Damnation Defaced - Invader From Beyond
Chronique
Damnation Defaced Invader From Beyond
Malgré une décennie d’existence, deux EP, autant d’albums et même une compilation, le quintet de Basse-Saxe n’a pas encore réussi à se faire une notoriété alors que la qualité de ses sorties était au rendez-vous. Désormais signé chez Apostasy Records et entouré d’un nouveau bassiste, il semble prêt à franchir une nouvelle étape dans sa carrière qui a du mal à décoller, pourtant son Death Mélodique aux relents Progressif à la fois moderne et légèrement électronique semble calibré pour plaire à un large public. Car avec à la fois une production clinique en béton armé (mixée par et masterisée par Dan Swanö) et une violence maîtrisée l’ensemble lorgne à la fois auprès du Deathcore actuel que du Melodeath venu de Suède, du coup il y’en a pour tous les goûts et nul doute qu’avec cet opus, qui est le plus abouti de leur carrière, les Allemands se sont donné les moyens de leurs ambitions.
D’ailleurs pour marquer son territoire quoi de mieux que de proposer d’entrée un morceau où l’on trouve à peu près toutes ses influences, c’est ce qu’on entend sur « Goddess Of Machines » où l’on trouve à la fois un riffing moderne sur une rythmique syncopée, conjuguée à du mid-tempo très massif qui prend la majeure partie de l’espace disponible mais qui n’oublie pas de varier de rythme. En effet même si l’ensemble reste majoritairement très lourd les mecs y incorporent quelques accélérations, tout en rajoutant quelques parties plus aériennes et mélodieuses mises en avant par des nappes de synthés futuristes. D’ailleurs ces dernières reviendront régulièrement tout au long des autres morceaux avec plus ou moins d’intérêt et d’attrait général, mais ici il n’y a rien à leur reprocher tant il se montre très bon. A l’instar du simple et efficace « Mark Of Cain », celui-ci reprend ce schéma entendu précédemment où les rythmiques lourdes prennent le pas sur la vitesse mais sans l’oublier pour autant, ni en perdant de l’intérêt ou de l’accroche, car là encore c’est suffisamment bien foutu pour ne pas tomber dans la redondance, vu qu’il y’a quelques variations bienvenues et un solo court qui n’en fait pas trop.
Cependant plus on va avancer et plus la suite de cette première moitié de disque va se montrer convaincante, en proposant plus de variations et en gagnant progressivement en brutalité, comme avec le morceau-titre qui démarre pied au plancher et montre que les gars savent aussi tabasser quand il le faut. Ici on est presque à égalité parfaite entre ces deux opposés, puisqu’après cette bonne dose de vitesse la suite va être plus douce et remuante, via un break où juste les notes de guitare se font entendre, avant une ultime explosion finale. Là-encore pas de problème global et tout s’écoute facilement car musicalement ça va à l’essentiel avec une durée générale qui ne s’allonge pas inutilement, et une technique qui est là mais qui ne se fait jamais démonstrative, ce qui est appréciable. « The Key To Your Voice » continue sur la même lancée en haussant son accroche et y insérant même quelques courts blasts bienvenus, qui se mêlent entre les différentes variations de vitesse, pour là-encore un résultat excellent qui est un des sommets de cet opus. L’autre grosse tuerie se nomme « Back From Apathy » qui mélange avec habileté tout ce que ses créateurs savent faire mais en accentuant encore plus ses différences, car ils y ajoutent un côté épique qui donne envie de headbanguer instantanément tout en y rajoutant de la mélancolie qui se mêle avec évidence à la férocité générale. Mais si cette pépite est le sommet de la seconde partie de cette galette, le reste ne sera pas tout à fait du même niveau, car si « Creator’s Fall » se montre encore très bon, « All Come To Its End » voit apparaître une facette plus technique et futuriste des teutons. Malheureusement les claviers ont tendance à être un peu trop proéminents et gâcher les autres instruments qui ont plus de mal à exister, d’autant plus que la qualité est moins au rendez-vous, pour une composition qui se révèle être plus banale que les autres et moins mémorable. « Embraced By Infinity » qui clôt les débats est un copier-coller de cette dernière, et s’oublie aussi vite que la précédente une fois l’écoute arrivée à son terme, tout en démontrant que dès que ses compositeurs abusent un peu trop des effets futuristes et électroniques cela est tout de suite moins bon.
Malgré ses petits défauts énumérés, et le manque de titres vraiment forts et marquants, ce disque reste quand même de bonne tenue et assez homogène dans sa construction comme dans sa qualité globale. Sans être un chef-d’œuvre ni un classique en devenir, on est présence de quelquechose d’agréable et réussi (mention spéciale à sa pochette magnifique signée Juanjo Castellano) qui s’écoute facilement et dont on aura plaisir à revenir dessus de temps en temps, même s’il manque à lui et à ses géniteurs le petit plus qui fait toute la différence et les feraient grimper dans la division supérieure.
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