Jack Slater - Extinction Aftermath

« Dis papa, pourquoi que la radio de la voiture elle fait un bruit bizarre comme ça?
- Ce n'est pas la radio ma chérie, c'est l'un des CDs de papa.
- Ah bon? C'est drôle dis donc! C'est quoi?
- Euh … On appelle ça du Death Metal ma puce, et le groupe qui joue là, il s'appelle Jack Slater.
- Je le connais Tom Slawtyer: c'est le copain de Uncle Bière HiFine! ** entonne à tue-tête ** Il est néééé sur les bords du fleuve Michi-chipi, Tom Slawtyer c'eeeeeest pour nous tous un amiiiiii …
- Pas Tom Sawyer: Jack Slater ma chérie. En plus d'être le nom du pseudo super héros joué par Schwartzy dans « Last Action Hero », c'est le nom d'un groupe allemand qui fait du Death Metal depuis 15 ans et qui a déjà 3 albums à son actif.
- Et c'est quoi le Desse Mitôle papa?
- Eh bien, c'est de la musique – un peu comme sur ton CD de Chantal de Goya –, sauf que les musiciens jouent beaucoup plus vite, et beaucoup plus fort …
- Et qu'il y a un monstre qui chante!
- Voilà, c'est ça … Une autre sorte de monstre disons.
- Ça fait un peu mal à la tête quand même.
- Faut dire que là on écoute « Resser Frednik », et que tout le long du début ça blaste et ça pond des harmoniques sifflées bien stridentes … Mais écoute là ** joue avec les boutons de l'autoradio **: tu vois, vers 3:45 sur « Pheromon » c'est plus doux, plus aéré, plus mélodique, et avec l'arrivée de cette lead, on pourrait presque croire, pour peu qu'on soit un peu bourré, que c'est finlandais.
- Faladin, comme l'amoureux de Jasmine?
- Non, finlandais, comme le Père Noël.
- D'accord… Ah, là j'aime bien cette chanson: c'est plus lent, plus gentil.
- « Funkenflug »? Mouais … C'est plus lourd, ça traîne un peu la patte ... C'est justement un des morceaux faiblards de l'album à mon sens. Y a bien un riff final qui rappelle un peu le Sodom de « Agent Orange », m'enfin ça ne suffit pas à rattraper le coup …
- Sodom? C'est quoi?
- Euh ** gloups **…. Mais si, tu sais, Sodom Hussein, c'est le vilain monsieur qui habitait en Irak! Mais prête donc plutôt attention à la musique: tu entends, ça change encore de style?! Ces saccades qui donnent l'impression d'entendre des bûcherons débiter du chêne à la guitare, c'est typique d'un groupe appelé Decapitated (sur « 4 8 15 16 23 42 »). D'ailleurs, nos allemands semblent être particulièrement fans de groupes polonais, vu qu'ils s'en retournent régulièrement vers une approche rappelant les groupes du cru. Tiens, par exemple là, sur le début de « Dysthymia »: l'attaque vocale à deux voix fait penser à Trauma sur « The Loneliest » … Leur passage aux Hertz studios a laissé des marques semble-t-il …
- ** se désintéresse complètement du sujet. Regarde le paysage par la vitre ** Mmmhhh …
- Par ailleurs le groupe apprécie manifestement le metal plus moderne, et nous balance régulièrement de la saccade en veux-tu, de la syncope en voilà, jusqu'à aller carrément déborder sur les terres du mathcore le plus hystéro. De temps à autres d'ailleurs, ce penchant pour l'expérimentation propre aux groupes d'algèbre metal aboutit sur de bonnes petites trouvailles, comme cette mosh part sur laquelle le riff qui tourne part en fin de cycle dans des aigus qui deviennent digitalement mais néanmoins sympathiquement glaireux (à 1:41 sur « Martyr »).
- ** manifeste des signes d'agacement ** Papa, on arrive quand?
- ** en mode « dans sa bulle », réponse automatique ** Bientôt ma chérie. En fait tu sais, le truc de Jack Slater, c'est de mixer joyeusement tous les types de metal deathisant. Le groupe peut partir dans une débauche technique à la Necrophagist, comme il s'en retournera avec plaisir dans les mid-tempo rampants et dissonants d'un Morbid Angel. Et puis paf, du groove, une grosse patate blastée et des vocaux qui virent un brin plus urbains: on retrouve de faux airs de Benighted en version core au détour d'« Omniscience ». Et puis comme je te disais, du mathcore, du metal moderne, des sonorités polonaises …
- Ça j'aime bien, les spaghettis à la polonaise!
- A la « bolognaise » ma puce. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que pour assurer dans tous ces registres, le groupe fait preuve de solides compétences techniques, que ce soit du côté des gratteux comme au niveau de la batterie ou de la basse: pas un poste n'est occupé par un manchot. M'enfin ça ne justifie pas non plus le qualificatif « technique » mis un peu trop en avant dans la comm' du groupe.
- ** commence à trépigner ** Papa, dis, on arrive bientôt?
- Ça vient ma louloute, ça vient. En attendant tu sais, cet « Extinction Aftermath » n'est pas l'album du siècle: il s'éparpille un peu trop pour ça et ne propose pas de morceau véritablement référentiel. N'empêche qu'il offre une parenthèse sympa et un bon petit panorama de la scène death actuelle. En plus de ça, on peut y grappiller tout plein de moments sympathiques, notamment sur la seconde moitié du morceau éponyme qui nous ballade entre mosh grasses de chez grasses, basse bavarde, batterie crépitante et superbe complémentarité de la lead et de la gratte rythmique, martelée « à la moderne » dans un judicieux effet de décalage (à partir de 2:35). Bref, sympathique ce Slater …
- Déjà Slater? ** geignements ** Mais papa, il y a mes dessins animés à 6 heures …!!! Je veux voir Titeuf!!
- Moi je crois plutôt qu'on va arriver à Slater et demi. J'espère que tu n'as pas trop envie de faire pipi ma chérie?
- Euh … Plus trop non, ça va … ** gloups **
- Putain non: les sièèèèèèèèèèges!!!!!!»

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