L'EP
Wretched Existence, première sortie officielle d'Abraxas, m'avait fait pas mal d'effet. Sorti en 2009 chez Relapse Records, l'opus développait un brutal death metal à l'ancienne très prometteur. Rien d'étonnant après tout avec un tel line-up puisque le groupe compte dans ses rangs le guitariste/bassiste Makoto Mizoguchi (Internal Suffering, Pyrexia, Vile) épaulé par Mike Hrubovcak (Monstrosity, Vile, Divine Rapture) au chant et du batteur Lance Wright (Quinta Essentia, Vile). Sa durée éphémère, un quart d'heure pour quatre titres, le rendait d'autant plus efficace. Mais frustrant. D'où mon attente la bave aux lèvres d'un premier full-length annoncé dans la foulée. Il ne viendra finalement qu'en juin dernier non pas chez Relapse mais chez... Sevared Records! Un changement de label surprenant, le label de Barrett Amis n'ayant pas la même renommée que l'usine de Pennsylvanie. Mais ça on s'en fout. Ce qui est important par contre, c'est que ce
Damnation s'avère malheureusement moins excitant que
Wretched Existence...
L'album partait pourtant bien en reprenant les couleurs infernales de l'artwork, à nouveau très réussi, ainsi que les quatre morceaux de l'EP. Morceaux qui se placent d'ailleurs sans problème parmi les meilleurs de la galette. Et en fait, Abraxas n'a pas totalement changé entre les deux sorties. Surtout pas au niveau des riffs en tout cas, dans la lignée de ceux bouillonnants de
Wretched Existence. Là où on sent une évolution à l'inverse, c'est au niveau des rythmiques. Le trio new-yorkais laisse ainsi s'exprimer davantage ses influences thrash déjà présentes sur l'œuvre précédente mais qui ne m'avaient pas autant sauté aux oreilles qu'ici. La bonne reprise de "To The Wall" de Sepultura (
Schizophrenia, 1987) en est le symbole le plus frappant. Du coup, on se retrouve avec des compositions moins brutales et rapides malgré la part belle faite aux rythmiques thrashies. Abraxas restant un groupe de death metal, on a toutefois toujours le droit à pas mal de blast-beats, clairement les passages les plus bandants de l'opus. Et quand ça lève le pied, ce sont les riffs mid-tempo groovy et headbangants qui prennent le relais.
Tout ça n'est pas si mal en fin de compte. Mais outre une baisse d'intensité embêtante,
Damnation souffre d'une trop grande répétitivité, et ce malgré des rythmiques changeantes. La faute en revient principalement aux riffs qui, malgré leur qualité indéniable, varient peu. D'autant plus dommage qu'Abraxas est une véritable usine à riffs comme peu de groupes en sont capables. Mais les conséquences ne tardent pas à se faire sentir: ça tourne vite en rond. Un défaut qu'évitait
Wretched Existence et ses quinze minutes de temps de jeu.
Damnation a lui la mauvaise idée d'en compter 50 réparties sur 13 morceaux, bien trop long pour le style surtout avec un tel manque de variété. On n'en aurait pas voulu aux Américains s'ils avaient écarté 4-5 pistes de la tracklist, par exemple "Through Blood We Return" et "Crowned Rebellion" qui font un début d'album plutôt quelconque, juste sauvé par l'intro instrumentale "Astaroth" au jeu de riff intéressant alimenté par quelques bonnes leads mélodiques sombres. L'enchaînement "Leviathan Of Blood And Fire", "Damnation Uncreation" et "Universal Collapse" n'était pas non plus indispensable. Un trio une nouvelle fois secouru par "Receptacle Of Sin", un interlude acoustique bien foutu même s'il sonne quelque peu déplacé. Dans un autre secteur, Abraxas aurait pu travailler davantage les mélodies dans ses solos, tous chaotiques et sans grand intérêt. Quant à Mike Hrubovcak, son chant growlé qu'il diversifie par quelques screams est loin d'être époustouflant. Correct mais générique, on ne peut pas dire qu'il tire les morceaux vers le haut.
Damnation n'est toutefois pas un mauvais album. Il comporte tout un tas de bons riffs (les plus véloces et virulents, les autres étant plus banals) et les séquences blastées, bien que moins nombreuses que sur les titres de
Wretched Existence, restent assez jouissives, bien aidées aussi par un son de batterie organique qui claque bien. Mais Abraxas a voulu ici mettre l'accent sur les sonorités thrash et le groove au détriment de la brutalité, à l'image d'une production claire et puissante mais pas assez épaisse pour du death metal. C'est bien de vouloir varier les plaisirs mais du coup, les passages intenses se font plus rares et l'opus se retrouve paradoxalement handicapé par une trop grande monotonie. Et sur 50 minutes, ça ne pardonne pas. On aurait ainsi préféré davantage de blast-beats et 20 minutes de moins pour une meilleure efficacité. Le résultat est donc sans appel: pas mal mais vite lassant. Moi déçu!
2 COMMENTAIRE(S)
31/10/2019 13:25
18/12/2011 10:37