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Ghoulunatics - Cryogénie

Chronique

Ghoulunatics Cryogénie
Pendant que vous vous faisiez rissoler la couenne à feu doux sous le soleil du Cap Ferrat, von_yaourt, mon estimé collègue Thrashocorien (non, « estimé » ne veut pas dire « qui a une haute estime de lui-même ») vous concoctait des devoirs de vacances aux petits oignons au travers desquels il vous rappelait entre autre combien la scène québécoise est – depuis maintenant une grosse poignée d'années – la tête de proue du metal technique de qualité. La minéralité particulière des nappes phréatiques nord-américaines, le moelleux des chaussettes en poil de caribou, les petits déj' à base de tartines sirop d'érable / beurre de cacahuète: chacun à son explication sur les causes de ce phénomène. Mais le constat est là: mâtin, en ces lointaines (vues de Paris) contrées, ça grouille de bons groupes et de zicos qui – bravant les chutes vertigineuses du mercure – ont oublié de porter des moufles! Dans ce vivier de combos talentueux, il en est (au moins) un à côté duquel j'étais complètement passé malgré ses 14 années d'activité, ses 5 albums et sa cessation d'activité relativement récente: je veux bien entendu parler de Ghoulunatics – vous vous attendiez à quoi, c'est pas la chronique de « None So Vile » que vous êtes en train de lire, tabernac'!?

En même temps le groupe ne s'inscrit pas vraiment dans la scène susmentionnée, sa musique ne méritant ni le préfixe « techno- », ni le qualificatif « technique ». Le groupe propose plutôt une version assez personnelle d'un thrash/death mid tempo très fortement teinté de rock'n'roll crassouille et agrémenté de pointes de punk. Et pour se singulariser un peu plus, sur cette ultime galette sortie chez Galy Records - le gai label -, les goules (promis j'arrête les guili-guilis allitératifs) s'offre un dernier challenge: la totalité de l'album est « chantée » (ou plutôt gargouillée) dans la langue de Courtemanche. Cette démarche québéco-francophone appuyée peut sans doute s'expliquer par le fait que seule sa patrie d'origine lui a jamais vraiment prêté attention … Dans ces conditions pourquoi s'emmerder à tenter de s'adapter à un public qui fait la sourde oreille, hein, je vous l'demande? En tout cas ce choix se traduit derrière le micro par un flot de vociférations acides évoquant aussi bien une version venimeuse de SAS de l'Argilière (Misanthrope) qu'un démon black metal s'étant mis au Jack Daniel'n'roll. Côté prod', on retrouve l'une des pattes québécoises ayant réussi à se faire un nom à l'international, autrement dit Mr Pierre Rémillard himself. Celui-ci a concocté un son à la fois poussiéreux, lourd et croustillant, loin des grosses prod' à paillettes, mais qui permet néanmoins de bien profiter de la prestation des quatre musiciens tout en contribuant activement au développement de la patte si particulière du groupe.

Ce sympathique tableau, ajouté aux on dit et autre farouche prosélytisme mené notamment par un vénérable chroniqueur d'un webzine concurrent, vous auront peut-être mis dans de favorables prédispositions, comme je l'étais moi-même avant que la moindre note ne vienne violer le sanctuaire de mes chastes oreilles. D'où – phénomène classique quand on vous chauffe un peu trop sur un film / un album / une fille « trop canon tu vas voir c'que tu vas voir ! » … – d'où, disais-je, une légère déception une fois confronté à la réalité. En effet en lieu et place de la déflagration fatale attendue, l'album s'ouvre sur un brelan de titres plutôt sympathiques, mais un peu lourds, voire poussifs, qui ne décollent en tous cas jamais vraiment et laissent sur une morne impression de « mouaif … » peu enthousiaste. Par contre dès « Monstrueusement vôtre », le groupe se met à adopter une attitude punky bien plus véloce et enjouée, sans prise de tête, et là la sauce se met à prendre vraiment. Les goules poursuivent l'effort sur un « Engrenage » légèrement moins tubesque que son prédécesseur mais tout aussi sympathique, toujours dans un esprit bien punk. Puis rupture un peu brutale avec « Cryogénie », morceau qui revient à des tempos plus lourds et une coloration plus sombre… Mais ô joie, pas de retour à la morosité du début de l'album, le groupe réussissant brillamment à nous convaincre du bien fondé de cette parenthèse lugubre et poignante, bâtie sur de solides fondations toutes de guitares abrasives rappelant de loin en loin la rugosité d'un Illdisposed. « Guerrier Pixélisé » se pose ensuite (Oui je sais, je fais quasiment dans le track by track, vous voudrez bien m'excusez cette facilité ...) comme le morceau le plus foncièrement death de l'album, le riff à 0:24 ayant un petit goût certain rappelant celui positionné de façon quasi-similaire au sein du légendaire « Land of Tears » de Pestilence, riff qui aurait toutefois été revu, simplifié et alourdi à la mode grassement old school du Unleashed des débuts. Dernière véritable pépite de l'album, aussi groovy que simple et entraînante, « L'Invité » se pose comme le tube de l'album au coude-à-coude avec « Monstrueusement vôtre ». Dès l'entame du morceau, l'auditeur se fait chopper vigoureusement par la nuque et l'étreinte ne cesse qu'après 3:15 minutes d'assouplissement intensif des cervicales. L'album se termine enfin comme il a commencé, sans éclat ni gros incident de parcours, sur ce genre de morceaux qui font passer agréablement les minutes tout en vous coulant dessus sans laisser vraiment de traces.

Constat final: bien qu'un peu inégal en terme d'impact – et donc pas suffisamment irréprochable pour que je crie au génie (je dois être pas loin de la 3511e personne à la faire celle-là …), « Cryogénie » n'en constitue pas moins un respectable point final à la carrière des Ghoulunatics. Quand on pense que la rumeur prétend que « Sabacthany » et « King of the Undead » sont encore meilleurs que cette galette, ça a de quoi faire saliver les oreilles les plus arides! Dommage que les québécois aient décidé de fermer définitivement leur goule … Il ne me reste plus qu'à remonter le temps et partir explorer le back catalogue du groupe en attendant - qui sait - une décongélation prochaine.

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2 COMMENTAIRE(S)

cglaume citer
cglaume
17/09/2009 00:02
Ant1 a écrit : Ça fait un moment que je cherche cet album.

Perso ce sont les soldes qui me l'ont amené pour 3 fois rien dans ma besace.
C'te veine !

Ant1 a écrit : En tous cas, comme tu dis dans ta chro, Cyril, Sabacthany déboite à mort !

Il va falloir que je vérifie ça !!!
Ant1 citer
Ant1
16/09/2009 21:47
Je ne connais que "Monstrueusement Vötre", sur cet album...
Mais qu'est-ce qu'elle est bandante ! Ça fait un moment que je cherche cet album.
En tous cas, comme tu dis dans ta chro, Cyril, Sabacthany déboite à mort !
Ghouls fuckin' rule !

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Ghoulunatics
Thrash/death'n'roll
2006 - Galy Records
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs :   -
Webzines : (2)  6.75/10

plus d'infos sur
Ghoulunatics
Ghoulunatics
Thrash/death'n'roll - 1994 - Canada
  

tracklist
01.   Exérèse
02.   1412 De Maline
03.   Raz-De-Mariage
04.   Monstrueusement vôtre
05.   Engrenage
06.   Cryogénie
07.   Guerrier Pixélisé
08.   L'Invité
09.   Éclats de Cerveau
10.   Vox Clamatis in Deserto

Durée : 33:31

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