Sirenia - The 13th Floor
Chronique
Sirenia The 13th Floor
La sortie du cinquième album de Sirenia étant prévue pour janvier 2011, je me disais qu'il serait bien de combler mon retard pris depuis 2007 afin de pouvoir suivre l'évolution du groupe au fil des ans. Quelle conscience de chroniqueur me direz-vous (et je ne pourrais que plussoyer), d'autant plus que
"Nine Destinies and a Downfall" fut plus une déconvenue qu'une bonne surprise. Deux ans après cette sortie plus que moyenne et une nouvelle chanteuse plus tard, le père Veland remet le couvert en nous proposant une visite guidée de son palais... palais où l'on cherche désespérément les sorties.
Je ne compte pas m'étendre sur cet album qui s'inscrit malheureusement comme la suite logique de son prédécesseur. Avec Tristania et les débuts de Sirenia, Morton Veland fut un des premiers à explorer les possibilités du metal gothique symphonique, aboutissant à des oeuvres qui ont marqué le style telles que "Beyond The Veil" (Tristania) ou
"At Sixes And Sevens". Mais depuis quelques années, l'homme semble se reposer sur ses lauriers en nous servant un metal gothique de seconde zone qui puise allègrement dans les réserves d'un riche passé. "The 13th Floor" ne renversera pas la situation tant il représente à lui seul, tout ce que l'on peut faire de plus bateau dans le style, accumulant clichés sur clichés le long de ces 9 morceaux. Dans sa valse des chanteuses (décidément, Morton a du mal à garder une femme), le groupe s'est cette fois-ci arrêté sur la jeune espagnole Pilar Giménez García (alias "Ailyn"), candidate à la version locale de X-Factor (mais pas vainqueur), à la voix au moins aussi transparente et impersonnelle que celle de Monika Pedersen. Cette dernière nous offre ici une prestation à la hauteur des compositions, délivrant autant de passion et d'émotion qu'un film de John Woo. Chaque chanson est ultra prévisible, construite sur le même schéma couplet/refrain/break et possède toujours un petit refrain mignon, de petites mélodies sympas et vaguement mélancoliques ainsi que de grosses rythmiques saturés qu'on ne soit pas tenté de dire que ce n'est pas du metal. Mais le plus consternant, ce sont sans doute les piètres efforts du groupe pour donner de la profondeur et une dimension épique (voir tragique) à une oeuvre qui ne décollera pas à un seul moment : j'ai rarement entendu une utilisation des choeurs et des instrumentations aussi maladroite, sans parler des sonorités miteuses de l'orchestre de claviers, et des rares solos dont l'absence n'aurait pas gâché l'ensemble. Reste au final quelques petits riffs potables, quelques rares passages où l'on se dit qu'il y aurait peut-être un espoir, notamment où Morton reprend sa grosse voix et le metal ses droits.
Pire ou moins pire que
"Nine Destinies and a Downfall" ? Là n'est pas franchement la question. Sirenia est en roue libre et s'enferme album après album, dans une musique destinée à une tranche d'âge en baisse qui pourrait se satisfaire d'une musique racoleuse, creuse et simpliste. "The 13th Floor" se révèle totalement insipide, sans personnalité, sans émotion, une série de morceaux lisses et sans âme en résumé. Moi qui pensais que Tristania s'était condamné avec le regrettable "Rubicon", ils semblent finalement pondre encore des chefs-d'oeuvre comparés à leurs compagnons de fortune. C'est bien beau de nous monter jusqu'au treizième étage, mais maintenant je crois qu'on est assez haut pour sauter.
| Dead 26 Novembre 2010 - 1538 lectures |
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