La Suisse a beau être un tout petit pays coincé entre plusieurs poids lourds, elle a vu naître des groupes cultes comme Hellhammer, Celtic Frost ou Messiah. Aujourd'hui, la scène métal extrême helvétique n'a plus le même rayonnement mais s'en sort quand même plutôt bien avec des combos talentueux comme Requiem ou Cropment. Sans oublier le Mountains Of Death, l'un des festivals brutal death les plus importants d'Europe. C'est de cette belle contrée montagneuse que débarquent Bodysnatch (une référence probable au film de 1956
Invasion Of The Body Snatchers) et son EP
Universe Of Gory Tales, toute première sortie du trio.
Avec un nom pareil et une pochette fort goûtue, difficile de ne pas comprendre que l'on va avoir affaire à du death metal. A un énième groupe de brutal death j'ai même envie de dire sans enthousiasme. Sauf que Bodysnatch se permet quelques incartades qui font tout l'intérêt de cet EP. Car au départ, le trio a simplement pour objectif de rendre hommage à la scène new-yorkaise des mid-90s, ce death metal si particulier plein de groove et d'influences hardcore, un peu à la manière d'un Hatred For All. Si Internal Bleeding, Repudilation, Skinless et autres Dehumanized vous font saliver, alors Bodysnatch pourrait combler vos désirs d'un NYDM géniteur du futur slam death. D'ailleurs les Helvètes n'hésitent pas à injecter quelques doses de Devourment nouvelle génération dans leur mixture old-school. Plutôt proto-slam que foncièrement slam, le death de Bodysnatch se veut groovy, lourd, puissant et écrasant, déversant sa bile plutôt dans du mid-tempo grassouillet, appuyé ou saccadé que par des blasts incessants, malgré quelques accélérations de double et la présence de blast-beats sur "In The Chamber Of Anger". Et là on en vient à l'un des gros défauts de l'album, le son de la batterie, en fait une boîte à rythmes même si ce n'est pas explicitement indiqué. Trop mécanique, trop peu naturel et en plus mixée trop en avant, la BAR est indubitablement le point faible de l'opus. Quand on sait que des one-man bands comme Syphilic, Putrid Pile ou Bloodsoaked nous sortent des sons de batterie ultra naturels, il n'y a aucune excuse. C'est cela dit un couac qu'il sera tout à fait possible d'éviter à l'avenir et qui n'impacte pas trop le talent du groupe. Un talent très prometteur car si la musique de Bodysnatch ne semble pas très originale au vu de la description, il en est tout autre lors de l'écoute.
On remarque déjà une durée de vie peu courante pour le style. Trois morceaux, dix-huit minutes, soit six minutes par piste. Si Bodysnatch ne fait évidemment pas dans le progressif, la formation essaye quand même de proposer des morceaux travaillés et aboutis qui n'omettent pas de retenir une atmosphère grâce à des passages lents plus ambiancés. Une variété bienvenue parce que la plupart des riffs du guitariste Duri Camenisch, malgré leur efficacité catchy, ne sont pas non plus extraordinaires car trop banals. Autre point important, l'incorporation de soli sur "Crypt Of Gore" et "Universe Of Gory Tales", chose exceptionnelle pour un style tourné d'habitude vers la rythmique pure et dure. Pas de quoi crier au génie non plus mais voilà en tout cas une très bonne idée qui permet à Bodysnatch d'apporter quelques chose de plus que la tripotée de groupes évoluant dans un style proche. Le combo de Chur enfonce le clou avec la mise en valeur prononcée de la basse de Gioni Alig qui semble avoir un background varié si l'on en juge par son jeu slappé étonnant. Comment dès lors ne pas évoquer le break surprenant de "Crypt Of Gore" sur laquelle une basse funky qui rappelle l'intro d'"Unborn Again" d'Exhorder vient donner une leçon de groove et de feeling?! Jouissif! Pas vraiment original par contre mais l'un des gros atouts des Suisses: la voix puissante, grasse voire glaireuse mais à peu près déchiffrable de Livio Wellinger qui se permet même de diversifier son registre contrairement à la plupart de ses confrères.
Toutes ces petites choses font de
Universe Of Gory Tales une très bonne surprise et de Bodysnatch un jeune groupe prometteur qu'il faudra surveiller, en espérant qu'il y ait une suite rapide à cet EP 3 titres très plaisant mais bien trop court. Un full-length intitulé
Insights Of A Rotten Theatre devrait sortir en fin d'année d'ailleurs. Entre death metal new-yorkais et slam death, Bodysnatch combine groove et brutalité, tradition et modernité pour un rendu des plus alléchants qui n'attend que vous pour se faire connaître. Allez, on se bouge!
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