Admiral Angry - A Fire To Burn Down The World
Chronique
Admiral Angry A Fire To Burn Down The World (EP)
Certes,
Buster nous a montré un Admiral Angry expert en coup de pute mais que ça ne nous fasse pas oublier qu’à ce jeu-là, la mort reste maître : Daniel Kraus, guitariste et tête pensante de la formation, en a fait les frais en décédant début 2009 des suites de la mucoviscidose. Il avait vingt-deux ans et n’a pas eu droit à sa minute de silence, aussi les vingt-trois constituant ce morceau enregistré avant sa disparition ont une saveur particulièrement amère.
Car, cliché pour cliché, le mec possédait la rage de ceux qui veulent trop bouffer la vie, aucun doute là-dessus à la lecture des quelques mots accompagnant la belle jaquette cartonnée de l’ogive version CD (« We’ve never stopped, and we never will. Sounds live forever. We hope our music is most unpleasant. ») ainsi qu’à l’écoute de ce
A Fire To Burn Down The World inaugurant une direction minimale dans la construction (tempo sévèrement ralenti, trois-quatre riffs occupant l’espace), maximale dans la destruction. La pochette est on ne peut plus éloquente, Admiral Angry t’emmenant avec lui dans ce tunnel peu engageant à grand renfort d’instruments martelés jusqu’à l’épuisement. Des riffs tellement répétés, tellement martyrisés que leur côté classique finit par passer derrière ce sentiment d’assister à une flagellation. Il est là l’amiral masochiste qui s’enferme dans l’intime avec cette batterie clapotante vite rejointe par des hurlements qui n’ont plus rien de sadique mais tout de l’autopunition, haletants et gémissants, l’amiral qui se cache dans l’ombre et se mutile avec l’écho du choc signalant seul sa présence, ce son paraissant d’abord MASSIF (encore plus que sur
Buster, ce qui semble incroyable quand on te le dit et l’est davantage une fois le disque dans ta chaine) puis moite comme ces pierres sur lesquelles il se jette avec élan. Et lorsqu’il reprend sa respiration, recule ses amplis vers les dix-sept minutes pour poser quelques accords harassés, c’est pour mieux s’écraser définitivement contre les parois dans un vacarme qui te fait mal rien qu’à l’entendre, te laissant hébété avec ton voyeurisme et ton cerveau en charpie.
A l’image de son grand frère,
A Fire To Burn Down The World est une expérience intense. Seulement, celui qui cherchera au-delà du mur sonore trouvera quelques passages moins percutants, appuyant l’impression que cet essai aurait dû être une ébauche et non un testament. Si Admiral Angry passe sans soucis le cap du titre-fleuve et arrive à se renouveler tout en conservant ce qui le rend si malsain/plaisant, le regret de ne pas savoir ce qu’aurait pu donner cette évolution conclut l’écoute, les Ricains ayant décidé de ne pas continuer sans leur compositeur principal. À croire que jusqu'au bout, ils auront fauché l’herbe sous le pied de tout le monde, le leur compris.
| lkea 10 Août 2011 - 1959 lectures |
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