Nervecell - Preaching Venom
Chronique
Nervecell Preaching Venom
Découvert avec le plus grand plaisir lors du passage mémorable de Suffocation à Paris en mars 2010, Nervecell s'était révélé être la plus bonne surprise de la soirée, m'incitant donc à me pencher sur son unique album : Preaching Venom. Provenant des Emirats-Arabes-Unis, un pays où la scène death metal n'est pas des plus fleurissantes, la formation a commencé à faire parler d'elle en 2004 avec sa première démo Vastlands Of Abomination lui permettant d'obtenir un soutien local suffisant pour en sortir une deuxième plus aboutie un an plus tard : Human Chaos. C'est à ce moment là que Nervecell se fait remarquer à une échelle un peu plus grande, d'une part grâce à son origine atypique, mais aussi car le groupe pratique déjà un death metal classique mais assez efficace. Il n'en faut pas plus aux Dubaïotes pour se lancer après quelques changements de line-up dans la composition de son premier méfait, débouchant sur un contrat honnête avec le modeste label Music Master qui leur offre toutefois tout les moyens nécessaires pour ne pas faire les choses à moitié.
Et c'est effectivement un produit très soigné que nous propose là le trio, avec tout d'abord un très bel artwork du talentueux Dennis Sibeijn connu pour son travail avec Neuraxis, Chimaira ou All Shall Perish. On remarque aussi la plus qu'alléchante participation de David Haley (Psycroptic) qui se sera activement affairé derrière ses fûts pour l'enregistrement de la galette qui se déroule en Pologne aux réputés Hertz Studios sous la houlette des non moins célèbres frères Wieslawscy (ayant produit notamment Vader et Decapitated). On a déjà là un programme de choix mais en plus de ça, c'est Alan Douches qui s'occupe du mastering après s'être occupé de groupes comme Suffocation ou Sepultura. Mais arrêtons ce names dropping barbant et passons enfin aux choses sérieuses : le contenu de ce pour l'instant très prometteur Preaching Venom.
Après une courte intro acoustique légèrement orientalisante, Nervecell rentre directement dans le vif du sujet avec le ravageur "Vicious Circle Of Bloodshed" jouissant d'une combinaison plutôt réussie entre la puissance inhérente au death metal et le côté entrainant de quelques riffs bien thrashy. La prestation de David Haley est comme à son habitude époustouflante avec son incroyable jeu de cymbale et ses coups de double véloces, offrant ainsi au combo une assise rythmique tout simplement imparable. Fort d'un niveau technique respectable sans toutefois en faire des tonnes et nécessiter l'ajout du terme à son étiquette, les leads entêtants et fouillés de ce premier réel titre donnent le ton et permettent à l'auditeur de se délecter de quelques influences old school du meilleur effet. Les growls profonds du vocaliste / bassiste Rajeh Khazaal collent parfaitement au style et bien qu'un peu trop monocordes, dotent les compositions d'une puissance et d'une énergie supplémentaire comme sur les très bons "For Every Victim Fallen" et "Beyond Our Sins". D'autant plus que les paroles s'éloignent des clichés gores plus que lassants à la longue, s'orientant plutôt vers des sujets plus adaptés comme la pauvreté et la haine envers l'humanité.
Quelques breaks, ralentissements de tempos efficaces et soli mélodiques bien placés viennent diversifier un peu le paysage déjà assez éclectique de cet album. Le duo Ribeiro / Mustafa sait visiblement y faire et joue assez talentueusement avec ses diverses influences empêchant ainsi toutes redondances excessives et semble avoir le don de nous pondre des riffs certes basiques mais irrésistibles, à l'image de certains passages de "Haute Monde Facade" ou encore de "Vastlands Of Abomination". Seule la basse du leader ne marque à aucun moment l'auditeur et semble relativement oubliée de la néanmoins très bonne production des frères polonais : efficace à souhait et trouvant le juste équilibre quant à la mise en avant du chant et de la batterie.
Après toutes ces bonnes surprises, c'est sur un "Existence Ceased" lourd et puissant que le groupe décide de clôturer son opus, choix judicieux alors que l'influence thrash se faisait dominante sur les derniers titres.
Les quarante-cinq minutes que nous propose Nervecell ne se passent cependant pas sans un seul accroc. Effectivement malgré un avis général qui tend à féliciter la formation pour sa maitrise étonnante en vue de son jeune âge et de son manque d'expérience, quelques défauts plus ou moins dérangeants viennent assombrir le tableau. Tout d'abord, comme l'atteste l'introduction du pourtant très bon "Flesh & Memories", il arrive qu'elle se perde vers un riffing thrash un peu bancal et non adapté, fort heureusement elle corrige la plupart du temps le tir par la suite. Mais le principal défaut de ce Preaching Venom est la tendance qu'ont pris les Dubaïotes à étirer un peu trop dans la longueur des titres qui ne le nécessitaient pas forcement - à l'image de "Ratios" - entrainant parfois quelques égarements dommageables. C'est toutefois sur un bilan plus positif qu'autre chose que Preaching Venom laisse l'auditeur à la fin de son écoute. Malgré quelques erreurs de jeunesse non négligeables mais facilement rattrapables. Nervecell étonne plutôt de par son habileté à jongler entre thrash et death, à piocher aussi bien dans le moderne que dans le old school. Le groupe mérite vraiment d'être un peu plus reconnu internationalement, d'une part en raison de sa provenance originale qui ne doit certainement pas l'aider à obtenir un soutien conséquent et de par sa volonté et son enthousiasme à l'idée de s'exporter toujours un peu plus loin, mais surtout car musicalement Nervecell en vaut la peine et sans pourvoir encore espérer atteindre le niveau des grands noms du genre, possède tout de même suffisamment de qualités pour laisser supposer un avenir assez prometteur.
| Squirk 10 Janvier 2011 - 1929 lectures |
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | Mitch a écrit : Et il a été réédité par Lifeforce en octobre 2009 (j'attends toujours la kro de Niktamaman ).
Chronique qui n'a plus lieu d'être depuis que Squirk a dit qu'il le chroniquait.
Sinon un album assez sympa effectivement, du death-thrash moderne de bonne facture avec des riffs bien travaillés et assez bien foutus pour la plupart, un soupçon de mélodie juste comme il faut. Une prod un peu moins synthétique peut-être aurait pas été de trop (je parle de mémoire). Mais également hâte d'entendre la suite. Groupe à surveiller. |
citer | Prochaine acquisition! J'aime beaucoup. |
citer | Et il a été réédité par Lifeforce en octobre 2009 (j'attends toujours la kro de Niktamaman ). |
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3 COMMENTAIRE(S)
11/01/2011 14:10
Chronique qui n'a plus lieu d'être depuis que Squirk a dit qu'il le chroniquait.
Sinon un album assez sympa effectivement, du death-thrash moderne de bonne facture avec des riffs bien travaillés et assez bien foutus pour la plupart, un soupçon de mélodie juste comme il faut. Une prod un peu moins synthétique peut-être aurait pas été de trop (je parle de mémoire). Mais également hâte d'entendre la suite. Groupe à surveiller.
10/01/2011 19:14
10/01/2011 09:36