Beseech - Black Emotions

Beseech est un de ces rares groupes de metal gothique qui ont su développer une véritable identité selon moi. Bien que la base de leur style n'ait rien d'original, l'atmosphère éthérée et mélancolique dégagée par leur musique parvient à véhiculer assez d'émotions pour laisser bon nombre de formations loin derrière. Toutefois, le niveau de "Souls Highway" n'a pas été atteint du premier coup : formé en 1992, le combo suédois a sorti plus de 3 démos et 2 albums auparavant, dont ce "Black Emotions" qui précède leur album le plus populaire de 2 ans.

En découvrant récemment ce second album, je me suis rendu compte que la meilleure chose qu'ait pu faire Beseech au cours de sa carrière, c'est de recruter Erik Molarin au chant en 2001. Avant cela, le groupe comptait déjà un duo de chant mixte tenu par l'exceptionnelle Lotta Höglin (une fois de plus irréprochable) et un certain Jörgen Sjöberg, ce dernier occupant une place plus que prépondérante dans leur musique en assurant les 75% des parties vocales (si ce n'est plus). Malheureusement, là où Erik et Lotta subliment les compositions par leur complémentarité sur l'album suivant, le petit Jörgen aurait plutôt tendance à plomber l'ensemble, son chant poussif et peu expressif n'apportant qu'une puissance toute relative à un style majoritairement basé sur la sensibilité. Car musicalement, "Black Emotions" ne laisse planer aucun doute concernant sa parentalité tellement tout ici ressemble à du Beseech, aussi bien dans les mélodies, dans les arrangements que dans l'ambiance générale. L'album se base toujours sur des compositions aux structures simples misant sur un style direct et efficace, et alterne morceaux violents (toutes proportions gardées) et atmosphériques. Même si l'on est encore loin des tubes du petit frère ("Illusionate", "Fiction City", ...), le groupe parvient sur la durée à tirer son épingle du jeu par quelques éclairs de génie (un refrain imparable, un divin placement de Lotta, une magnifique mélodie...), la plupart du temps noyés dans un ensemble assez moyen. D'ailleurs, aucun titre ne se démarque réellement par sa qualité sur les 10 que compte l'album, chacun étant gâché à un moment ou à un autre par le chant ou des mélodies peu marquantes ; au final, seules les instrumentales aux claviers ("Universe" et "Black Emotions") ne souffrent d'aucune faute de goût...

Alors avec un tel constat, pourquoi 6/10 me direz-vous ? Parce que mine de rien, pour un album qui célèbre cette année une décennie, "Black Emotions" reste actuel et possède une réelle personnalité qui lui donne un certain charme. Il ne sera sans doute pas l'album de Beseech que l'on retiendra le plus sur les cinq, mais certains passages pourrait bien marquer votre esprit pendant quelque temps, ce qui n'est pas le cas de tous les sorties du genre.

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