Deadlock avait tout d'une formation prometteuse mais le fait est qu'album après album, le groupe accumule les déceptions sans parvenir à redresser la barre. Je ne vous ferais pas le vieux coup du pseudo suspense concernant ce cinquième opus, je suppose que vous avez déjà jeté un oeil à la note : "Bizarro World" est à tout point de vue, la plus mauvaise production des allemands à ce jour, après un
"Wolves" et un
"Manifesto" déjà très moyens. L'arrivée du bassiste de Fall of Serenity, John Gahlert en remplacement de Thomas Huschka n'aura pas empêché la descente aux enfers, ou plutôt au paradis des bisounours en fait.
Combien de groupes de metal burné ayant recruté une chanteuse typée "gothique" ne sont pas finalement tombés dans le piège du pathos ? Ils doivent se compter sur les doigts de la main. En même temps, osciller entre death mélodique et metal gothique, c'est également prendre le risque que son style se mette à pencher plus d'un côté que de l'autre. Jusqu'à maintenant, Deadlock avait à peu près réussi à équilibrer les choses mais ce nouvel album prend une direction assez alarmante quant à leur futur. Ouvrant sur un "Virus Jones" classique mais correct, "Bizarro World" s'applique soigneusement à s'enterrer un peu plus profondément titre après titre, dans une sorte death mélodique mollasson, se transformant la plupart du temps en metal gothique moderne aussi racoleur qu'insipide ("State Of Decay", "You Left Me Dead", "Htrae", "Paranoia Extravaganza", "Renegade"). Et quand ça veut bien bourriner, le groupe nous sert des refrains dans la même veine, Sabine Weniger se contentant d'aligner des lignes de chant d'une incroyable platitude ("Virus Jones", "Falling Skywards"), frisant parfois le ridicule ("Brutal Romance"). Je passe rapidement sur les 2 instrumentales inutiles ("Alienation" et "Bizarro World") car pour moi, un seul titre tire son épingle du jeu, "Earthlings". Pas si différent du reste, il possède néanmoins un petit côté rock'n roll et futuriste pas mauvais ainsi que de faux airs de Machinae Supremacy, ce qui ne gâche rien.
Et il y a de quoi avoir les boules car derrière ces choix presque tous aussi mauvais les uns que les autres, on sent un groupe au potentiel énorme, élevé au grain de Gôteborg et capable de réveiller les âmes déchues du death mélodique à la suédoise. Deadlock l'a montré tout au long de sa carrière et on ressent encore ici et là quelques éclats de génie sur certains riffs, noyés dans des compositions douces et sucrées. A chaque instant, le groupe semble pris à son propre piège, enfermé dans un style formaté où chaque morceau possède la même structure et où chaque refrain doit faire place à l'intervention de Sabine. Johannes Prem et ses collègues masculins passent encore une fois au second plan, presque relégués au rang de simples accompagnateurs en dehors des couplets et solos (et encore...). C'est ce côté systématique qui désert le plus leur musique car tous les morceaux sont prévisibles et à aucun moment, l'album ne parvient à surprendre.
Pour terminer sur une note plus positive, le groupe a eu la bonne idée de laisser tomber le rap (souvenez-vous l'ignoble final de "Deathrace") et le saxophone (et l'ignoble final de "Fire At Will") pour revenir à une formule plus simple, ce qui nous épargne quelques fautes de gout. Les solos sont également toujours de la partie et ils font plaisir à entendre, laissant entrevoir quelques notes d'espoir au milieu de compositions la plupart du temps décevantes. De même, on ne peut pas leur enlever une maîtrise assez pointue de l'électronique, encore plus fine que sur
"Manifesto" qui apporte un côté synthétique plutôt plaisant. Mais ce qu'il faut retenir de cet album selon moi, c'est la capacité du groupe à créer une atmosphère autour de sa musique. Malgré tous ses défauts, "Bizarro World" parvient à installer une ambiance froide et futuriste qui tient tout au long de ces 40 minutes, même dans les pires moments.
Si le teaser de l'album vous a moyennement convaincu, vous risquez de l'être encore plus après avoir écouté la bête dans son intégralité. Depuis
"Earth.Revolt", Deadlock était en train de se tuer à petit feu mais "Bizarro World" pourrait bien être ce cancer fulgurant qui enterrera le groupe. Aucun originalité, aucune prise de risque, un style formaté, allumeur, on se demande si les allemands n'ont pas décidé de changé de cible marketing pour toucher les adolescent(e)s à mèches. En tous cas, moi ça fait longtemps que j'ai arrêté d'arranger la mienne.
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