Six Feet Under - Undead
Chronique
Six Feet Under Undead
J'ai longtemps défendu Six Feet Under face à ses nombreux détracteurs. Je n'ai pas honte de le dire, j'aimais beaucoup le groupe à une époque. Des albums comme Haunted, Maximum Violence, True Carnage et Bringer of Blood ont bercé mes premiers pas de death metalleux. Et j'ai toujours considéré Chris Barnes comme l'un des meilleurs chanteurs de death metal. Son growl caverneux et ses shrieks de psychopathe me rendaient fou! Mais après le pourtant sympathique Bringer of Blood, j'ai peu à peu perdu de l'intérêt pour le groupe à mesure que je me dirigeais vers un death bien plus sombre et brutal et que les Floridiens s'installaient dans une routine moribonde. L'année dernière toutefois, cette routine prenait fin avec les premiers bouleversements de line-up depuis 1998: le départ de deux des fossoyeurs originaux, le bassiste Terry Butler et le batteur Greg Gall, remplacés respectivement par Matt DeVries (ex-Chimaira) et Kevin Talley qu'on ne présente plus. Choix surprenants mais intrigants! D'autant que la bande recrute également un deuxième guitariste en la personne de Rob Arnold (ex-Chimaira). C'est l'invasion d'anciens membres de Chimaira chez Six Feet Under! Matt DeVries quittera toutefois vite le groupe, remplacé pour l'enregistrement d'Undead par Arnold, depuis lui-même suppléé à la basse par Jeff Hughell... (Reciprocal, ex-Brain Drill)! Arnold finira par lâcher récemment son poste de guitariste au profit du méconnu Ola Englund (Facing Death, Feared). C'est compliqué hein? Oui mais enfin il se passe des choses chez SFU! Et le premier extrait de ce nouvel album mis en ligne sur la Toile, "Formaldehyde", promet même du lourd! Idem pour la jolie pochette, ce dont ne nous avait pas habitué la formation. Ces évènements m'ont ainsi poussé à retenter l'aventure avec le combo de Tampa. Me voilà donc en train de rédiger une chronique de Six Feet Under, ce que je n'aurais jamais imaginé il y a quelques mois!
Malheureusement, l'excitation est vite retombée malgré quelques bons points. SFU montre enfin des signes d'évolution, ce qui n'est pas un mal. Undead doit ainsi être l'album le plus rapide du groupe depuis bien longtemps. On retrouve même des blasts sur plusieurs morceaux ("Frozen At The Moment Of Death", "18 Days", "The Scar"), donnant un vrai coup de boost à la musique des Américains plus connue pour son groove pépère. Merci Talley! On note également avec plaisir des riffs plus travaillés et sombres qu'à l'accoutumée, sans abandonner le groove. Six Feet Under se prend ainsi pour Morbid Angel à plusieurs occasions ("Frozen At The Moment Of Death", "Formaldehyde"). Merci Arnold qui apporte du sang neuf à côté d'un Steve Swanson en pilotage automatique depuis des années. Autre motif de satisfaction, la production, qui, même si elle peut paraître trop claire et propre pour du death, rend justice à tous les instruments.
Mais ça, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. Car au-delà des deux premiers et très bons titres "Frozen At The Moment Of Death" et "Formaldehyde" (on peut pousser jusqu'aux corrects "18 Days" et "Molest Dead"), SFU retombe dans ses travers en enchaînant les morceaux mous du gland et sans intérêt. Tout avait si bien commencé pourtant! Mais la suite s'apparente à une longue traversée du désert de laquelle on ne sauvera du désespoir que "The Scar" pour quelques séquences efficaces et un regain de vitesse, et la dernière piste "The Depths Of Depravity" et son riff lent et mélodique qui fait figure d'éclair de génie parmi tous les déchets qu'on a dû se taper avant, à défaut d'avoir autant d'allant que les albums de Dying Fetus et Prostitute Disfigurement faisant eux aussi référence à la dépravation. Et si certains riffs par-ci par-là nous sortent de notre torpeur, c'est pour mieux pointer du doigt la faiblesse de la plupart des autres. Certains ne sonnent même pas comme du death metal, plutôt comme Lamb Of God ou Chimaira qui s'essaieraient au style (le début de "Molest Dead" entre autres). C'était à prévoir avec Rob Arnold après tout, surtout que Chimaira, en pleine liquéfaction, n'a rien sorti de marquant depuis 2007.
Pire, et c'est ce qui m'a le plus déçu, Chris Barnes a beaucoup perdu de sa splendeur d'antant. Lui qui faisait partie des growlers les plus impressionnants du circuit, passe ici pour un chanteur de death metal lambda. Certes le dreadlocké cannabinophile a encore de beaux restes et certaines de ses éructations les plus graves font encore de l'effet mais dans l'ensemble, l'ex-Cannibal Corpse est à la peine. Il a même quasiment abandonné ses célèbres skrieks. How the mighty have fallen!
Prometteur au début, Undead ne fait finalement illusion que deux titres avant de s'enfoncer dans les méandres de la médiocrité. La contribution de Rob Arnold et Kevin Talley est palpable et les deux compères apportent clairement du sang neuf à un Six Feet Under qui en avait bien besoin. Plus de vitesse, plus d'atmosphère, SFU prend même des airs de Morbid Angel le temps de quelques riffs porteurs de promesses. Promesses qui ne seront pas tenues puisque les efforts des nouveaux venus restent insuffisants pour tenir la baraque et faire d'Undead un album intéressant sur la durée. Gageons toutefois que sans eux, le résultat aurait été encore plus affligeant.
| Keyser 5 Juin 2012 - 2856 lectures |
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