The Axis Of Perdition - Urfe
Chronique
The Axis Of Perdition Urfe
Urfe, troisième album des Britanniques de The Axis Of Perdition, est assurément l’un des pires supplices à chroniquer (je n’ai plus de cheveux sur le crâne). Quatre longues années de silence après le terrifiant
Deleted Scenes from the Transition Hospital pour ce résultat… Déroutant. Beaucoup auront crié au scandale, le groupe fera d’ailleurs son mea culpa en s’excusant auprès de ses adeptes sur le site officiel. Toujours en s’inspirant du jeu vidéo Silent Hill ainsi que des délires d’un Lovecraft ou d’un Clive Barker, le duo Blenkarn/Johnson va pousser ses expérimentations noires à leur paroxysme. Un album « concept » en « spoken word » à la manière d’un livre audio, divisé en deux cd’s (1h30 au total) et racontant la traversée du personnage imaginaire nommé Urfe à travers les ruines d’une ville désolée (« Locus Eyrie »), attiré par une mystérieuse entité (« Pylon »). Pour incarner ce héros et narrer ses hallucinations, le groupe va user des services de l’acteur anglais (et ami) Leslie Simpson, fidèle acolyte du réalisateur Neil Marshall (Dog Soldiers, The Descent, Doomsday) pour les fins connaisseurs.
Le premier cd
Grief Of The Unclean effrayera dans tous les sens du terme… Vous aviez trouvé
Deleted Scenes from the Transition Hospital difficile d’accès ?
Urfe sera un vrai calvaire à écouter. Des effets atmosphériques minimalistes et la voix de Leslie Simpson sont les seuls éléments de cette partie. A la manière d’un film ou d’une série, « I » est le prologue de cet inquiétant voyage. S’en suit le générique (l’instrumental planant « II ») puis le début du cauchemar (« III »). Si la langue de Shakespeare vous est familière, alors oui, vous devriez arriver à suivre sans trop de difficultés l’histoire contée. L’acteur dans un ton très théâtral, articule et parle dans un débit plutôt compréhensible malgré un fond sonore parfois trop envahissant (« V »). Pour les autres moins à l’aise en anglais, difficile de ne pas décrocher… The Axis Of Perdition n’ayant pas jugé bon d’inclure le texte cité (heureusement retranscrit à l’oreille par quelques fans sur Internet). L’intérêt de ce cd en prend alors un sacré coup… Amputé du narrateur, la musique (ou le vide intersidéral pour certains) aura bien du mal à capter l’attention des néophytes. Du pur « dark ambient » au rendez-vous. Ceux ayant déjà réussi à apprivoiser ce style sauront savourer l’univers dérangé et glacial des Anglais. En arrière plan, ces hurlements et grognements de créatures, ces sons indus/électro en « souffle » ou encore ces bruits indéfinissables lointains (mais si proches en même temps) à vous glacer le sang.
The Great Unwashed remettra enfin les adeptes sur les rails, sorte de continuation de
Deleted Scenes from the Transition Hospital. La voix du narrateur est désormais en retrait et laisse ainsi d’avantage de place aux membres de The Axis Of Perdition. Le black metal ressort de son antre. Les guitares dissonantes et la batterie synthétique refont timidement leur apparition pour combler ce néant. Mais c’est surtout le frontman Brooke Johnson qui marquera cette scission. L’homme délaisse les effets vocaux et ses hurlements aliénés (« Pendulum Prey » aura causé bien des insomnies), donnant majoritairement dans son chant clair dépressif. Peu convaincant. Le problème c’est que contrairement à leur aspect « ambient », le metal paraît bien peu inspiré et aussi touchant que sur les précédentes œuvres (on en est très loin même). Les quelques passages éthérés assez frissonnants (« V » et « VI ») en signe de générique de fin arriveront cela dit à retenir notre attention. Un deuxième cd en demi-teinte.
Am I dead?
Of course not, Mr Urfe. This is only the beginning.
Urfe n’est pas tant l’affront crié sur la toile. Une bizarrerie lugubre et élitiste qui ne laissera clairement pas indifférent…. 1h30 de « fond sonore » (musique et effets ambiants quasi-inexistants) extrêmement difficile d’accès mais dégageant encore une fois une atmosphère noire et dérangeante indescriptible. Je dois faire partie des rares personnes l’ayant apprécié… Impossible pour moi d’attribuer une note à cet ovni musical bien qu’il demeure l’opus le plus faible de leur discographie à ce jour. The Axis Of Perdition n’aura donc jamais sorti deux fois le même album, prenant à contre pied à chaque sortie ses auditeurs. La balance entre « ambient » et « black metal » est cette fois complètement déséquilibrée. On regrettera même qu’il ne soit pas d’avantage « ambient », les passages metal clairsemés étant bien fades par rapport au passé du groupe. Ce dernier entendra pourtant l’appel de ses fans et retournera à ses origines black metal sur l’œuvre suivante,
Tenements.
| Mitch 18 Août 2011 - 1821 lectures |
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