Il y a comme ça des CDs promo qui n'inspirent pas franchement confiance. Et « Eraser » fait justement partie de cette engeance qui, de prime abord au moins, donne envie de s'en retourner chroniquer un bon vieux classique plutôt que cette nouveauté dont la « date de fraîcheur » est déjà située 4 bons mois en arrière. Faut dire aussi que la pochette (
pourtant signée Joe Petagno, Monsieur Cover chez Motörhead et Pretty Maids) sent à plein nez la bande de loosers teutons, ou de quinquagénaires ‘achement méchants livrant à la face du monde leur 13e album de true power metal from hell. Et le nom du groupe est à l'avenant, dans la catégorie demi-finaliste au championnat des plus beaux patronymes de groupe metal 80's de 3e zone. Mais ce qui m'a fouttu le plus les pétoches, c'est encore le discours promotionnel s'attelant à marteler 3 points qui auraient dû en toute logique rester annexes: 1) le mixage est signé Fredrick Nordstrom (
t'as vu comme elle est grosse ma couche de vernis?) 2) la pochette est – donc – signée Joe Petagno (
t'as vu comme il est joli le paquet cadeau?) 3) Revengia est l'ex-« projet » (
ouawh … trop sexe!) d'une relative célébrité au CV très fourni, Daniel Erlandsson, batteur chez
Arch Enemy (
t'as vu comme il y a du beau monde ici? Hum … il y avait plutôt). OK, mais euh … et le groupe? L'album?
Heureusement, plus de peur que de mal au final. Bon, c'est vrai que la old school touch initialement pressentie est bien au rendez-vous, mais « Eraser » n'est pas non plus le pétard mouillé d'un groupe de permanentés sur le retour. Non, ce groupe suédois propose un album de thrash à l'ancienne – et là je vous arrête net: encore plus « à l'ancienne » que ce que propose tous ces groupes de la vague revival thrash qui font pleuvoir les riffs furibards et les patchs rétro comme d'autres les pellicules sur leurs épaules. Ce thrash à l'ancienne – donc – est plus heavy que speedé, plus rock que punk, et est encore pétri de références aux grands frères de la NWOBHM. C'est que ça y va les refrains poignants et les twin guitares, et on pense souvent à ces premiers albums de thrash qui n'avaient pas encore coupé le cordon d'avec la scène heavy. Ah ça, de leurs origines suédoises, à part le bon gros son Nordstromien, et contrairement à ce que j'ai pu lire de ci de là, pas ou peu de trace, si ce n'est quelques passages un peu plus typés extrêmes. Et encore, cet aspect est en grande partie à imputer à Tobias Gustafsson, chanteur dont le registre couillu se situe à la croisée de la chaleur virile de Hansi Kürsch (
Blind Guardian ), de la hargne teigneuse d'un James Hetfield dans son registre le plus rock'n'roll et d'une rugosité plus foncièrement thrash, mais qui a également une capacité toute Chuck Billyenne à aller s'enrauquifier les cordes vocales au point de venir tâter du simili-grunt.
Tiens, et puisqu'on est sur la bande à Chuck, restons-y: à l'écoute de « Sweet Dreams », on (
enfin …: je!) ne peut s'empêcher de penser au
Testament de « Practice What You Preach » et « Souls of Black », qui avait appris à ralentir le tempo, à s'assombrir et à sortir les bonnes grosses mélodies juste là où ça fait du bien. Et puisque le groupe nous invite – plus ou moins volontairement, à voire avec les interressés – à un véritable pot pourri du metal des 80's, adonnons-nous au jeu du blind test. Bon « Sweet Dreams » c'est fait. « Holy Lies » … Attendez voir: cette dimension épique, cette mise en condition introductive à base de touches médiév-orientales, cette grandiloquance, ce gros refrain juteux: mais oui, c'est bien du
Blind Guardian recouvert d'une cotte de mailles thrashy (
Bon j'abuse hein: c'est quand même moins ambitieux …)! Penchons-nous sur « Whore » à présent: yeah, on passe en mode division blindée supersonique, ça fuse sur même pas 3 minutes, la basse ronronne comme une folle à 1:15 … Si c'était un brin plus evil (
notamment au niveau du chant), on pourrait penser à du
Sodom. Et le summum du tribute track est atteint sur « Back to Hell », melting pot fourmillant où l'on passe son temps à ce dire « Merde, attends, je connais ça. ‘tain ça va me revenir ou bien? ». Genre le riff à 0:10, c'est quoi déjà: un vieux
Megadeth c'est ça? Et ce final là, à partir de 4:56, puis la touche à 5:14, c'est pas possible, j'ai déjà entendu ça quelque part. C'est du
Metallica non?
Vous l'aurez compris, avec « Eraser » on est en terrain connu, d'autant plus que le groupe a bâti son track listing selon les règles de l'art. Ainsi, au milieu de tout ce heavy/thrash mélodique, il place une ou deux « ballades » (
gros guillemets quand même) bien sombres (
« Deny » et « Pain »), un titre parpaing dans ta face (
« Whore »), un morceau plus épique (
« Holy Lies » ) et plein de bons petits morceaux efficaces, limite tubesques – « Sweet Dreams », « Life » – dont un gros hit mélodique et fonceur en clôture d'album – « Prince of Darkness » et son riffing qui tape directe dans la case à jouir du métalleux normalement constitué – afin de laisser les chevelus avec une bonne grosse banane en travers de la trogne.
Bref, fans de heavy/thrash façon c'était-mieux-avant-mais-avec-un-poil-de-réactualisation-ça-va-le-faire-aussi, cet album est pour vous! Le reste de l'assistance trouvera l'album bien sympa, mais peut-être un poil trop « Radio Nostalgie », du genre on le garde dans la CD-thèque, on en a une bonne impression, mais on ne le ressortira qu'en des occasions très ciblées, comme pour faire ami ami avec des métalleux de 15 ans nos aînés par exemple …
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène