Bloodbound - Tabula Rasa
Chronique
Bloodbound Tabula Rasa
Tabula Rasa ? Ne comptez pas sur moi pour faire l'historique d'un concept foireux, sorti du placard pour combler le vide thématique d'un obscur combo de heavy metal nordique. Les suédois invoquent pèle mêle les fantômes d'Aristoltélès, Thomas Aquinas ou Daniel Defoe (lui, je connais, ce doit être le frère de Jermain Defoe, le milieu de terrain de Tottenham) ? Je brandis illico le spectre des héraults SYMPHONY X, YNGWIE MALMSTEEN ou JUDAS PRIEST, l'immonde pochette ornant cet album n'étant pas sans rappeler la non moins vilaine abomination visuelle ornant le déjà lointain « Jugulator ». Et surtout je proclame, verbe haut et majeur arcqué à l'attention des afabulateurs, qu'ici à Thrashocore, les concepts albums, on s'en balance comme Doc Brown balaie les turbulences du continuum espace temps à bord de sa fameuse DeLaurean.
Car il y a bien assez d'efforts à fournir pour sortir un album correct sans se perdre en circonvolutions cérébrales donnant au mieux, une digression pittoresque, au pire, de l'archéo-tambouille mal digérée. Et puis franchement, vous lisez encore les paroles dans le livret vous (perso j'ai arrêté dès que j'ai compris celles de « Let's Get Rocked » des léopards sourds) ? Vous dîtes ? Ah oui, j'oubliais. De nos jours, plus personne n'achète de disques, TOUT LE MONDE TELECHARGE. Et c'est à peine si on connait les titres des chansons ... Sans doute pour contrer l'absurde volatilité du format, BLOODBOUND s'échine à répéter nombre de refrains aussi faciles à imprimer (« Take One », « Tabula Rasa », martelées à l'envi) que les mensurations de la plantureuse brune rencontrée l'avant veille, mais si, celle qui vous faisait de l'oeil avant que vous ne rendiez sa liberté à votre quinzième whiskey-coca. Remarquez nous autres, pauvres chroniqueurs d'artichauds hachés menus en 99 pistes et gavés au voice over, quand on se retrouve avec un livret entre les pattes (un vrai de vrai ! En papier glacé, avec des agraphes !), on cède volontiers à la panique. On sue à grosses gouttes, on perd les pédales, et on ne se rend même plus compte qu'on est en train de s'envoyer un pur album de heavy metal, vaguement teinté power, aux atours progs peu prononcés, et ce pour la troisième fois d'affilée, preuve s'il en est qu'il ne faut jamais enterrer personne, surtout pas un genre musical incapable d'engendrer un groupe crédible depuis, depuis ...
Que ceux qui ont osé répondre EDGUY quittent thrasho sur le chant en se flagellant jusqu'à la moelle osseuse, BLOODBOUND, sans prétendre à la sanctification, ayant le bon goût d'être plus digeste que les pleureuses d'outre-rhin. Grâce en soit rendue à l'ex TAD MOROSE/PYRAMAZE Urban Breed (super le pseudo ...), sorte de Michael Vescera en moins gueulard, plus avare en screams que l'ancien frontman de Malmsteen mais à créditer ici de refrains efficaces et accrocheurs. Dommage seulement que le Karl Urban en question ne laisse que peu de place à ses camarades de jeu, de l'ex MORGANA LEFAY Pelle Akerlind (batteur bien en place, malgré un jeu dénué de toute fantaisie) aux Olsson brothers, valeureux six cordistes trop souvent contraints à faire dans l'efficace au détriment d'interventions plus racées, plus personnelles. Car c'est encore quand BLOODBOUND s'aventure à singer SYMPHONY X (“Dominion 5”, “Tabula Rasa Pt.II”) qu'il reste le plus convaincant, encore que la structure simpliste des titres freine toute envolée progressive. C'est un peu dommage, les fils de l'olympique lyonnais ayant sans doute le niveau requis pour livrer des compositions plus ambitieuses que celles proposées sur ce troisième full length. A ce titre, la durée des solis, pour une fois pas assez démonstratifs à mon goût (excepté ceux, excellents, de “Plague Doctor”), est un peu frustrante, BLOODBOUND se privant de passage tape à leads qui auraient contrebalancé l'emprise vocale d'Urban Legend sur les dix extraits de “Tabula Rasa”. Regrettons également l'inévitable ballade de service, “Night Touches You”, le genre de guimauve rasoir que seul un Andi Deris en grande forme peut sauver de la panade. Pour être complet, signalons des claviers plutôt discrets, quelques choeurs en soutien sur les refrains et un ensemble homogène dont aucun titre ne se détache véritablement (hormis “Take One”, vraiment entêtante), sans que cela apparaisse pour autant comme un défaut majeur. Solide mais sans génie particulier, pénalisé par l'absence de passages rapides et trop long de cinq bonnes minutes, “Tabula Rasa” reste un album très recommandable, pour qui aime à se livrer ocasionnellement à une incartade heavy sans conséquence sur son pedigree butchery.
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