Bloodsoaked - The Death Of Hope

Les one-man bands, en général, ça sent les fesses. Notamment en goregrind et ses boîtes à rythmes insupportables, ses vocaux pitchés et ses guitares inexistantes qui pullulent depuis MySpace (R.I.P. au passage). Heureusement, des vrais passionnés, doublés de musiciens talentueux, sont là pour inverser la tendance. La scène brutal death a ainsi vu émerger ces dernières années quelques courageux solitaires essayant de toucher à tout. Putride Pile, Viral Load, Insidious Decrepancy ou encore Syphilic font partie des plus renommés. Mais un autre "groupe", certes moins connu, s'est lui aussi fait remarquer. Bloodsoaked, ça vous dit quelque chose? Si vous suivez un peu Thrasho, ça devrait! Et mine de rien, Peter Hasslebrack en est déjà à son troisième album. Le premier, Brutally Butchered m'avait mis une bonne petite claque avec ses riffs sinistres jouissifs et ses blasts à foison. La suite, Sadistic Deeds...Grotesque Memories, m'avait toutefois un peu déçu, surtout en raison d'une perte de vitesse, mais restait sympathique. L'Américain allait-il continuer dans cette voix plus old-school et modérée? J'étais impatient de le savoir.

Troisième album pour Bloodsoaked donc, The Death Of Hope est aussi le troisième chez Comatose Music, Peter et Steve étant potes (North Carolina represents!). Et autant le dire tout de suite, le bonhomme a repris du poil de la bête! J'ai pourtant eu un premier sursaut d'angoisse en entendant le nouveau type de chant utilisé. Hasslebrack est en effet passé d'un growl classique à des vocaux bien moins gutturaux, plus typés death/thrash d'asthmatique. Au bout du compte on s'y habitue même si ça manque clairement de puissance. La seule surprise du disque en tout cas car, heureusement j'ai envie de dire, on reste en terrain connu pour le reste.

Je disais donc que le bonhomme avait repris du poil de la bête. Effectivement! Oubliées les rythmiques un peu molles de Sadistic Deeds...Grotesque Memories, The Death Of Hope a remis le turbo. On trouve encore pas mal de riffs mid-tempo (en particulier le catchy "The Death Of Hope" et le réenregistrement de l'excellent "Grinding Your Guts" en final, véritable hymne death metal old-school), avec même davantage de gras, donnant à Bloodsoaked des allures de Suffocation pas déplaisantes ("Infestation" à 1'35, le début lent et lourd de "Consume The Flesh", "Obsessed With Hate" à 0'09...), mais dans l'ensemble, cette nouvelle offrande se fait bien plus pressée que la précédente. Retour de la blastouille (on a entendu plus rapide mais ça bourre quand même pas mal), séquences thrashies aux relents pestilentiels, ça ne traîne pas! Niveau rythmique, j'ai l'impression que Peter Hasslebrack a en fait pris le meilleur de ses deux premiers albums pour composer le petit nouveau qui joue à merveille avec, passant de l'une à l'autre sans souci.

Ce retour à plus de vélocité m'a fait carrément plaisir. Et puis cette pochette...pas forcément un modèle d'art mais j'adhère totalement au concept! Bien sûr, il n'y a pas que ça. La qualité du riffing, déjà présente depuis les débuts du combo, est à nouveau au programme. Sombres, catchy, groovy, simples, légèrement mélodiques, ces riffs représentent l'essence même du death metal. Très classiques certes mais foutrement bien écrits avec un objectif clair: rendre hommage au vieux death en composant des titres courts de trois minutes, simples et efficaces (avec refrains basiques à chanter sous la douche comme sur "Wading The Blood Pools" ou "Grinding Your Guts"!), qui font tilt dès la première écoute tout en appelant d'autres. Objectif réussi haut la main grâce à une homogénéité exemplaire et une durée parfaite d'une demi-heure.

Si Bloodsoaked reste un one-man band, Peter a un peu triché cette fois. L'ex-Archaic Winter a en effet souvent jammé avec le batteur Brent Williams (Atrocious Abnormality) qui l'a même aidé dans la composition de ce The Death Of Hope. Sur l'album cependant, il s'agit toujours d'une boîte à rythmes, comme souvent chez les one-man bands. Et c'est à nouveau Shane McFee (ne me demandez pas qui c'est!) qui l'a programmé. Mais comme sur les opus précédents, aucun problème avec celle-ci dont le son est un modèle de naturel. Autre personne ayant participé à l'album, rien de moins que James Murphy (Testament, Death, Obituary, etc.), un habitué des guests qui pose ici deux très bons solos mélodiques sur "No God" et "Consume The Flesh". Dommage que l'on n'en croise pas plus!

Bloodsoaked confirme avec ce The Death Of Hope qu'il faut compter sur lui, et pas uniquement dans la sphère des one-man bands, Peter Hasslebrack se débrouillant mieux que bien des "vrais" groupes. Un passionné qui vit pour sa musique, arrive à tourner un peu partout (cette année l'Amérique du Sud, l'Inde et le Death Feast en Allemagne!) et continue de sortir des albums de qualité. Albums certes très classiques (génériques diront certains) mais franchement bandants. Et ce tout seul! Autant dire que Bloodsoaked a toute ma sympathie. The Death Of Hope est même peut-être son meilleur opus d'ailleurs. D'une efficacité redoutable grâce à des structures simples et directes, des riffs sombres et catchy, une ambiance dark et un bon groove, cette troisième offrande plaira sans problème aux amateurs de death metal des années 1990 qui flirte à la fois avec le thrash et le brutal death.

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