The Axis Of Perdition - Tenements

The Axis Of Perdition n’aura jamais sorti deux fois le même album, gagnant mais perdant aussi des auditeurs à chaque nouvel essai. L’opus ovni façon « livre audio » Urfe aura peut-être été l’expérimentation de trop, conspué par la majorité de ses disciples. Les excuses et l’annonce sur leur site internet d’un retour à leurs prémices black metal, auront redonné espoir aux fans désabusés et/ou ceux peu friands d’une musique peut-être trop tournée vers l’ambient depuis le cauchemardesque Deleted Scenes from the Transition Hospital. Malgré les innombrables autres projets des membres (dont l’arrivée importante de Brooke Johnson au sein de Void Of Silence), les Britanniques n’attendront pas bien longtemps avant de repartir enregistrer leur quatrième œuvre. L’éprouvant délice The Ichneumon Method serait-il de retour ? Pas du tout.

Je le concède, le promo digital de Tenements est dans mon lecteur mp3 depuis le 6 avril… Pourtant je dois être une des rares personnes à n’avoir pas totalement dénigré Urfe. Malgré tout, six mois plus tard, rien n’y fait, l’album est une déception. Le premier blocage pour l’adepte étant certainement le son. Non pas qu’il soit mauvais, bien au contraire. Une production trop « proprette » en décalage complet avec l’atmosphère glauque (ce sentiment de parcourir des couloirs étroits et nauséabonds) et post-apocalyptique (mur du son) antérieure. Car joie, huit ans plus tard, The Axis Of Perdition replace ses guitares en premier plan. Un capharnaüm de riffs dissonants qui rappellera le récent Psychogrotesque d’Aborym (pour rester dans la thématique de black metal industriel aliéné). Impossible pour ma part de tenir l’heure sans un mal de crâne. Aucun fil conducteur (des riffs pauvres juxtaposés sans lien) et de point d’accroche, que ce soit dans la brutalité, l’atmosphère ou les émotions dégagées. Je reste imperméable. Le frontman Brooke Johnson n’aidera en rien. Habitué aux hurlements inhumains (sous effets) et fou à lié (« Heaving Salvation in the Paradise of Rust » et « Pendulum Prey (Second Incarceration) » seront à jamais gravés dans nos mémoires), ce n’est que quand il s’arrêtera de se trop lamenter (dans un timbre linéaire et faiblard au possible) que l’on retrouvera le sourire. Ses percées doom sur la sublime conclusion dark mélodique « Ordained » (transpirant le Void Of Silence) ou dans un chant clair très théâtral (à la manière d’un Emperor, Arcturus ou d’un Anaal Nathrakh sur « Sigils and Portents ») seront là pour rappeler le talent du bonhomme. Tout n’est pas à jeter.

Le dark ambient a toujours été une des artères principales de The Axis Of Perdition, et ça depuis leur split Corridors de 2002, le groupe ne l’abandonnera pas. La balance avec le black metal avait été changée sur Physical Illucinations in the Sewer of Xuchilbara, Tenements déplace ainsi les poids. On ne le retrouvera ici que sur quelques rares passages (l’introduction de « Changer », marquée au fer chaud « TAOP ») et interludes (« The Sleeper », « Dark Red Other » et « Awakenings »). Il en ira de même pour le clavier (« Unveiled »). Et force est de constater que les Anglais maîtrisent encore une fois parfaitement leur sujet. Frustrant donc. Un album misant d’avantage sur l’ambiance ainsi que sur des titres comme « Ordained » (tout simplement l’une des meilleures compositions du groupe) aurait pu surélever ce quatrième album. Peut-être une nouvelle voie pour la suite ?

Tenements est effectivement un retour au black metal. Mais un black metal sans saveur et bien mal composé. Sa folie et sa noirceur n’ont eu aucun effet sur moi, si ce n’est une migraine. Un constat dur mais réaliste compte tenu de la stature de The Axis Of Perdition (un de mes groupes de chevet) et d’un dernier album raté. Ce n’est pas cette fois que les Britanniques reprendront leur trône. Le titre de fin « Ordained » serait-il l’introduction à un nouvel TAOP ? On l’espère, car trois albums médiocres de suite seraient peut-être fatals. En attendant, Diabolicum et Aborym sont actuellement en studio...

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