En ce moment j'ai quelques problèmes de digestion et pour une fois ça tombe à pic car me voilà dans les conditions idéales pour chroniquer le nouveau Deadlock. En effet, outre Rhin, ça ne sentait pas très bon et ce pour trois raisons. Premièrement, on ne peut pas dire que le précédent album soit une réussite : mou, racoleur, inintéressant, pas de quoi se vanter d'avoir sorti
"Bizarro World". Deuxièmement, comme annonciateur d'une inévitable faillite, Johannes Prem, leur chanteur emblématique donnant la réplique à Sabine, décide de quitter l'aventure. Coup dur pour un line-up plutôt stable jusque là. Et troisièmement, nos teutons s'offrent les services de Napalm Records, LE label spécialisé dans la production de formations de metal gothique clonées et sans intérêt, une pente sur laquelle le groupe glissait dangereusement. Avec un contexte aussi peu favorable, les Allemands ne pouvaient finalement que me surprendre ; et c'est chose faite avec ce sixième album, le meilleur depuis heu... Bah depuis que j'écoute Deadlock.
Pour faire court, "The Arsonist" est une véritable renaissance, un changement de cap audacieux et salutaire que je n'aurais jamais espéré d'un groupe qui n'évolue guère depuis des années. Autrefois à la frontière entre le death mélodique et le metal gothique, leur style s'oriente désormais vers des influences clairement djent et résolument modernes : si on ressent encore leur passé de Göteborg (notamment dans les guitares), on pense plus souvent à Sybreed ou Mnemic qu'à Soilwork ou In Flames, en plus aseptisé, moins industriel. La production rugueuse va dans ce sens, traînant avec elle un son brut qui sied à merveille à la musique. Ca groove donc grave et syncopé de surcroît avec une bonne dose d'électronique et d'effets en tous genres pour accompagner ces rythmiques robotisées et créer cette atmosphère futuriste et pessimiste que l'on retrouve tout au long de l'album. Bien sûr, côté structure, rien n'a foncièrement changé et tout demeure ultra cadré et prévisible : l'organisation de chaque morceau tourne toujours autour de l'indémodable couplet/refrain/break, et l'arrivée d'un refrain provoque l'apparition systématique de la voix d'ange de la belle Sabine qui disparaît aussitôt une fois le travail fini pour laisser la place aux males. Ces derniers n'y vont d'ailleurs pas avec le dos de la cuillère, plus incisifs que jamais et n'oubliant pas de glisser quelques solos ici et là histoire de nous rappeler quels bons musiciens ils sont (et ce n'est pas ironique). Derrière le micro, c'est John Gahlert (récupéré de Fall of Serenity il y a 2 ans) qui s'y colle, laissant tomber sa basse pour remplacer Johannes et proposant un chant plus hardcore et varié qui n'a rien à envier à son prédécesseur. Quant à Sabine, status quo, elle n'a rien perdu de ses talents vocaux. Chanteuse hors paire et à contre-courant dans cette formation musclée, elle apporte cette touche de féminité qui sait autant ravir que faire grincer des dents (hein Mitch?).
Pour moi, Deadlock a visé juste cette fois et semble avoir enfin trouvé la bonne formule. Si jusque là les Allemands n'étaient pas réellement parvenus à intégrer le chant féminin à leur musique, cette évolution commence à créer ce liant qui leur manquait en évoquant un univers technologique et déshumanisé au sein duquel chacun trouve sa place. La froideur de l'interprétation de Sabine prend alors un sens et surprend par sa justesse au lieu de tomber comme un cheveux sur la soupe. Certes, il reste du chemin à faire car les contrastes s'avèrent encore abruptes par moments et la diva a tendance à en faire un peu trop mais globalement on tient enfin un tout. De plus, le groupe a laissé tomber les interludes et ballades inutiles pour se concentrer sur l'essentiel, misant sur des titres directs et efficaces, aux mélodies et refrains imparables. Alors même si certains airs paraissent faciles, à moins d'être allergique aux chanteuses, on se laisse rapidement prendre au jeu.
La qualité de l'album est très homogène, tout comme sa première partie enchaînant tube sur tube jusqu'au très bon "As We Come Undone". Des murs de guitares, des hurlements, de la guimauve et des circuits imprimés, il n'en faut pas plus pour faire mon bonheur. La suite est plus intrigante et commence par la pseudo-ballade "Hurt" (il en fallait une) dont l'explosion à 3'22" redore le blason du quintette dans ce domaine. Vient ensuite "The Final Storm", un très bon titre quasiment sans chant féminin avec les orchestrations qu'on pouvait entendre sur
"Wolves". La preuve que le groupe pourrait être encore meilleur en dosant mieux ses éléments. La reprise de Bronski Beat, "Small Town Boy", vaut également le détour : tout a fait dans l'esprit de l'album, elle se montre tellement caricaturale pour une reprise metal qu'on ne peut s'empêcher de hurler "Runaway" et de bouger la tête. Enfin, la conclusion est sans conteste le véritable ovni de ces 40 minutes. Nul doute que la majorité fera l'impasse tellement le combo a forcé sur l'électronique et le côté gothique mais personnellement j'adore ce mélange putassier de sonorités synthétiques et de chant féminin.
Contre toute attente, "The Arsonist" vient remettre Deadlock sur les rails et laisse entrevoir un avenir plutôt prometteur pour nos cinq compagnons. En osant repenser leur point faible à savoir les structures, les Allemands pourront à coup sûr être brillants car le potentiel est là. Reste à savoir si le groupe aura le culot de s'aventurer hors des sentiers battus... L'avancée que représente ce sixième album tendrait à faire pencher la balance en leur faveur. Suite au prochain épisode donc.
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