Disconformity - Depravation Of Stigma
Chronique
Disconformity Depravation Of Stigma (MCD)
On vous le dit déjà depuis un bon moment et on en parle dans tous les journaux : le brutal guttural slammoshing death metal est le style qui monte, qui monte. Ce soir voyageons un peu à l'est (bon par l'ouest on y arrive aussi ok) vers le pays du soleil levant, des kamikazes et des gens qui portent des lunettes avec télé incorporée. Nos amis japonais, que je salue ici, possèdent en effet une scène death extrême diablement intéressante (tout comme sa grande sœur grind), les noms de Vomit Remnants, Woundeep ou encore Infected Malignity ne vous sont certainement pas inconnus. Les derniers cités ayant récemment décidé de s'acheter des Van's à damier, j'ai choisi de vous parler aujourd'hui d'un des groupes phares de cette scène extrême japonaise (j'oserais presque dire « culte ») : j'ai nommé Disconformity.
Formé en 2002 dans l'ébullition de ladite scène nippone, Disconformity a acquis un statut quasi culte comme je le disais, d'une part en raison de la grande qualité musicale du groupe, mais également de par sa productivité tellement mince que même Laurent Voulzy les jalouse.
Jugez plutôt : cinq années d'existence, quatre chansons sorties officiellement. Avouez qu'on a déjà vu plus productif, qui plus est dans un pays où bosser à mi-temps équivaut à turbiner 35 heures par semaine…Et bien sûr tout ce qui est rare est cher. Ceci explique cela.
En 2003 Disconformity sort donc sa première démo « Endocranial Cast » composée d'une seule chanson intitulée… « Endocranial cast » bizarrement. La même année voit le jour de leur deuxième démo unanimement acclamée « Penetrated Unseen Supression » regroupant quant à lui trois titres dont « Endocranial cast ». Enfin en 2005 le groupe nous propose le MCD qui nous intéresse aujourd'hui : « Depravation Of Stigma ». « Quoi ? Seulement un MCD ? » me direz-vous. Oui mais attention, nos japs ont bossé comme des sourds pendant ces deux années ! Ils nous offrent ici un nouveau titre (!) « Depravation of stigma », une nouvelle version de « Atonic epilepsy » ainsi que les trois titres de la démo « Penetrated Unseen Supression » (dont « Atonic epilepsy » est tirée évidemment). Autrement dit, pour être clair, sur ce CD, en cinq titres (dont deux fois « Atonic epilepsy ») se retrouve compilée toute la discographie du groupe en cinq ans d'existence! Culte je vous dis !
Musicalement parlant Disconformity est une arme redoutable affûtée comme un katana, brassant diverses influences, toutes brutales rassurez-vous, et assimilées pour en faire ressortir une entité suprême totalement destructrice. Comme une infinité d'autres groupes nos nippons ont absorbé les assauts de la scène death est-américaine et des grands noms que sont Suffocation ou Pyrexia. Mais le fait est que les échos bien plus brutaux de la vague TXDM lancée par Devourment se sont également déversés dans les esgourdes de nos lascars. En effet la musique de Disconformity regorge de passages de brutasses bien comme il faut. Et de grosses mosh bien lourdingues tout en nous gratifiant aussi de quelques riffs plus techniques (sans commune mesure bien entendu avec les groupes pré-cités), voire même de quelques influences presque hardcore (ce riff à 1'08 sur « Atonic epilepsy »). Comme chez beaucoup de leurs compères il ressort des compos du groupe un groove très entrainant, certains passages étant carrément dansants, il vous suffira d'attendre 19 secondes après avoir poussé sur le bouton play pour vous en rendre compte. Malgré cela Disconformity ne tombe jamais dans les clichés souvent reprochés à certains groupes. Bien sûr ils n'ont pas inventé le fil à couper l'eau chaude mais leur style garde une certaine personnalité en évitant de se contenter par exemple d'un enchainement de passages ultra lourds qui peut vite s'avérer saoulant chez certains et surtout trop linéaire. Ici au contraire les changements de rythme sont légions et aucune sensation d'ennui ne vient pointer le bout de son nez.
Niveau vocalises, on appréciera les éructations du sieur Shogun, certes assez peu variés mais d'une efficacité redoutable et avec ce côté gargouillis que j'aime énormément et rappelant un peu Mr Ochoa dans le style (même si le timbre est lui très différent). Il est épaulé en cela par les so-called « grenouille gutturals » du guitariste Keisuke Okada, méchante la grenouille quand même ! On notera d'autre part une basse assez présente et se laissant même aller à de petits leads fort à propos. Rien à redire en terme de production pour les deux nouveaux titres, pour les trois autres même si le son est un poil moins puissant, ça reste malgré tout plus que raisonnable.
Le seul problème avec Disconformity c'est que quand même à ce niveau là c'est plus de la feignantise, c'est le palmier dans la main, que dis-je le séquoïa ! Le groupe est pourtant toujours bien actif, il jouera d'ailleurs en avril prochain au Tokyo Deathfest en compagnie de Devourment, Cephalotripsy, Condemned ou encore Malignancy (cette affiche mon dieu...). Il va donc sans dire que si nos japonais se décident un jour à sortir leur album il sera attendu plus que de pied ferme par un bon nombre de fans. Mais bon si la qualité est au rendez-vous on ne dira rien ; par contre si c'est une bouse je vous raconte pas la déception ! En espérant qu'ils ne suivent pas l'exemple d'Infected Malignity parce que Disconformity avec des Van's à damier ça le ferait franchement pas.
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