Goreaphobia - Apocalyptic Necromancy
Chronique
Goreaphobia Apocalyptic Necromancy
Ce nom ne dit sans doute rien à la plupart, pourtant Goreaphobia traîne ses guêtres sur la scène death metal depuis 1988. Des putains de vétérans en somme! Mais la vie n'a pas été tendre avec les Américains, les contraignant notamment à de multiples changements de line-up handicapants. Du coup, le groupe n'a sorti que trois démos dans les années 1990 avant de plonger dans un long silence dont la fin n'arrivera qu'aux débuts des années 2000. En 2007 sort sur Necroharmonic Productions la sympathique compilation Vile Beast Of Abomination avec laquelle j'ai découvert le groupe. Mais la consécration viendra enfin en 2009 avec un premier full-length plus de 20 ans après la formation du combo! Malheureusement, Mortal Repulsion, sorti chez Ibex Moon Records (John McEntee a fait brièvement partie du groupe entre 2007 et 2009), déçoit car mou et moins inspiré que les vieilles démos. J'espère d'ailleurs ne pas avoir le même genre de mauvaise surprise quand Sadistic Intent, autre vieux de la vieille du même genre à ne toujours pas avoir livré de full-length, daignera enfin sortir un album. Mais l'arrivée d'un deuxième opus et la signature sur Dark Descent Records, le petit label qui monte, attise ma curiosité. Apocalyptic Necromancy allait-il faire oublier le pâle Mortal Repulsion?
Que dalle, c'est même pire! Apocalyptic Necromancy se fait encore plus mou et chiant que Mortal Repulsion, naviguant sur un faux rythme tout au long de l'album. Il y a bien des accélérations comme le d-beat basique et efficace de "The Attractor", les presque blasts sur "Sigil On Death's Hand", le démarrage brutal et evil de "Rust Worms & The Noxious Fevers They Bring" ou les passages thrashisants sur "Footpaths In The Vortex Of Doom", "Totem Of The Vulture" ou "Igigi Reactor" notamment, mais dans l'ensemble, ça se traîne, les séquences plus bourrines n'étant de toute façon pas vraiment folichonnes. Et moi, j'attends d'un album de death metal qu'il soit un minimum rapide et agressif, des qualités pratiquement absentes de ce Apocalyptic Necromancy. C'est dommage parce que Goreaphobia en a d'autres à faire valoir. À commencer par savoir composer de vrais morceaux avec de vrais riffs et une bonne ambiance dark. Et contrairement à la plupart des groupes de revival, le combo de Philadelphie a pour lui de ne pas sonner comme un énième adepte du sacro-saint triptyque Stockholm/Finlande/Incantation même si certains riffs evil peuvent faire penser à ce dernier ("Void Of The Larva Queen" à 2'45 ou le début en fanfare de "Rust Worms & The Noxious Fevers They Bring"). Goreaphobia est bien sûr totalement ancré dans un esprit old-school mais joue un style de death metal particulier qu'il a su davantage démarquer sur ses deux full-length. Un death metal old-school varié mais majoritairement mid-tempo, basé sur une section rythmique au poil (bonne basse et batteur doué, normal c'est Jim Roe!), à l'aura sombre et occulte (zieutez donc les titres lovecraftiens des morceaux), catchy, et au feeling souvent heavy de par une simplicité d'écriture et un sens de la mélodie à l'ancienne. Écoutez les nombreux solos (notamment celui de "Shroud Of The Hyena"), ça ne trompe pas! Dans le même ordre d'idée, le quatuor nous offre un très bon "White Wind Spectre" à la mélodie entêtante. Là, le tempo calme ne me gêne pas du tout quand il y a un tel feeling derrière. Je me demande juste pourquoi les Américains ne l'ont pas placé en dernière position tant ce titre aurait fait une outro parfaite. On termine par le chant particulier du frontman Chris Gamble, la tête pensante du groupe et seul rescapé du line-up originel avec le guitariste Alex Bouks (depuis peu chez Incantation). Un chant râpeux bien old-school qui change un peu du growl stéréotypé.
Tout ça, c'est bien beau mais ça ne fait pas de Apocalyptic Necromancy un bon album. Il arrache quand même la moyenne, ce n'est déjà pas si mal, mais Apocalyptic Necromancy reste bien trop irrégulier et mollasson pour que je prenne mon pied, surtout pendant près de 50 minutes. Gros manque de vitesse et de brutalité donc, à peine compensé par une bonne ambiance dark/evil et un feeling heavy sympathique. Goreaphobia a toujours été un second couteau mais je gardais de la sympathie et du respect pour une telle longévité. Je crois que dorénavant, je ferai l'impasse sur les sorties des Américains. D'autant qu'il y a eu bien mieux cette année chez Dark Descent avec Corpsessed, Gravehill, Adversarial, Miasmal ou Undead Creep. Si toutefois vous voulez tenter l'aventure Goreaphobia, Vile Beast Of Abomination est un choix plus judicieux.
| Keyser 6 Septembre 2011 - 1791 lectures |
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