Spectral Mortuary - Total Depravity

And God saw that the wickedness of man was great in the earth, and that every imagination of the thoughts of his heart was only evil continually. (Genèse, chapitre 6, verset 5)


Comme quoi, il n'y a pas que des conneries dans la Bible! Car cette citation du livre sacré qu'on retrouve sur le livret et sur l'outro du dernier morceau "Strychnine Hill" est plus que jamais d'actualité. Elle représente aussi très bien l'ambiance de ce deuxième full-length des Danois de Spectral Mortuary, Total Depravity. Si vous suivez bien, ce nom devrait vous dire quelque chose. Rappelez-vous de ma chronique du dernier album de The Cleansing. La conclusion conseillait plutôt l'opus de Spectral Mortuary pour du death metal danois de qualité. 2012 venant déjà de démarrer et le sacro-saint bilan annuel approchant à grand pas, il devenait donc urgent de s'intéresser à ce groupe peu connu qui, je l'espère, fera davantage parler de lui après ce Total Depravity foutrement bonard.

Comme ses compatriotes, Spectral Mortuary a sorti son nouveau disque il y a quelques mois sur le label américain Deepsend Records. Et le moins que l'on puisse dire c'est que la musique du quintette scandinave se fond parfaitement dans le reste du catalogue. Pour simplifier, disons que Total Depravity aurait très bien pu être le deuxième album de Diluvian si les Français avaient pris une tournure plus brutale et evil à la Fleshrot en éradiquant tous les résidus core. C'est flagrant en particulier au niveau de la voix growlée du chanteur Morten Jørgensen, au passage compositeur principal, très proche de celle de Trivette. Cela devrait en tout cas vous donner une petite idée de la qualité de ce Total Depravity. Le combo d'Odense nous balance donc un brutal death moderne de haute volée qui rappelle la scène polonaise d'aujourd'hui et un peu Morbid Angel pour certains riffs ("Found In Feces" à 0'20 et "Defects Of Depravity" à 0'15 notamment). Un brutal death qui sait faire la part des choses en proposant des plaisirs divers et variés, de la brutalité la plus destructrice aux plages plus mélodiques et ambiancées. Mais avec l'ancien batteur de Exmortem, le redoutable Morten Siersbæk, l'aspect brutal prend souvent le dessus. Remarquez, je vous dis ça mais le bonhomme a composé "Torturous Attainment", soit le morceau le plus calme de l'album puisque bâti sur un mid-tempo à l'ambiance presque aérienne! Quoiqu'il en soit, on ne se plaindra pas du surplus de brutalité tant ça fait du bien par où ça passe (c'est à dire les oreilles, à moins que vous ne vous mettiez les écouteurs dans le cul!). Spectral Mortuary aime bourrer donc et pour le montrer, il s'est offert une production claire et puissante, en tout point exemplaire pour un album de brutal death moderne. Et la batterie a le bon goût de ne pas sonner plastique comme une boîte à rythmes, c'est assez rare pour le souligner! À noter en plus que le mix et le mastering ont été réalisés par un certain Dan Swanö.

Vous aimez les blasts? Vous aimez les riffs bouillonnants bien méchants? Total Depravity sera votre ami puisque la formation nous livre tout un tas d'excellents riffs véloces et sombres sur fond de blast-beats mitrailleurs (carrément des gravity sur "Lapidated" à 0'30, "Purulent Mass" à 0'19, "Defects Of Depravity" et "Compulsory Decimation" dans leur ensemble puisqu'il s'agit des morceaux les plus courts et moins subtils...). Mais si ça défouraille la plupart du temps, Spectral Mortuary n'oublie jamais de se faire un minimum mélodique, même sur les séquences les plus traumatisantes. La sauvagerie ambiante se trouve de toute façon régulièrement aérée par des ralentissement de tempo ("Absorbing The Bloodline" à 1'08 auréolé de petits sweeps, "Time To Decay" à 2'02, "Purulent Mass" à 1'02 sur un bon riff mélodique suivie d'une lead sur le même thème, "Bestial Sanctity" à 0'40 en saccades ou à 2'12 accompagné d'une lead discrète, "Found In Feces" à 3'02 plus gras et lent sur un long growl, etc.), des solos chaotico-mélodiques ("Bestial Sanctity" à 3'57, "Found In Feces" à 1'32, "Lapidated" à 3'12, "Compulsory Decimation" à 1'27, "Strychnine Hill" vers 2') ou des touches dissonantes ("Time To Decay" à 0'56 et à partir de 2'23 pour une fin plus légère entre autre).

Pour faire court, Total Depravity est donc une nouvelle très bonne surprise. Spectral Mortuary a très bien compris comment devait sonner un groupe de brutal death moderne: brutal et puissant mais sans oublier la mélodie, l'ambiance et les changements de tempos. Les Danois proposent tout ça dans des morceaux de 3-4 minutes d'une efficacité redoutable qui naviguent avec brio entre démonstration de force à coups de blasts et de riffs virulents et moments de relâchement aux rythmiques plus modérées. On appréciera aussi l'atmosphère evil et les nombreux tremolos menaçants. Pas de défaut majeur à signaler, simplement quelques petits coups de moins bien (un "Bestial Sanctity" fort sympathique mais un peu trop saccadé par exemple) qui n'empêchent toutefois pas l'opus d'agripper une place dans le bilan de fin d'année dans la catégorie tuerie qu'on n'attendait pas.

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