Les enfants c'est adorable mais il faut bien reconnaître que partout où ça va, ça fout le bordel. Dans votre couple, dans le reste de votre famille, à l'école, dans les transports en commun, les matins de week-end, ... Bref partout. Si nos chères compagnes n'avaient pas ce besoin physiologique de donner la vie, on serait sans doute beaucoup moins sur cette planète. Ce qui est arrivé à Deadlock ? Rien de plus prévisible. Sabine, chanteuse émérite, figure emblématique du groupe, la trentaine passée, plutôt jolie, il était écrit qu'elle tomberait enceinte un jour. Et comme un gamin même pas né fout aussi le bordel dans la tête de nos adorables moitiés, la belle Sabine décida de quitter Deadlock, apparemment temporairement mais je serais bien étonné qu'elle revienne. Cependant, la demoiselle s'en est voulu et histoire de faire passer la pilule, a aidé ses compagnons à trouver une remplaçante. La passation de pouvoir se fait rapidement, via une vidéo (que j'ai associé à cette chronique) ; l'heureuse élue est également allemande et se nomme Margie Gerlitz, elle est jeune, elle chante apparemment bien. La tournée de promotion de
"The Arsonist" s'est terminée avec elle et en toute logique, c'est en sa compagnie que ce septième album voit le jour. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, leur ami de longue date Tobias décède cette même année, remplacé derrière les fûts par Werner Riedl. Ca fait beaucoup d'un coup, n'est-ce pas ? Sabine, tu reviens alors ou pas ?
Je vous vois venir, vous allez dire que je suis un vieux con, réfractaire au changement, incapable d'évoluer et je n'ai pas la prétention de ne pas l'être. Toutefois, je pense être assez ouvert aux remplacements de chanteuse : The Gathering, Draconian, Blood Stain Child, Tristania... heu non pas Tristania pardon. Bref, quand c'est réussi, je salue. Malheureusement Margie n'était pas le bon choix pour moi. La voix de Sabine était fraîche, sensible et chargée d'émotions ; à l'instar de bon nombre de chanteuses de metal gothique symphonique, celle de Margie se révèle juste puissante, qualité insuffisante pour remplir le job. Et le plus gros problème finalement dans cette histoire est qu'elle pense avoir tout le reste. Du coup, l'équilibre enfin trouvé sur
"The Arsonist" est totalement remis en question avec une musique qui redouble d'affreuses gothiqueries peu adaptées comme on a pu le constater sur l'hommage à leur ami Tobias Graf "Ein Deutsches Requiem" (du compositeur allemand Johannes Brahms). En guise de mise en bouche, le groupe nous avait servi ce summum du mauvais goût où la chanteuse s'évertue à donner dans le lyrique pour un résultat d'une horreur absolue. Une entrée en matière peu engageante donc mais rassurez-vous (pour ceux qui sont encore là), pas d'autre faute de goût à déplorer sur le reste. Ouf.
Qu'aurait donné "Hybris" avec Sabine ? Probablement le meilleur album de leur discographie. Musicalement, le groupe se bonifie avec le temps et retrouve album après album les couleurs du death mélodique. Plus violente, plus mélodique et moins syncopée, cette cuvée 2016 redonne aux guitares leur honneur en multipliant les leads qui empiètent désormais sur le territoire du chant féminin. S'il n'y a pas de quoi déstabiliser Margie pour le moment, la brèche est ouverte et on se surprend à guetter les moments d'envolées guitaristiques au même titre que les incursions de Sabine autrefois. Et quel plaisir d'entendre à nouveau le feeling, la technique et la musicalité des allemands qu'on savait excellents musiciens ! Deadlock semble se poser moins de questions et enfin composer à l'instinct. Homogène et moins trafiqué, ce nouvel album va droit au but et vise juste la plupart du temps, et bien que j'avoue avoir apprécié les expérimentations amenées sur le précédent opus, force est de constater que les Allemands se débrouillent mieux sur un terrain plus organique. Beaucoup je pense se raviront de la quasi-absence d'électronique tout en saluant les quelques passages acoustiques comme sur le reposant interlude "Vergebung".
Reste la question épineuse de l'intégration du chant qui comme vous l'aurez compris ne tient pas ses promesses. Parfois ça passe comme sur les couplets du plaisant "Backstory Wound" (et quel final !) mais dans l'ensemble je ne ressens rien lorsque notre nouvelle amie intervient. Je me demande d'ailleurs si le problème ne vient pas du traitement de sa voix qui ne sonne pas naturelle, comme si elle était toujours doublée et d'une affreuse manière. Quant au fameux "Ein Deutsches Requiem" dont je parlais précédemment, ça se passe de commentaire. On peut également regretter que le groupe ne soit toujours pas en mesure de sortir de son schéma habituel d'écriture où les refrains sont systématiquement dédiés au chant féminin. N'y a-t-il rien de mieux à faire avec ce foutu chant ? Un peu d'audace messieurs, un tel potentiel ne devrait pas se limiter à ça.
Quel avenir pour Deadlock ? Sans Sabine ou du moins sans une chanteuse à la hauteur de la place actuellement attribuée à ce rôle dans leur musique, je reste perplexe. Dommage car le travail de composition effectué sur ce septième album est porteur de nombreuses promesses. Les Allemands parviendront-ils à prendre assez de recul pour s'en rendre compte ? Rien n'est moins sûr. Comme quoi les gamins ça fout aussi le bordel dans les groupes. En attendant, j'ai beau écouter "Hybris" encore et encore : le seul adjectif qui me vient est "frustrant". Frustrant.
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