Ginger Brain Man - Terreurs Nocturnes
Chronique
Ginger Brain Man Terreurs Nocturnes
Satan qu'il fut difficile de poser des mots sur cet album! Il y avait bien longtemps que je n'avais pas autant tergiversé avant d'écrire la moindre ligne sur une galette qui m'a pratiquement procuré une sensation différente à chaque écoute, passant de l'indifférence désabusée à l'intérêt non feint. Il faut dire que le style des caennais n'est pas spécialement facile d'accès. Brutal certes mais parfois très chaotique, le combo composé d'ex membres de Wargus, Birthdecline et Demosys ne fait pas dans le metal le plus accessible, avouons qu'avec un nom pareil on aurait pu s'en douter (« L'homme au cerveau de gingembre »??). Revendiquant sans surprise des influences aussi diverses que Converge, Botch, Napalm Death, Gojira, Satyricon, les Melvins ou Morgbl, le quatuor nous livre ici son premier effort enregistré fin 2010 par Julien Divert et Yohann Larquenin de Sickbag. Qu'en retenir au final? Des bonnes idées, d'autres moins, une certaine fraîcheur frisant parfois la maladresse mais un album qui s'en sort en définitive plutôt pas mal.
Bouffant donc un peu à tous les râteliers, la musique de Ginger Brain Man n'en est pas évidente à aborder et malgré la brutalité et la folie débridée qui peuvent rapidement séduire au premier abord j'avoue avoir d'abord été surtout contrarié par quelques éléments m'empêchant de rentrer pleinement dans ce « Terreurs Nocturnes » possédant pourtant au premier coup d'oeil pas mal d'attraits pour me séduire. En dehors de l'aspect chaotique frisant parfois le joyeux bordel (plus ou poins organisé), les onze titres proposés ici ont eu du mal à tous retenir mon attention avec la même intensité. Passée une entame d'album assez correcte (disons une première moitié), difficile de se raccrocher à quelque moment fort émergeant du chaos ambiant. Ayant dès lors les défauts de ses qualités, Ginger Brain Man s'expose en voulant mixer death, grindcore, relents stoner, accalmies plus mélodiques, à des cassures de rythmes susceptibles de mettre à mal l'attention de l'auditeur. Qui plus est le quatuor se laisse parfois aller à quelques passages moins bien sentis (cet arpège sur « Erase Una Vez », l'intro de « Nessie ») voire quelques approximations comme par exemple ce passage de 1'11 à 1'23 sur « Doppelganger » où le palm mute de guitare et la batterie finissent par se décaler l'un l'autre.
Mais finalement, le manque de temps pour chroniquer entraînant un nombre d'écoutes surnuméraires, « Terreurs Nocturnes » se dévoila un peu plus et même si l'album reste assez inégal dans son ensemble l'intérêt émergea de l'indifférence. Car malgré ces petits défauts force est de reconnaître que les caennais maîtrisent suffisamment leur sujet pour nous trimballer pendant quarante deux minutes de déferlante grindcore en sauvagerie death metal le tout saupoudré de miettes stoner (« The Dead Child's Toys » à 2'36) avec une énergie qui transpire la sincérité. Si les premières écoutes m'avaient laissé croire le contraire, le joyeux bordel métallique exposé ici se révèle au final plus discipliné qu'il n'y paraît et hormis les passages en arpèges ou plus mélodiques assez dispensables le travail de Johann aux grattes est plutôt intéressant et les titres en définitive bien charpentés. J'ai souvent pensé au Zubrowska époque « One On Six » dont la folie rageuse aurait croisé en chemin les accès death/stoner d'un Nolentia (et quand on sait l'admiration que je porte notamment aux premiers cités ce n'est pas un faux compliment). L'album autoproduit est de surcroît doté d'un son naturel très agréable et suffisamment puissant pour permettre aux compos de laisser exploser toute l'énergie dont elles débordent. Mention spéciale à cette basse qui vient souvent gronder aux côtés des guitares avec réussite. Mais « Terreurs Noctrunes » séduit également par ses vocaux très variés épousant les influences diverses du groupe: purs growls death, hurlements et éructations grind, voix plus posée d'influence stoner... Guillaume, épaulé du bassiste Etienne et de Kevin Gillet (Pain Society), nous offre une démonstration de ses capacités vocales qui participent grandement de l'iintérêt que l'album a fini par éveiller chez moi.
Malgré un mauvais départ, « Terreurs Nocturnes » termine donc avec une mention assez bien. Pas mal de choses sont perfectibles chez ce jeune groupe mais beaucoup de bonnes choses émergent finalement de ce premier effort et la marge de progression des caennais reste dès lors importante car je ne doute aucunement de leur potentiel. En recentrant un peu leur sujet (l'album pourrait soutenir une coupe franche d'un ou deux morceaux) la suite pourrait bien s'avérer très alléchante et Ginger Brain Man rejoindre les jeunes pousses prometteuses du metal hexagonal.
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