La larve de l’insoutenable
The Ichneumon Method a lentement dévoré son hôte, développée jusqu’à sa taille adulte, elle s’est métamorphosée en une créature innommable. Ses premiers méfaits auront été d’enfanter l’EP
Physical Illucinations in the Sewer of Xuchilbara en 2004. Un projet de split avorté (au côté de Blut Aus Nord) annonçant un The Axis Of Perdition tout autre. Les débuts de black metal industriel furieux ont ainsi laissé plus de place à un dark ambient glacial et inquiétant. Une musique qui concorde d’avantage avec l’artère principale du duo depuis leur formation, cette savoureuse thématique « bande sonore horrifique » inspirée du jeu vidéo Silent Hill et des œuvres de Lovecraft. Duo qui n’en est plus un d’ailleurs, puisqu’il se transformera en quatuor. Les deux piliers Brooke Johnson et Michael Blenkarn sont désormais épaulés de Ian Fenwick à la basse ainsi que de Dan "Storm" Mullins (My Dying Bride, ex-Bal Sagoth) pour la batterie « organique ». L’évolution a débuté.
Les adeptes du chaotique (et éprouvant)
The Ichneumon Method auront certainement du mal à rentrer dans cette nouvelle tournure relativement « léthargique ». Là où
Physical Illucinations in the Sewer of Xuchilbara utilisait le dark ambient comme un style de « soutient » à leur black metal industriel ravageur, la balance change complètement sur ce deuxième album. Tournée sur l’ambiance, le tempo baisse radicalement, les guitares commencent à disparaître, les morceaux sont plus aérés et le son paraît beaucoup plus « propre » afin de laisser l’auditeur s’imprégner des innombrables arrangements atmosphériques. Malgré la présence d’un « réel » batteur, le son de batterie reste assez synthétique, épaulée de l’électronique (« triggée » jusqu’aux dents) afin de continuer dans leur esprit indus. A l’apparence minimaliste et à comme à chaque chronique de musique de style « ambient », une mise en condition lors de l’écoute me paraît indispensable sous peine de complètement décrocher (seul, au casque, dans un endroit calme et sans source de lumière).
Deleted Scenes from the Transition Hospital n’est pas vraiment le genre d’album accessible que l’on écoutera avec son baladeur dans le bus (ou alors la nuit pour ceux ayant des délires psychopathes) ou sur un simple coup de tête en faisant son aspirateur le dimanche après-midi.
A l’instar des précédentes galettes, il s’agit d’un périple terrifiant et suffocant dans un monde cauchemardesque semblant sans fin (Silent Hill en l’occurrence). Vous traversez cette fois lentement, la peur au ventre, un hôpital psychiatrique désaffecté. Un lieu portant encore les traces d’expérimentations et de tortures des patients mais aussi de leurs délires. Sauf que vous n’êtes pas seul… Le casque sur les oreilles vous entendrez des bruits de fonds (portes qui grincent, eau qui coule, objet qui tombe…) parfois indéfinissables, des gémissements/grognements, des sons électroniques, des « speechs » spectraux… Les rares accélérations black se traduisant comme une échappatoire dans ces couloirs délabrés. Le dark ambient s’impose, que ce soit sur des titres entiers (« The Elevator Beneth The Valve », « Isolation Cubicle 312 ») ou même sur de longs passages (le final étouffant et « zombifiant » de « Deleted Scenes II: In The Gauze-Womb Of The God Becoming »). Mike et Brooke poussent leurs expérimentations à leur paroxysme, quitte à inclure des passages totalement incongrus comme l’extrait jazzy (façon « musique d’ascenseur ») sur l’aliénée « Pendulum Prey (Second Incarceration) » (meilleur titre de cet album). Les effets vocaux tendent ceci dit à disparaître et le chant semble plus monotone. Mais la folie de Brooke est toujours aussi perturbante, qu’elle soit dans ses vers incantatoires (« Entangled In Mannequin Limbs ») ou dans ses hurlements déchirés (limite en pleurs) d’un « Pendulum Prey (Second Incarceration) » (que l’on retrouvait déjà en partie sur « Pendulum Prey: Reciprocating Horror » de l’EP précédent)… Poignant au possible (effet de surprise en moins certes).
L’équilibre black/ambient régnant sur
Physical Illucinations in the Sewer of Xuchilbara (meilleure œuvre du groupe à ce jour à mon sens) était parfaitement ajusté et ne nécessitait que peu d’écoutes pour s’en imprégner. Ici The Axis Of Perdition met de côté son black metal et travaille ses ambiances afin de créer la « BO » ultime d’un « survival horror ». L’écoute nécessitera ainsi de nombreux efforts pour les néophytes pour réussir à se plonger pleinement dans cet univers abominable. Une fois contaminé par cette noirceur et folie, vous ne ressentirez plus The Axis Of Perdition de la même manière. A écouter avec modération dans les conditions adéquates.
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