retrouve toujours notre quatuor Stanne / Sundin / Jivarp / Brändström aux commandes, pour le meilleur et pour le pire. En tous cas, cette cuvée 2016 aura au moins le mérite de ne pas faire d'entorse à leur grande tradition du "un album, un mot" ; reste à savoir si on retiendra aussi facilement son contenu que son titre.
J'ai beau un peu bouder Dark Tranquillity ces derniers temps, je salue toutefois volontiers cette envie du groupe de vouloir enfin emmener sa musique ailleurs. Si cette recherche d'une nouvelle identité n'aura pas abouti qu'à de grandes choses, elle aura tout de même mis les Suédois dans une dynamique de création intéressante dont "Atoma" en est un nouveau témoignage. Après un précédent album froid et métallique, changement de décor : ce nouvel essai s'engage sur un terrain plus organique, délaissant les atmosphères industrielles pour embrasser des émotions plus fortes et plus proches de nous. Il est ce que
"Construct" ne montrait pas en illustrant un monde au bord de l'implosion, il est chacun de ces êtres vivant cet inévitable déclin, triste, pudique et intimiste. Un peu déroutant au premier abord, ce visage qu'on connaissait peu se montre étonnamment touchant, où les mélodies suédoises de Sundin sublimées par les claviers de Brändström vous explosent en plein coeur et où les lamentations de Stanne deviennent alors une évidence, le chant du désespoir. En "Atoma" gronde également la colère qui s'était étouffée par le passée : les compositions retrouvent une partie de la hargne d'antan, et n'hésitent pas à durcir le ton dans un contexte plus propice au renoncement. L'ensemble se révèle donc très hétérogène, alternant les ambiances et sentiments, tantôt résolument tourné vers lui-même, tantôt hurlant toute la haine qu'il contient.
Si finalement peu de choses changent sur la forme, quelques ajustements ont été nécessaires pour parvenir à ce résultat. Brändström a mis de côté son attirail du parfait bidouilleur pour se concentrer sur des sonorités plus naturelles et appropriées à l'atmosphère de ces 50 minutes. Plus discret que par le passé, il cède sa place aux guitares qui occupent l'espace et redoublent de leads et de solos dignes de la réputation des Suédois. Björn Gelotte (In Flames) viendra d'ailleurs nous gratifier d'une petite interviention sur "Force of Hand". Quant à Mikael, il demeure l'essence de Dark Tranquillity : bien que ses hurlements n'aient rien perdu de leur puissance, c'est surtout son chant clair qui m'a bluffé. Parfaitement dosé, chacune de ses interventions est une décharge d'émotions et un coup de poignard en plein coeur. Tout n'est cependant pas parfait, on peut notamment regretter certains passages et morceaux de moindre qualité tels que les ennuyeux "Clearing Skies" et "Faithless by Default" mais alors que je trouvais le groupe en total flottement depuis une demie décennie, j'ai de nouveau ressenti sur ce onzième album cette passion et cette sincérité qui l'animait autrefois. "Atoma" sonne juste et possède une vraie âme qui transpire à chaque seconde. Il ne sera sans doute pas votre DT préféré mais je ne serais pas étonné que sa puissance et sa sensibilité lui accorde une place de choix. Il serait dommage de ne pas lui laisser sa chance en tous cas.
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