Je croyais pourtant que la mode actuellement, c'était le sudoku, le poker, la WII et le gel dans les cheveux; me serais-je trompé ? Ca fait quelques temps que c'est devenu ringard les pin's, les bracelets brésiliens, l'expression « Top moumoute » et les tamagotchis (
oui oui, moi aussi l'orthographe m'a un peu choqué au début, mais ça s'écrit pourtant bien comme ça) non ? Alors qu'est-ce qui a bien pu prendre les p'tits gars de chez Rupture Music de sortir un guitar hero tamagotchi ? Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit ici: si si, on sent que le label a du en prendre bien soin, lui donner de l'amour, un contrat, de la promo, des câlins, enfin tout ce qui est nécessaire au bon développement du guitar hero tamagotchi afin que celui-ci, au mieux de sa forme, se mette à composer les plus somptueuses sonneries de portables jamais gravées sur support CD, afin de leur témoigner sa reconnaissance de l'avoir fait accéder à l'univers impitoyable de la production métallique (
inter)nationale.
Un peu cruelle comme mise en jambes, je veux bien le reconnaître, mais nom de dieu j'ai beau être un amateur de metal à l'esprit large, aimant de Steve Vai à
Fast Forward, en passant par
Fishbone et
Necrophagist, je me demande bien quelle perversité a pu pousser à l'élaboration de ce mélange de shred ultra démonstratif avec la froideur ridiculement cheap de cette boîte à rythmes du pauvre et le support pataud de ce synthé Bontempi martelé à un doigt façon « Regarde maman, j'ai réussi à reproduire le morceau de Jean-Michel Jarre sur mon clavier, t'as vu comme ça sonne ? ».
Sans rire, si l'on n'est pas trop indisposé par les guitar heroes vraiment trop narcissiques qui n'ont de cesse de se caresser l'engin dans des proportions véritablement freudiennes, on pourra à force d'effort et d'abnégation apprécier la maestria de Pierre-Marie qui touche sérieusement sa bille (
entre autres, oui, on l'a déjà faite celle-là, ‘faut suivre !). Guitariste officiant au sein de l'ultra froid et brutal Lex Talionis, ce dernier aura sans doute voulu mettre ici un peu plus l'accent sur sa propre personne et son aptitude à parcourir de long (
surtout) en large (
m'enfin c'est plus vite fait) un manche qui doit vite se mettre à fumer à se faire caresser de la sorte. Et l'objectif est en partie réussi: il est dur de ne pas se rendre compte que le bougre n'est pas un manchot.
Mais nom d'une chèvre albinos, quelle incroyable balourderie que de s'être mis en scène dans un univers musical aussi maladroitement synthétique et aseptisé. Les mélodies servant d'écrin aux leads et soli du maestro sont en effet atrocement cheaps et naïves, et la boite à rythmes qui tient le tout à coup de bip beats est facilement aussi exécrable. Et si au moins on pouvait essayer d'en faire abstraction pour ne se concentrer que sur la gratte … Mais pensez-vous, il a fallu que le Pierre-Marie passe le son de sa gratte au filtre anesthésiant de ses ordinateurs qui ont édulcoré, passé à l'eau de javel et finalement complètement ruiné l'aspect organique de son jeu. C'est bien simple, on a l'impression d'être en face de la démo du dernier programme sophistiqué d'une boite de production de jeux vidéo qui aurait réussi à créer un générateur aléatoire de soli informatiques. Le son est horripilant, clean et plat comme une musique de vieux jeu de console, et quand la guitare a la malencontreuse idée de tenir une note aigue pendant un peu trop longtemps, ça vous vrille les tympans de la plus insupportable des façons.
Dernière pierre dans la mare Illuvatar (
je me disais qu'il y avait matière là, mais finalement on est un peu loin du compte …): le schéma des compos est toujours le même. On tartine donc continuellement en couches épaisses un synthé cheap qui pose une mélodie relativement facile à retenir, puis une rythmique BAR-esque toujours très martiale, des touches de blabla épars posées par la voix synthétique d'un commentateur constipé, puis on noie le tout sous des litres de shred omniprésent, tour à tour hyper véloce et démonstratif, puis plus posé, plus « émotionnel ». C'est bien simple, hormis quelques passages plus typés de ci de là, on a un peu l'impression d'écouter tout le temps le même morceau cyber-épique au cours de ces 34 minutes … qui finalement sont bien suffisantes.
Bref, si l'artiste a beaucoup de talent au niveau de l'exécution, et si l'idée de mélanger les univers des guitar heroes et du jeu video de stratégie militaire était un défi osé – donc, a priori, une entreprise à saluer -, le résultat est une catastrophe sans appel.
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