Y a pas à tortiller: chez Relapse, ils ont vraiment le chic pour proposer des albums qui ont du chien, que ce soit quand ils osent des groupes iconoclastes et innovants, quand ils récupèrent le back catalogue d'artistes de référence ou tout simplement quand ils jettent leur dévolu sur un gang en apparence plus convenu. Rumpelstiltskin Grinder rentre dans la 3e catégorie, ces ricains ayant a priori tout du groupe de retro-thrash à patch et à bermuda, comme il nous en est tombé des brouettées sur le coin des baffles tout récemment. Et une fois encore, Relapse n'a pas fait d'erreur de casting…
Je dois pourtant bien avouer avoir abordé « Living For Death, Destroying the Rest », 2e album du groupe, avec une certaine appréhension. Déjà il faut bien dire que le coup du promo CD découpé en 99 plages, c'est ceinture noire 3e dan en casse-couillerie: quand on se tape le gros des écoutes sur un lecteur MP3, les morceaux sautent en gros toutes les 20 secondes. Et ça, ça refroidit aussi sûrement que d'avoir à changer à intervalle régulier des préservatifs qui n'aurait de cesse de lâcher pendant l'acte (
ce qui déconcentre pourtant encore moins, il faut bien l'avouer, que lorsque c'est la partenaire qui lâche toutes les 20 secondes …). OK, mes petites misères (
avec le promo, hein, pas avec la partenaire !) vous vous en tatouez le coude avec un fer à repasser et vous avez bien raison. Revenons à l'autre raison qui m'a fait aborder cette galette en moonwalk (
ou disons plus ou moins à reculons …): c'est cette étiquette « fer de lance de la vague revival thrash old school ». Bien que n'y ayant pas été trop exposé, ça me fatiguait d'avance de devoir subir une resucée de vieux titres vintage fossilisés par une prod' intentionnellement toute moisie. Heureusement, le groupe ne m'aura pas laissé le loisir de me nicher le museau bien au chaud sous la couette.
Le talent des « Rumpies » est en effet de réussir à offrir des morceaux qui restent foncièrement thrash (
enfin disons que c'est au moins vrai pour les 80 premiers pourcents de l'album) tout en y injectant tout un tas de pièces rapportées sympathiques: des vocaux et plans HxCx en dose raisonnable (
sinon bibi n'aurait pas suivi), des riffs black/death mélodiques à la
Dissection (
si si, un poil sur « Brainwasher C. 1655 », puis plus franchement sur « Traitor's Blood » et « Darkness Never Ending »), du rock'n'roll graisseux (
sur l'excellent « Brainwasher C. 1655 » , et plus encore sur « Friends In The Mountain, Ghouls In The Valley »), et puis des emprunts effectués auprès de toutes les branches de la famille thrash. Ainsi si « Living For Death, Destroying the Rest » s'ancre pour la plus grande partie dans un esprit « thrash ricain enjoué » remis au goût du jour, on n'y trouve pas moins des passages plus
Sodomiens (
en tempête guitaristique sur « Graveyard Vandalization », en duo avec des plans plus hardcore sur « Sewers Of Doom ») ou du thrashcore punkisant (
cf. l'hymne « Beware The Thrash Brigade»). L'autre aspect marquant de cette galette c'est la haute dose de mélodie insufflée par les guitares inspirées de Ryan et Matt. On y sent des influences heavy (
un peu de Maiden par moment sur « Friends In The Mountain, Ghouls In The Valley »), ce qui – allié à l'atmosphère occasionnellement black/death – a tantôt des réminiscences suédoises, et tantôt – quand le groupe se prend pour
Biohazard – une touche plus « metalcore sans chant clair ».
Cet album est donc une bonne petite bombinette vraiment accrocheuse, enthousiaste et enthousiasmante. Le groupe varie suffisamment le propos au sein – et entre – les morceaux pour que pas un instant on ne s'ennuie. L'approche du thrash de Rumpelstiltskin Grinder est légèrement métissée, plutôt moderne malgré une image et une attitude assez old school, cohérente et franchement convaincante. En plus le groupe fait dans la déconnographie sympathique …
Anthrax n'est pas si loin que ça, et ce n'est pas pour me déplaire! Dommage en revanche que sur les 3 derniers morceaux, le groupe ne s'éloigne un peu trop de l'esprit thrash qui lui sied si bien pour s'aventurer plus loin en terre scandinave, sans réussir par ailleurs à décrocher le pompon. Sans cette fin un peu hors sujet, je n'aurais pas hésité un instant à acquérir l'album (
parce que nom de Zeus, ces 99 pistes … !) et à placer le groupe dans mes bonne surprises de l'année 2009. Néanmoins, même en l'état, ce « Living For Death, Destroying the Rest » est un skeud très sympa, qui apporte la preuve – si cela était nécessaire – que le thrash peut encore être un genre enthousiasmant sans pour cela avoir à trop se vautrer dans le trip « Radio Nostalgie metal ».
1 COMMENTAIRE(S)
28/01/2009 21:28
"Do you want to be immortal ? "