Et s'il était là, le meilleur album de Unearthly Trance ? Il est clair que c'est une question que l'on se pose rarement quand on est tombé amoureux, comme moi, de cette formation. Unearthly Trance n'est en effet pas un groupe dont on goûte une ou deux réalisations – mais un que l'on suit, dans ses travers, ses excès, ses réussites, comme lors d'une relation où l'on apprend à apprécier la personne d'un bloc. Oui, comme Neurosis, comme Godflesh, comme sans doute encore quelques autres (bien que certainement pas si nombreux que ça). Comme un grand parmi les grands, en somme.
Il n'empêche que
Electrocution fait s'interroger à ce sujet, tant tout y est excellent, portant la marque unique des Ricains. Sludge, hardcore, punk, doom, l'industriel et le black metal lorgnant de leur forêt et usine l'étrange sabbat qui se déroule... Cet album – succédant au moyen
The Trident – contient tout cela, avec une puissance d'exécution dont on ne pensait pas capable la formation, elle qui joue du neurasthénique comme d'autres soulèvent des poids. Il suffit d'écouter « Chaos Star » et « God Is a Beast », morceaux qui, chacun à leur façon, font surgir le nom de Trap Them dans notre cerveau, telle une version sauvagement doom de
Darker Handcraft, pour être convaincu que Unearthly Trance embrasse ici sa passion pour le punk hardcore de la manière la plus frontale possible, métamorphosant les visions à filtre rouge de
In the Red avec une plus grande place laissée à l'accroche, au catchy, au riff tutélaire qui prend la tête à bras le corps (préparez-vous à répéter « Your god is a beast » à vous-même, comme un mantra).
Mais ce ne serait pas faire justice à ces cinquante-et-une minutes – dont l'illustration, typique des sorties Relapse de cette époque, est bien le seul défaut majeur – que dire que Unearthly Trance a pondu ici son essai de la maturité, de l'esthétisme, du réfléchi pour réussir (
The Trident, à mon sens, « mérite » plus ces qualificatifs). Le créateur de
Season of Seance, Science of Silence reste cette bête difforme, certainement dure à apprécier (et pourtant, qu'il me semble aujourd'hui inconcevable de ne pas l'adorer !), souffrant de saturnisme, à la beauté – hé oui,
Electrocution est beau, même lors d'un titre au classicisme noble derrière l'originalité s'intitulant « The Scum Is in Orbit » – qui confine à une certaine majesté. Quelque chose d'altier dans la lourdeur, proche de faire voir en lui un ancêtre de Thou, mais qui aurait écouté Grief, Starkweather et Pulling Teeth dans la même journée. Simplement, à cette légion de sensations s'ajoute une légion de moments à pointer du doigt, où l'impression générale se renforce de passages purement salvateurs (« The Dust Will Never Settle » et « Religious Slaves », bon sang !). Le meilleur album de Unearthly Trance ? Celui qui donne envie de commencer une histoire longue avec les Ricains, de les suivre au-delà de la temporalité d'une discographie pour y savourer les nuances qui les constituent, plutôt !
Electrocution électrocute, comme un coup de foudre qui laisse pantois. Bien sûr, il n'est pas parfait. Trop excessif, parfois d'une grossièreté qui a du mal à passer (mais qui réjouit à d'autres endroits). On parle de Unearthly Trance après tout, de cette entité aux proportions surnaturelles, transcendée par le rock et le hardcore mais dotée de membres trop douloureux, d'une bouche trop pâteuse, d'idées noires qui l'épuisent. Mais si vous cherchez une musique qui vous fait vous sentir comme un guerrier moderne, où la bataille est plus intérieure qu'extérieure, comme un annonciateur de la fin, qui ne cesse d'être appelée de ses vœux ici, comme un clochard alpaguant la nuit, décidément trop indifférente à votre sort... Hé bien, vous devez vous jeter sur ce disque, qui, meilleur que les autres ou pas, est une œuvre de Unearthly Trance. Et c'est censé être un argument bien suffisant.
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