En 2005, notre Père Fouras du mélodeath présentait au monde une formation (pas si) fraîchement débarquée d'outre Rhin répondant au nom de Deadlock. Formée en 1997, il lui aura fallu 8 ans et l'arrivé de la jeune Sabine pour obtenir une signature avec le label local Lifeforce Records et sortir enfin de l'ombre. Le mélange culotté de death mélodique et de metal moderne présenté sur
"Earth.Revolt" avait alors conquis le coeur de notre Mitchounet qui, le temps d'un album, assumait enfin sa vraie nature. Vous connaissez la suite, la passion a laissé place au dégoût,
"Wolves" signe le divorce immédiat, officiellement consommé avec l'arrivée de
"Manifesto" qui se retrouve entre mes mains...
Contrairement à mon collègue, je n'ai jamais trouvé ce groupe transcendant, ni totalement mauvais d'ailleurs. Deadlock, c'est un peu un blockbuster du metal : même si on n'en retiendra rien, on sait qu'on passera un bon moment et parfois, ça fait du bien. Du coup, l'idée d'un "Re-Arrival" qui reviendrait sur le premier album sorti en 2002 pour lui redonner un second souffle devenait séduis... (silence) Ah ? (silence) Pardonnez-moi, une contre information me dit-on dans l'oreillette : "The Re-Arrival" reviendrait apparemment sur la période Lifeforce du groupe (2005-2011) avec des titres réarrangés. Etrange comme tit... (silence) Pardon ? (silence) Veuillez m'excusez une nouvelle fois. Il semblerait qu'en fin de compte, on ait à faire simplement à un *best-of*. Oui là encore tout est relatif.
Ok ok je suis un peu mauvaise langue. Cette compilation dédiée aux fans se présente sous la forme d'un double album dont chaque partie se compose de 15 titres pour un peu plus de 60 minutes chacune. La première contient un aggloméré de "hits" réarrangés ainsi que 3 titres inédits ; La seconde retrace leur chemin de leurs débuts en 1998 jusqu'en 2011 mais j'y reviendrai. De quoi conclure une collaboration sur une bonne choucroutte.
Part. 1 - Quand Deadlock compte ses doigts
Quel message le quintette allemand a voulu nous faire passer à travers ce premier CD ? Fauché, je n'ai pas assez d'argent pour faire quelque chose de différent ? Feignant, j'ai la flemme de retoucher mes propres compositions ? Prétentieux, tout est tellement parfait qu'il serait vain de modifier la moindre chose ? Bref, si comme moi vous vous attendiez à de véritables réarrangements, vous serez déçu. A l'exception de quelques notes de claviers et subtilités vocales, les morceaux restent fidèles aux originaux à la note près. La participation de Marcus Bischoff (Heaven Shall Burn) sur "Code Of Honor" passerait presque inaperçu... L'intérêt de cette première partie perd alors rapidement de son intérêt, desservi par un tracklisting qui, pour moi, est loin de puiser dans le meilleur du groupe : trop de
"Bizarro World", trop de mélo au détriment de la puissance, une ballade inutile ("To Where The Skies Are Blue") et un
"Earth.Revolt" dont il ne reste qu'un témoignage, je vous assure qu'il y a de quoi rester perplexe. Avec un "Deathrace", un "Dying Breed" ou un "Bloodpact", l'ensemble aurait déjà eu plus de style.
On aurait pu en restait là mais non content d'écarter
"Earth.Revolt" de ce *best-of*, Deadlock s'est mis en tête pour le coup de véritablement réarranger "Awakened By Sirens". Le résultat est sans appel : un massacre. Si l'ajout de claviers n'est pas désagréable, les additions vocales se révèlent d'un goût douteux, particulièrement sur la fin. Heureusement, il reste des choses à découvrir ici : les 3 morceaux inédits, "An Ocean's Monument", "A New Era" et "The Arsenic River". Sans être fantastiques, les fans apprécieront probablement ces petites douceurs dont les sonorités fluctuent entre les mélodies de
"Bizarro World" et les rythmiques de
"The Arsonist". On retiendra notamment "The Arsenic River" et ses faux airs de Soilwork, concluant cette heure sur une note positive.
Part. 2 - Quand Deadlock fait ses poubelles
Le saviez-vous ? Avant de faire du death mélodique moderne, Deadlock faisait autre chose. Personnellement, je m'en doutais mais pas à ce point tout de même. Les petits curieux en auront pour leur argent avec cette deuxième partie et pourront découvrir la bouillie sonore qu'étaient leur première démo tape "Insist" (1998), leur 7" éponyme (1999) ou encore leur EP "I'll Wake You, When Spring Awakes" (2000), entre death, thrash et hardcore. Je ne vous garantis pas que vous y reviendrez par contre, ni même que vous irez jusqu'au bout. Les choses s'arrangent à partir de "With a Smile on My Face" extrait de "The Arrival" (2002) qui fera probablement vibrer ton âme, ô disciple d'At The Gates. Deadlock a gardé la rage et ajouté de la mélodie, leur (black/)death mélodique old-school fait mouche dès les premières secondes et donne une putain d'envie d'aller s'envoyer l'album. Plus moderne et surtout moins convaincant, "The End of The World" extrait du split avec Six Reasons to Kill dessine déjà les contours de ce que sera
"Earth.Revolt", transition parfaite vers l'excellent "10.000 Generations In Blood" qui conclut ce voyage dans le temps jusqu'à leur signature avec Lifeforce.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire, cette seconde partie se termine sur 3 morceaux assez inattendus : une excellente cover bien burnée de Running Wild, "When Time Runs Out" à l'origine présente sur le tribute "ReUnation Sampler" (2009), une version acoustique de "Awakened By Sirens" qui a le mérite de ne pas trop saigner l'original et une surprenante/amusante version japonaise du meilleur morceau de
"Bizarro World", "Earthlings" extraite de l'édition japonaise de l'album. Qu'est-ce que les metalleux ne feraient pas pour nos amis nippons ?
Bref, vous l'aurez compris, "The Re-Arrival" n'est pas franchement une réussite. Pourtant parti d'une bonne intention, cette compilation a manqué de temps, de moyen et/ou d'investissement pour être réellement intéressante. Passé les quelques curiosités disséminées ici et là, il y a fort à parier que ce truc restera au fond d'un placard pour y prendre la poussière. La seule chose que je garderai en tête, c'est cet extrait de "The Arrival" qui à coup sûr va me porter vers le reste de l'album. Mais peut-être était-ce tout simplement cela le but premier de cette sortie ?
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