Baalsebub - Procedure Of Emasculation
Chronique
Baalsebub Procedure Of Emasculation (EP)
C’est marrant comme nos humeurs nous dictent souvent nos écoutes musicales. Personnellement lorsque je suis en pleine forme voire que je frôle l’épisode maniaque, j’ai souvent envie de m’envoyer mes penchants les plus brutaux dans les oreilles. J’ai donc à cet effet ressorti dernièrement cet EP/compile des Estoniens de Baalsebub. Il est fort probable que, comme moi avant de tailler le bout de gras avec Vad (boss du label russe Ungodly Ruins Productions), vous n’ayez jamais entendu parler du groupe ce qui en soi n’est pas étonnant vu que leurs sorties se résument à l’heure actuelle à un EP (« The Great Plague ») sorti en 2013 et un single (« Procedure Of Emasculation ») en 2014, regroupés tous les deux sur ce cd du même titre. Kapisch ? Qui plus est vu que le premier album est prévu pour la fin du mois, je me disais que l’occasion était bonne pour vous présenter ces quatre joyeux lurons adeptes de ‘’brutal medieval death metal’’.
Enfin ‘’joyeux lurons’’ façon de parler parce que vous risquez bien de ne pas rigoler très longtemps à l’écoute de ce qui s’apparente bien plus à un énorme coup de masse d’armes dans la couenne qu’à une amicale tapette sur la joue. D’ailleurs la pochette et l’étiquette ci-dessus vous auront peut-être évoqué les récemment reformés Brodequin et vous n’auriez pas vraiment tort. Sur l’image comme sur le son les natifs de Tallinn se rapprochent allègrement de ceux de Knoxville, partageant cet amour de la finesse, de la mélodie savamment placée et du bon goût en règle générale. Baalsebub vous propose donc ici une séance de torture d’un gros quart d’heure à base de riffs de bûcheron sadique sur fond de blasts beats frénétiques à vous faire passer un marteau-piqueur pour un mignon rossignol. Certes les premières écoutes vous laisseront pantois par tant de brutalité revendiquée (et également par une prod bien raw, nous y reviendrons) mais l’aspect ouvertement et radicalement frontal du groupe finit par en posséder un côté addictif voire aliénant. Et même si le quatuor se permet quelques ralentissements vicieux vous permettant de reprendre votre souffle pendant quelques secondes ce n’est que pour mieux vous achever sur un gravity blast en mode ‘’finish him’’. Sans pitié ! S’il est évidemment incongru d’évoquer ici une quelconque affaire de mélodie, notons toutefois l’approche peut-être un poil moins barbare d’une « The Great Plague » qui pourrait presque contenir en son sein un début d’embryon d’esquisse de notes apposées pour faire joli. Et puis quand bien même une once de mélodie pointerait le bout de son nez elle serait quoiqu’il arrive déchiquetée par les saillies vocales ultra-gutturales d’un Aivar Keermann aussi accueillant qu’un ours brun dérangé en pleine dégustation d’un panier fruits & légumes du primeur du coin. Ultra guttural donc, gruik gruik, breuh breuh, ree ree, croak croak et tous leurs amis rempliront donc votre soif de sensations fortes tout au long de ces cinq titres dont les quelques samples vous laisseront aisément imaginer qu’ils n’évoquent pas spécialement les champs en fleurs autour d’une tablée d’amis enjoués ou la contemplation des œuvres de Jan Beagert. Sans pitié je vous ai dit !
Avouons que pour profiter pleinement de cet atelier écartèlement/empalement/viergedefer/taureaudairain/jenpasseetdesmeilleures (choisissez votre mise à mort) il vous faudra laisser de côté toute subtilité et vous accommoder d’une production à l’image de tout le reste : sans fioriture ni finesse aucune, sèche, rugueuse et aussi douce qu’un cilice rouillé. Bon j’exagère un peu mais il vous faudra peut-être tendre un peu l’oreille pour distinguer le riffing dans cette avalanche blasts/growls impitoyable (en particulier sur le titre éponyme au son de caisse claire un peu irritant, l’EP « The Great Plague » bénéficiant d’un son plus clément avec des guitares bien plus grassement généreuses). Bref vous savez où vous mettez les pieds et en tout état de cause vous ne liriez pas encore ces lignes si ce n’était pas le cas. Baalsebub fait donc probablement partie de ce qui se fait de plus brutal sans quitter le champ de l’écoutable. Si la reformation de Brodequin vous a donné une demie-molle faites donc l’effort de jeter une oreille ou deux sur ce « Procedure Of Emasculation » qui risquerait bien d’assouvir vos penchants les plus bas, en attendant le premier full length « The Sickness Of The Holy Inquisition » à la fin du mois. Sans pitié !!
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