Pochette rouge, titre rouge, pas de doute cette fois-ci : si Unearthly Trance est toujours ce groupe facile d'écoute mais difficile d'approche, à la musique et aux ambiances qui ont mis du temps à me parler,
In the Red peut se voir comme son album le plus limpide dans ses intentions.
Car il est un disque qui, comme annoncé, se vit dans le rouge. Le rouge de compositions qui embrassent le hardcore de façon directe, quittent le drone et le black metal – en surface du moins, on parle toujours de cette formation qui hurle à la lune comme une meute de loups – et font voir les muscles de leurs géniteurs, muscles atrophiés, émaciés, tapant de coups dont on peine à deviner les trajectoires. Il paraît qu'on tient ici le début de la fin de l'étrangeté des Ricains, certains pensant que
Season of Seance, Science of Silence est le seul essai où Unearthly Trance a développé une personnalité propre. C'est pourtant, sans renier ce premier longue-durée, dans la suite qu'il trouve pour moi son caractère singulier, derrière une apparence faussement calibrée, jouissive.
Il faut bien dire qu'on s'y laisse prendre au départ. Sorte de version hardcore de ce que le chromé
Electrocution développera plus tard,
In the Red donne envie de s'échauffer à son écoute, étirements, génuflexions, pas de course, avant de s'étonner d'y trouver son souffle court, une barre dans la tête, des images négatives et impuissantes nous traversant l'esprit. Non, on n'ira pas à la gym avec lui dans les oreilles, sauf si l'on veut finir à terre. Et peu importe que ça tape dur jusqu'à une production massive et des riffs s'époumonant à tabasser (« It is the Never and Forever That You Fear » par exemple) ! Ce rouge est bien celui d'une vue brûlée par ce qu'elle entrevoit, dans la rue et les interstices d'un ciel noir, rouge mental, rouge cosmique, d'une tribu hardcore qui ne comprend pas ce qui lui arrive, à notre manière.
Ce qui fait que je ne peux pas m'empêcher de faire une nouvelle fois à son endroit des ponts avec Neurosis et Starkweather, seuls parents à donner à cet enfant-là, ces monstres qui ont le pit dans la tête plutôt que les membres, au diagnostic de saturnisme urgent à traiter. Plus on avance dans ces quarante-trois minutes et plus l'intoxication se fait sentir et se subit, un morceau tel que « Turning Piss into Gold » frôlant un psychédélisme délavé, les notes s'étalant, l'humeur semblable à une flaque, jusqu'à un « Deathotic » où Ryan Lipynsky devient le prêtre de nos fatalités personnelles, dans un entre-deux où les bras ballants voudraient se crisper.
Pochette rouge, titre rouge, et pourtant, on plonge une nouvelle fois en plein doute lors de ce charnel
In the Red, ses guitares abrasives, sa batterie tribale, cette impression d'un appel constant à la violence exprimé par une bouche pâteuse, la maladie s'exprimant dans une haleine chargée des confusions, vices et hallucinations traversant Unearthly Trance. Certes, il est, finalement comme l'ensemble de la discographie des Ricains, imparfait, excessif (calibré, Unearthly Trance ? Laissez-moi rire !), sa virilité castrée pouvant frustrer lorsque le besoin de s'épanouir dans l'agressivité se fait trop sentir.
Electrocution reste bien l’œuvre par laquelle les ingrédients que le trio manipule trouvent leur plus juste expression. Mais là est la beauté particulière de ces incapables, dans ce désir impossible à contenter, dans ce rouge qui s'invoque mais ne fait voir que son enveloppe, dans ce trop-plein et ce trop-peu, dans cet effleurement d'une vengeance divine qui se termine dans les draps mouillés d'un appartement sordide, le rêve de faire payer à tous et toutes ce qui nous arrive n'entraînant qu'un sommeil agité... Inutile de vous faire le coup du sludge comme musique de vie, vous l'aurez compris vous-même. Une chose est sûre : je n'ai pas fini de tourner autour de Unearthly Trance.
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