Jag Panzer - The Scourge Of The Light

Moi qui étais tout content de chroniquer le nouvel album de Jag Panzer, voilà que j'apprends il y a quelques jours le split des Américains! Ce n'est pas la première fois que les ex-Tyrant jettent l'éponge, on peut donc espérer une reformation dans les années à venir, mais ça fiche un coup! D'autant que si 2011 se fait plutôt morose, The Scourge Of The Light redresse la barre puisqu'il se place tout en haut de mon top de l'année. Pour le moment du moins.

Pour ceux qui n'auraient jamais entendu parler de Jag Panzer, il s'agit de l'ancien groupe de Chris Broderick, désormais chez Megadeth, avec qui il a enregistré cinq albums entre 1998 et 2004. Moi-même pas du tout spécialiste de ces vétérans formés en 1981, j'avais acheté leur premier full-length Ample Destruction l'année dernière et avait été enthousiasmé par leur heavy/power US burné. Il y a quelques mois, le label Steamhammer avait proposé la nouvelle offrande de Jag Panzer, la neuvième, en écoute intégrale. Une stratégie marketing souvent payante. Grosse claque dès la première écoute, je me procure la bête sans tarder. Bien sûr, de l'eau a coulé sous les ponts depuis 1984 et le heavy/power des Américains se fait désormais bien moins raw et plus mélodique qu'au début, à l'image de cette pochette magnifique ou de cette production léchée. Mais il ne me faudra pas longtemps pour confirmer que ce The Scourge Of The Light bute des culs!

Quelle classe, nom d'un foutre! Rarement j'ai été été aussi impressionné par un tel talent de composition et une telle maîtrise. The Scourge Of The Light s'ouvre sur "Condemned To Fight", le brûlot thrash de l'opus. Un démarrage en trombe jouissif mais quelque peu trompeur puisque le reste de l'œuvre se repose plutôt sur du mid-tempo. Une des rares critiques que l'on puisse adresser au groupe d'ailleurs. Personne n'aurait eu à redire en effet avec davantage de titres thrashy de la trempe de cet éclaireur. Ce manque de vélocité se trouve toutefois largement compensé par tout un tas d'autres qualités qui font de The Scourge Of The Light une étape obligatoire du Metal Tour 2011. À commencer par une qualité globale exceptionnelle. No filler, all killer avec des tueries comme "Condemned To Fight", "The Setting Of The Sun" "Call To Arms", "Overlord", "Let It Out" et le final génialissime "The Book Of Kells". Éventuellement, "Cycles" et "Union" s'avèrent un poil en dessous des autres perles mais restent fort sympathiques. Jag Panzer était inspiré, et ça s'entend. La paire de guitaristes Mark Briody/Christian Lasegue fait ainsi des merveilles et nous offre un tas de riffs marquants, efficaces de par le groove que la plupart dégage ("Condemned To Fight" à 1'50, "Call To Arms" vers 0'30, le début de "Cycles", "Burn" à 1'11...), mémorables grâce à la patte mélodique omniprésente (les ouvertures de "Condemned To Fight" et "Overlord", "Call To Arms" à 0'23, etc.). Le plus impressionnant reste toutefois les nombreux solos qui transcendent les compositions. Mélange de feeling et de technique (il y a du niveau!), virtuoses ou plus posés et ambiancés, ceux-ci font partie de ce que The Scourge Of The Light a de meilleur à proposer. Jag Panzer attaque d'ailleurs dès le début du premier titre "Condemned To Fight" avec un solo bien véloce, puis un autre assez technique à 1'50 sur une rythmique groovy (suivi d'une belle mélodie plus catchy montrant les deux facettes du groupe). Y'a bon! Mais ce n'est que le début puisque le combo du Colorado va enchaîner (sans overdose) avec classe et maîtrise technique et mélodique comme sur "Bringing On The End" à 2'49, "Call To Arms" à 2'09, "Cycles" à 2'39, "Let It Out" à 2'08, "Union" à 2'12 (posé mais excellent), "Burn" à 3'48 ou encore les deux dernières minutes de "The Book Of Kells". Bref, un putain de festin sonore pour tous les passionnés de lustrage de manche sélect!

La basse de John Tetley, elle, ne fait rien d'extraordinaire, mais participe au côté groovy du disque, tout comme Rikard Stjernquist derrière les fûts. Non, l'autre star de The Scourge Of The Light, c'est bien Harry "The Tyrant" Conklin. Son chant heavy, puissant et varié est juste génial. À l'aise dans tous les registres, il accompagne à merveille des compositions déjà foutrement bandantes grâce à son timbre bien à lui et des mélodies de voix remarquables. Écoutez-moi les refrains de "The Setting Of The Sun" (frissons garantis), "Call To Arms" (donne envie de lever le poing fièrement et d'aller combattre auprès de ses frères d'armes!), "Overlord" (magnifique!), "Let It Out" (plus catchy tu meurs!) et "Burn" (la classe!), ou le break sombre en arpèges de "Bringing On The End" à 2'00. Pas mal?! Jouissif, oui! Le must du must, néanmoins, viendra à la fin sur "The Book Of Kells" qui termine l'album en apothéose avec ces arpèges d'intro, cette voix douce, ces chœurs lyriques, ce refrain splendide, ce mid-tempo lourd très appuyé et ces solos agiles en fin de parcours. Conklin sait clairement faire passer des émotions! Au cas où cela ne suffirait pas toutefois, Jag Panzer a rajouté quelques notes de piano, instrument que l'on trouve aussi sur "Burn". Sur "The Setting Of The Sun" c'est même un peu de violon que l'on entendra. L'utilisation du piano et du violon se fait rare mais toujours bien sentie. Encore un bon point pour le quintette...

...qui décidément les accumule! Pas grand chose en effet à reprocher à un Jag Panzer au sommet de sa forme, le petit manque de touches thrashy agressives étant finalement transparent. The Scourge Of The Light est une véritable démonstration de heavy/power de haute volée menée de main de maître par, non seulement une paire de guitaristes qui n'en finit plus d'enquiller les riffs catchy, les mélodies mémorables et les solos de maestro, mais aussi un chanteur ultra talentueux parmi les meilleurs que je connaisse. L'album de l'année? Probablement!

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